Tunisie - Les barrières du regard

Derrière ces clôtures, des vergers et des oliveraies qu’on ne peut pas voir.
Pour le promeneur, les limites des propriétés sont toujours marquées par une paroi. Qu’elle soit végétale ou minérale, il n’y a pas d’échappée visuelle.
J’ai vu ce paysage se modifier, les parcelles deviennent constructibles, des murs remplacent les cactus.

L’érosion, la patine du temps font que ces pistes se dégradent, et cette évolution n’est pas sans lien avec la situation du pays.

Cette dégradation m’attriste profondément, mais lors de mes promenades, j’essaye de dépasser ce sentiment.

Je prends le temps de l’immersion.

En marchant, je fais l’expérience d’une double curiosité : d’une part, la plastique de ces objets qui se présentent et d’autre part, la nature de ce qui se trouve de l’autre côté des murs, ce que je ne vois pas.

Il y a des indices parfois, mais aucune certitude...

Je parcours ces pistes et je prends le temps de laisser les images venir à moi. Le temps nécessaire pour qu’apparaissent des formes, des matières, des objets qui m’émerveillent.

“I can get obsessed by anything if I look at it long enough. That’s the curse of being a photographer.” -Irving Penn-