LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue n°125


Éditorial

« Assimiler, c’est ce que dit Nietzsche, d’ailleurs, c’est inventer. Je n’assimile que si je transforme. Sinon je n’assimile pas, j’individue au sens où je produis des nouvelles formes de vie et ce n’est pas du tout en le voulant, ce n’est pas du tout une décision que je prends, ça se produit comme ça. Et ça, c’est l’invention...
... J’admirais Deleuze parce qu’il ne parlait pas de la résistance, et tout à coup il se met à en parler. Pour moi, c’est une forme de nihilisme. C’était une soumission car si je résiste, c’est que je suis soumis. Il ne faut pas résister, il faut inventer. Qu’il faille résister, bien entendu, Georges Canghuilhem résistait dans le massif central avec des mitraillettes à la main, René Char résistait, mais ce n’était pas pour résister qu’ils résistaient. C’était pour inventer. C’était parce qu’ils voulaient créer une nouvelle société. »

Bernard Stiegler
(Bernard Stiegler, Medhi Belhaj Kacem, Philosophies singulières, conversation avec Michel Crevoisier, éditions diaphanes, 2021, p.155)

Avec un numéro 125 bien rempli, TK-21 LaRevue poursuit son exploration de certaines strates parmi les plus actives de la création et de la pensée contemporaine. Ancrée dans les pratiques, attentive aux remous sociétaux, la revue cherche à dégager des lignes de force susceptibles d’ouvrir sur des passages secrets capables de défaire le filet hallucinatoire mortifère dans lequel nous nous sommes laissés prendre.

   ENTRETIENS

Élément important dans l’histoire de la revue, les entretiens vidéos et autres captations de séminaires, conférences ou rencontres prennent une place toujours plus centrale. Il est vrai que les voix et les personnes qui s’y expriment sont des singularités telles que leur rencontre ne laisse jamais indifférent.

Dans LA DINITER, Un autre regard sur Les enfants exceptionnels, Stéphane Godard rencontre les images de Jean-Francis Fernandès pour parler du handicap. Mais tous les deux ne se connaissaient pas, ils ne s’étaient jamais rencontrés. Virginie Rochetti et Martial Verdier ont organisé cet atelier exceptionnel pour leur permettre de se rencontrer et de parler de leur travail.

Dans cette troisième et dernière partie de l’entretien que nous a accordé Stan Neumann, il revient en détail sur sa dernière grande œuvre Le temps des ouvriers, présenté sur ARTE le 28 avril 2020. Mais il nous dévoile surtout les véritables ressorts et les principes esthétiques et éthiques qui fondent ses créations.

Alexandre Yterce est un artiste total. Musicien, mais aussi peintre, photographe, dramaturge… Il est un émule de Dada, des surréalistes et des situationnistes. Dans la première partie de cet entretien avec Martial Verdier, il nous parle de ses passions, de ses œuvres et de ses projets.

   SÉMINAIRE

Pour la seconde séance de son nouveau séminaire intitulé Faire des dieux, Jean-Louis Poitevin a proposé un parcours réflexif conduisant, à partir de l’œuvre de Julian Jaynes, de Burroughs à Homère en passant par une lecture de la nouvelle de Henri James Le motif dans le tapis.

   ENJEUX CONTEMPORAINS

« Aucun mode de représentation ni aucune technologie nouvelle n’a jamais menacé la peinture, bien au contraire ont-ils activement contribué à enrichir son spectre iconographique, consolider ses points de vue critiques et élargir son aire de “spécificité technique” ». Camille Debrabant explique en quoi le devenir de la peinture nous permet de mieux appréhender notre monde. Elle organise aussi un ensemble d’expositions dans plusieurs lieux en France.

L’exposition Télescope intérieur d’Eduardo Kac, en novembre dernier à Plateforme Paris, s’articulait autour de ce que le spationaute Thomas Pesquet a accompli, selon un protocole établi par l’artiste, à bord de la Station spatiale internationale en 2017. Dominique Moulon nous explique comment art et haute technologie ont voyagé de concert au-delà des nuages.

Laetitia Bischoff nous fait revivre l’exposition de Paul Wallach à la Galerie Jeanne Bucher Jaeger et nous propose de la faire découvrir avec de la « sympoièse ».

Nous poursuivons la publication de L’esthétique à l’ère de la globalisation (II/III) de Pedro Alzuru. Il nous montre comment et pourquoi l’esthétique cognitive est devenue une tendance de l’esthétique contemporaine, et cela dès Emmanuel Kant.

Poursuivant son hommage au grand poète Werner Lambersy, Jean-Louis Poitevin explore dans ce second volet les modalités de son écriture.

   PICTURALITÉS

Du souvenir au « ressouvenir », il n’y a qu’une plongée dans les profondeurs de l’âme que l’artiste, sans en avoir toujours la claire conscience, laisse ressurgir à la surface de ses toiles. Hélène Milakis nous entraîne dans ses œuvres à exercer notre capacité à nous ressouvenir. Nous sommes aidés en cela par la plume de Marie Deparis-yafil.

Jean-Claude Le Gouic nous livre une analyse fine et détaillée de l’exposition Cerisier en fleurs de Damien Hirst à la Fondation Cartier à Paris.

   IMAGES, HISTOIRE ET MONDES IMAGINAIRES

La dernière série d’œuvres de Sara Cancellieri, qui se développe par la répétition obsessionnelle d’un geste pictural, permet à Francesco Creta dans son texte (accompagné de sa version en italien) de montrer « comment une empreinte qui apparemment ne mène à rien peut se transformer en histoire du monde ».

Charlotte 4B explore nos réalités parallèles à travers des images ayant pour sujet la fenêtre.

Depuis le 5 novembre les FrenchMasks.SGDG de Guillaume Dimanche sont montrés dans l’exposition du Mois de la Photo de Grenoble, in situ, hors les murs et dans l’Ancien Musée de Peinture.

ON-OFF studio présente le livre Magie Verte, L’autre Forêt Monumentale dans lequel des images de Christian Foutrel et Thierry Delacourt rendent sensibles toutes ces autres manières qui nous entourent d’être vivant, souvent dans l’indifférence, comme le dit Maria Cosatto.

Damien Valero et Pascal Toussaint ont échangé des images fixes de visages pour le premier ou des images animées pour le second pour parvenir à cette commotion de l’image révélant la trame de l’inquiétante étrangeté. Ils présentent leur travail commun au cours de quelques soirées de décembre (voir fin de l’article).

Jean Bescos a, pour TK-21 LaRevue, repensé à cette idée d’envoyer des images du défilé du 14 juillet. Finalement, il s’est aperçu qu’elles répondaient avec humour à la citation de Léo Ferré sur l’ordre et le désordre.

Dans le cadre de notre collaboration avec Corridor Eléphant, William Guilmain nous entraîne dans une méditation photographique autour de la tragique histoire d’Orphée et d’Eurydice.

Paolo Carrozzino s’est promené, nostalgie au cœur et appareil photo en main, à Bir Bou Regba une commune près de Hammamet dont le paysage de pistes était traditionnellement bordé par des clôtures en figuiers de Barbarie. Et, ici comme ailleurs tout se dégrade.

Aldo Caredda poursuit la déposition rituelle de ses empreintes. Il nous a, cette fois, donné rendez-vous à Versailles.

 


Photo de couverture : Jean Bescos, FetNat

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