LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue n°129


Éditorial

« Il y a d’abord les dieux chantés par les poètes, Homère et les autres, ou encore par les auteurs des grandes tragédies grecques. Ensuite, il y a les dieux officiels, si j’ose dire, ceux qu’on célèbre à date fixe dans les cérémonies du culte public, car ils sont les protecteurs attitrés de la cité ou de l’État. Enfin, il y a les dieux dont discutent les philosophes et les savants à propos du monde et de ses lois, de l’homme et de ses devoirs, en somme les dieux comme entités philosophiques. »
Lucien Jerphagnon
"Les dieux ne sont jamais loin"

Pour son numéro 129, TK-21 LaRevue s’aventure sur des chemins qui conduisent vers des zones d’activités dans lesquelles le travail de la fiction et de la pensée intensifie et transforme les idées et les images dont nous dépendons pour vivre.

Pourquoi la dimensions morale serait-elle exclue de l’art, en en faisant ainsi un vain jeu esthétique, vide de contenu ? C’est en partant de cette question que le regretté écrivain et poète Patrice Llaona analyse le travail d’Alain Brendel. Il prolonge son analyse d’un ensemble de vingt textes en prose poétique qui propulsent vingt photographies au-delà de la zone grise où le faux semblant souvent s’épuise.

HISTOIRE(S)

Grâce à Anne Alombert et Michal Krzykawski, TK-21 LaRevue poursuit la publication d’un séminaire (Séance 1) consacré à l’ouvrage collectif dirigé par Bernard Stiegler et intitulé Bifurquer, dans lequel il se propose de penser l’Anthropocène comme une Entropocène, c’est-à-dire, comme une augmentation massive des taux d’entropie aux niveaux thermodynamique, biologique et psycho-social.

À l’occasion du cinquième séminaire « Faire des dieux », Jean-Louis Poitevin explore en détail l’ultime œuvre d’Euripide, Les bacchantes, dans laquelle il voit poindre les forme de l’espace psychique qui est encore le nôtre.

Pedro Alzuru nous propose de poursuivre son investigation du Jazz Latino. Dans ce deuxième épisode de notre programme, de cet espace pour l’écoute, la danse et le plaisir, nous allons écouter dix pièces et prendre la mesure de la grande diversité d’origines et de tendances qui font l’originalité de cette musique.

Dans une prose libre et intense, Pablo Lemonnier fait résonner l’ironie de l’histoire actuelle jusque dans nos consciences fatiguées en mettant en scène avec justesse le jeu pervers dans lequel, tous, nous sommes pris. Ce jeu fait de l’un l’otage ennemi de l’autre, et réciproquement, jusqu’à l’indistinction, ici, entre l’ours et le scorpion ou entre les cochons et les hommes, comme nous l’a appris, il y a maintenant longtemps, le cher George Orwell avec sa Ferme des animaux.

CHEMINS FICTIONNELS...

Aldo Caredda est au Musée des arts décoratifs où il croise une quasi-sainte en extase qu’enveloppe un court texte de Jean-Louis Poitevin.

Patrick de Keyser donne une version vidéo « hard » non pas du « qu’en dira-t-on ? » mais du quand dire c’est faire. Un court texte de Jean-Louis Poitevin accompagne ses images.

« Les subtiles métaphores de Hassan Khan tendent un miroir mordant à l’anxiété globalisée de notre temps. » Dans son texte Pablo Lemonnier rend parfaitement compte de ce qui fait la singularité du travail d’Hassan Khan, artiste qui vit et travaille entre Le Caire et Berlin, et qui expose actuellement au Centre Pompidou.

La mise en présence des œuvres de Cat Loray et Clément Borderie nous confronte à une évidence, l’évidence d’un quelque chose d’essentiel qui les traverse en une sorte d’affinité quasi-asymptotique. Voilà ce que démontre avec brio le texte que consacre aux deux artistes Ghislaine Rios à l’occasion de leur exposition à Fondation d’entreprise Francès à Senlis.

L’exposition de Mégane Brauer aux Magasins Généraux, présentée par Virginie Rochetti montre comment l’art peut tenter de réformer la loi.

CHEMINS DE PENSÉE...

Pour célébrer la parution du livre signé Eugène Leroy, Toucher la peinture comme la peinture vous touche. Écrits et entretiens 1970-1998, Jean-Paul Gavard-Perret nous montre comment « par sa peinture, Eugène Leroy reste sur les traces de l’être. Plus loin même. A savoir en son mystère, par la matière sensation, la matière émotion. »

Hannibal Volkoff, commissaire de l’exposition collective Les Héritiers, à la galerie Hors-Champs, interroge ce qu’est une approche fictionnelle, qui n’est pas narrative dans le sens où l’image, figée, se refuse à s’exposer dans une temporalité linéaire, mais qui est plutôt une fiction faite d’associations, au sein même de l’image et dans son appel à se lier aux autres images. Avec des œuvres de Damien Bockenmeyer, Marie Boralevi, Gwen, Hervé Ic et Emma Louise Prin.

« Au gré de mes déambulations, j’observe, intuitivement attirée par les choses et les gens qui me fascinent. J’endosse le rôle d’une flâneuse, et je réalise un inventaire particulier de personnages et de scènes de vie. » Élodie Régnier tente ainsi par la photographie de forger « un récit qui se projette dans un continuum insaisissable et mystérieux ».

« Elle ouvrit les yeux, ces lacs sans fond ; elle rassembla ses sourcils, ces forêts rêveuses, et se levant de la couche où elle dormit dix ans, elle se mit sur ses jambes, ces colonnes de marbre. » Avec Les chaudes chambres, comme souvent dans les courtes proses de Joël Roussiez on assiste à la naissance d’un monde.

 


Photo de couverture : Elodie Régnier - Les Attaques. Hauts de France

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