dimanche 3 avril 2022

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Et la caravane passe

« Mi-ours, mi-scorpion et re mi-ours derrière. »

, El Pablo

Oui, c’est bon, c’est ça qu’on aime !

Le sang, les armes, les tanks, les fusils-mitrailleurs, les avions supersoniques, les explosions ! BOOM, BOOM, BOOM ! Et beh alors ? Faut rigoler ! Comme disait Eli Kakou : « C’est un spectacle comique, on rigole ! » Mille sept cents ans auparavant, la propagande était celle des pièces d’or sur laquelle figurait la tête d’Alexandre, il y en a 500, c’était l’imprimerie et les pamphlets protestants de Martin Luther. Un demi-siècle en arrière on assistait au match évènement Cocos VS Nazis, puis Cocos VS Yankees, puis Cocos VS Cocos. Aujourd’hui, tout est plus compliqué, et toujours pareil aussi, à peu de choses près. Aujourd’hui, existent les réseaux sociaux, les images subliminales des films américains qui ont fini par rentrer complètement dans le crâne, style Orange Mécanique. Ces longs-métrages qui ne peuvent exister sans un lance-grenade, sans un élan de patriotisme dégoulinant de clichés immondes. Et oui mes chers ! On est bel et bien dedans, des cadavres de soldats, non, de jeunes hommes complètement perdus, au cerveau astiqué, comme les vôtres, comme le mien. Bizarre, dérangeant n’est-ce pas ? En deux clics trois mouvements : Reddit, réseau social anonyme qui souvent n’a que faire des sources, du fact-checking, de qui fait quoi, de qui dit quoi. Pour être franc, moi non plus. Ce qu’on y voit sont des hommes et des femmes morts : pour preuve, j’ai visionné chaque vidéo de tank russe explosant une voiture d’innocents, de missile explosant sur une fillette à vélo tout autant que celles des blindés explosés au lance-roquette : métal coupable et chair corrompue des pauvres combattants en lambeaux. J’adore. En promenade dans la capitale, défilent entre Bastille et République de jeunes français, flambeaux de la philosophie des lumières, qui oublient les caractéristiques du nazisme, de la shoah, et emploient les termes à tout bout de champ pour caractériser un ours blessé et paranoïaque. Pas même dix jours que le conflit a commencé que l’on sent la mode passée, il devient déjà has-been dans notre société de l’immédiat. Poutine, décidément moins bon acteur que son homologue Ukrainien, aurait au moins pu attendre le cliffhanger de la première saison avant de brandir son deus-ex machina. Le scorpion occidental lui, qu’on ne sait pas si il est homme-ours-porc ou mi-ours mi-scorpion et re mi-ours derrière a déjà déversé son poison dans les cuves depuis des lustres, tant et si bien qu’il l’a dégusté lui-même. C’est dans cette eau finalement désinfectée, au bout de deux ans, qui s’évapore un peu plus chaque jour, que nous nous baignons et oublions la bienséance pourtant primordiale, dans ce théâtre de l’absurde où tout le monde aboie… et la caravane passe.