LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue n°128


Éditorial

L’habitude, qui a eu la force en quelques pays, d’accoutumer les hommes au feu, nous a endurcis à des choses que nos pères ont appréhendées plus que le feu même. Nous ne sentons plus la servitude qu’ils ont détestée.
Cardinal de Retz

Lieu de réflexion sur les images aujourd’hui, leur sens, leur fonction, les mutations des pratiques, TK-21 LaRevue poursuit sa mue en déployant ses antennes vers des zones nouvelles, tant philosophiques et artistiques que pour la première fois, musicales.

C’est ainsi qu’il faut comprendre l’ouverture à la pensée de Bernard Stiegler. Ses idées et ses positions sur la société comme sur l’art, sur la musique, sur les images comme sur notre psyché, nous conduisent et nous poussent à ne pas céder et à agir avec la puissance de la pensée face à ces forces qui bouleversent le monde dans lequel nous vivons. Il nous invite à penser l’entropie à partir de l’anthropie, et ces dernières en fonction des exigences que la pensée fait se lever en nous en vue de penser et agir la « néguanthropie ».

AUTOUR DE LA PENSÉE DE BERNARD STIEGLER ET DE SES ENJEUX

C’est dans cette volonté d’intervenir dans le champ de la pensée que nous mettons en ligne la première séance d’un séminaire qui a été consacré au livre collectif initié par Bernard Stiegler et intitulé Bifurquer. Anne Alombert et Michal Krzykawski, qui en sont les maîtres d’œuvres, accompagnent ces séances de présentations, nous incitant à prolonger par nous-même la réflexion et à la partager.
Cette séance introductive du séminaire Bifurquer a pour fonction d’expliciter les concepts de travail et de richesse dans la pensée de Bernard Stiegler.

NOUVEAUX HORIZONS : LE LATIN JAZZ EN PODCAST DANS TK-21

TK-21 LaRevue s’ouvre à cet autre champ culturel, le Jazz Latino, dont Pedro Alzuru connaît l’histoire sur le bout des doigts. Philosophe dont nous avons publié plusieurs ouvrages ces dernières années, il revient ici avec un projet absolument différent. « Aujourd’hui les hispaniques, les latinos, les sud-américains, les caribéens sont en diaspora de par le monde, également en Europe, en France, à Paris ». Ce podcast se propose, chaque mois, de partager avec eux et avec tous ceux qui les aiment, la bande-son de leur vie passée et présente, et qui prend la forme d’une véritable saga traversant la modernité.

LITTÉRATURE AUJOURD’HUI

Guillaume Basquin « pose ici le problème de l’écriture et du langage en tant que séparation, distance et interruption du monde tel qu’il est donné à lire. Dans leur pivotement ses fragments ont encore à exprimer du nouveau, du plus proche, et du jamais accompli. » Jean-Paul Gavard-Perret nous fait découvrir L’histoire splendide, un livre puissant et décapant écrit par celui qui, aussi, dirige les éditions Tinbad.

Romane Charbonnel, présente et analyse avec pertinence le nouveau livre d’Éric Rondepierre, La Maison Cruelle. Il y évoque la prison de la Roquette, une prison pour enfants (1840-1976) dont « l’extrême singularité n’a d’égale que sa disparition dans la conscience contemporaine ». Éric Rondepierre nous propose un travail d’anamnèse nécessaire entre histoire des idées, histoire personnelle et fiction.

Joël Roussiez poursuit son exploration des zones qui voient les tensions psychiques et physiques comme se déchiffrer mutuellement par la grâce de l’écriture. « La tension qui excite les nerfs dépasse l’amour de Jabali pour Binafshé, et cette dernière n’est pas moins tendue ; lui vers elle, elle vers lui, et cette tension leur nuit. »

VIDÉOGRAPHIES

Avec Les trous de réalité, Patrick Dekeyser nous offre quelques minutes d’une plongée dans des zones peu explorées de notre psychisme. Jean-Louis Poitevin accompagne ces images d’une brève méditation sur le tic-tac multi-directionnel qui hante nos vies.

Aldo Caredda est au Musée de la chasse et de la nature pour une nouvelle déposition d’empreinte. Attention, ça risque de tirer dans tous les coins comme le remarque Jean-Louis Poitevin dans le court texte qui accompagne ces images.

« Que faire de l’image d’un fin couteau de cuisine à barbe tailladant lentement avec une régularité mécanique cet œil en fine lamelle, provoquant sous le coup de l’exécution, l’ouverture obscène de ses filaments visqueux. ? » Marie Barbuscia présente et analyse l’œuvre d’Estefanía Peñafiel Loaiza, « De l’incertitude qui vient des rêves », et nous entraîne sur des chemins qui de Bataille à Lacan, sont ceux où errent nos psychés désarçonnées.

ART NUMÉRIQUE, PEINTURE : DES EXPOSITIONS ICI, AILLEURS

Dominique Moulon nous livre un texte essentiel pour comprendre un mécanisme, celui de la décision, vu par des artistes travaillant à partir, ou avec, des technologies avancées. Les œuvres sont présentées au centre culturel canadien jusqu’au 15 avril.

Pour son deuxième article, Suzanne Anger a choisi de rendre compte de la remarquable exposition de Christophe Robe, Aquarium et Astéroïde, toujours en cours à la galerie Jean Fournier. Elle note en particulier combien « chaque tableau raconte sa propre histoire et laisse ainsi le processus de création visible, tout en rendant compte des questionnements de l’artiste et des étapes par lesquelles il est passé pour en arriver à ce que nous voyons. »

La galerie Shart de Casablanca présente sa seconde exposition de groupe marquant ainsi sa spécificité sur la scène marocaine. Les artistes choisis sont pour certains déjà connus de TK-21 LaRevue. Une occasion de les retrouver et d’en découvrir de nouveaux au gré d’un entretien avec le galeriste Hassan Sefrioui.

DÉCLINAISONS PHOTOGRAPHIQUES

Gaëtan Viaris, photographe, nous offre un court texte que Daniel Arasse avait écrit sur son travail, dans lequel il dit : « Votre pratique photographique m’intéresse particulièrement par le type de transformations que vous faites subir aux œuvres de peinture que vous prenez pour objet et relais de votre création ».

Les photographies d’Olga Caldas racontent le passage des saisons, le renouveau, l’attente vers la contemplation de nouvelles floraisons et Pauline Lisowski décrypte pour nous ce travail énigmatique.

La promotion du master 2 Métiers et Arts de l’Exposition de l’université Rennes 2 a le plaisir de vous présenter l’exposition « Le mouton est dans le salon » de l’artiste Bertille Bakdéjà présente dans le n°94 de TK-21 LaRevue — qui explore les ressorts narratifs de la fable et conçoit son travail comme un recours à l’artifice révélant, non sans espièglerie, la réalité tragique de l’exploitation capitaliste.

Le Chidakasha est l’espace obscur, quand on ferme les yeux, où il est possible de voir des choses, malgré tout. 
Un film recomposé. Un défilé. Retours de flashs. Le chemin d’une petite fille qui cherche à grandir, libre, en traversant les âges et des lieux de vie. C’est aussi un ensemble d’images, celles de Catherine Gaulmier, que nous présentons dans le cadre de notre collaboration avec Corridor Elephant.

Pour son exposition à l’espace Icare à Issy-les-Moulineaux, du 7 mars au 2 avril, Martial Verdier a choisi de présenter son travail sur Port de Bouc. Une promenade dans le temps et l’espace est le guide de ce travail. Le passé industriel laisse une forte marque dans la ville, une sorte de retour du refoulé, souvent, mais la ville vit, elle avance, se recrée.

 


Photo de couverture : La Caravelle, Martial Verdier

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