LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue n°115


Éditorial

« Si quelqu’un accepte, dans un esprit réaliste, une transformation qui n’est que régression et dégradation, cela veut dire qu’il n’aime pas ceux qui subissent cette régression et dégradation, c’est-à-dire les hommes en chair et en os qui l’entourent. Si au contraire quelqu’un proteste de toutes ses forces, même celles des sentiments, contre la régression et la dégradation, cela veut dire qu’il aime ces hommes-là. Un amour que j’ai le malheur d’éprouver, et que j’espère pouvoir te communiquer. »

Pier Paolo Pasolini, Lettres luthériennes

Avec ce Numéro 115, TK-21 LaRevue montre sa vitalité et sa capacité à faire face à l’adversité sociétale en offrant à des artistes, des écrivains, des critiques la possibilité de nous emporter « loin des miasmes putrides ». Avec le sérieux absolu et le sourire de l’enfant qui joue que porte avec soi tout geste créateur, nous vous faisons, une nouvelle fois, découvrir des territoires créatifs inconnus.

Littérature, réflexion, pensée

TK-21 LaRevue accueille Clare Mary Puyfoulhoux avec la première partie d’un texte d’une rare puissance sur les derniers instants de Pier Paolo Pasolini intitulé Ostie.

Jean-Paul Gavard-Perret, critique inlassable et lucide a écrit Le Gnomon insaisissable, une critique éclairante du dernier roman de Jean-Louis Poitevin, Jonas ou l’extinction de l’attente, paru récemment aux éditions Tinbad.

Joël Roussiez nous propose des textes d’analyses d’œuvres littéraires classiques. Pour ce numéro il parle du grand roman Der Nachsommer de l’auteur autrichien Adalbert Stifter.

Alain Coelho nous livre l’ultime chapitre de son roman Images d’aurore, publié intégralement par TK-21 LaRevue. Et déjà le navire l’emporte loin de Tunis et de l’enfance.

Guillaume Basquin poursuit son décryptage du piège idéologique et politique dans lequel nous sommes à la fois prisonniers et emportés en analysant deux courts ouvrages sur le sujet de la syndémie qui nous touche, l’un de Philippe Forest et l’autre de Barbara Stiegler.

Images et imaginaires

Bert Danckaert photographe et John Van Oers sculpteur exposent en ce moment à la Galerie Rossicontemporary de Bruxelles. Ces deux œuvres sont des méditations construites sur la question du sens et de la fonction de la beauté aujourd’hui.

Soon Young Lee expose à la Galerie Kasah, à Paris, des images qui mettent scène le mirage qui est une illusion d’optique bien connue, mais qui, ici, comme phénomène scientifique de réfraction lumineuse prend une dimension singulière.

Yannick Vigouroux co-créateur du concept de photo povera a travaillé avec son Lomo LC-A en 2000. Pour Underground, il a déclenché au jugé, sans viser pour obtenir ces images fantomatiques, doucement intemporelles, de la vie dans le métro.

North by Northwest (where I live) est une série de Stéphane Goin que nous publions dans le cadre de notre partenariat avec Corridor Éléphant, série qui est née de l’idée de documenter son quotidien en s’appropriant ses différents points d’ancrages.

Nous publions un nouveau volet d’images de Jean-Francis Fernandès, Les enfants exceptionnels III dans lequel se déploient la puissance d’un regard et la justesse d’un engagement autour de cette question de société toujours actuelle relative aux enfants polyhandicapés.

Jean-Louis Poitevin poursuit avec cette Logiconochronie LIV sa réflexion sur les images aujourd’hui en examinant de très près cette fois la relation inévitablement tendue, conflictuelle, entre image et conscience, en ayant recours en particulier à la conception de la conscience telle que la développe Julian Jaynes dans son livre enfin réédité ce mois-ci par les éditions Fage, La naissance de la conscience dans l’effondrement de l’esprit bicaméral.

Pierre Giquel nous présente une œuvre vidéo de Stephane Tesson qui met en scène une théâtralité de l’intime où la fantaisie obsessionnelle rejoint des symboliques ancestrales.

Mondes rêvés, mondes inventés, monde « réel »...

Laëtitia Bischoff nous conduit à ce point où dessin et lichen s’octroient tous deux l’opportunité de quelques rebonds, au-dessus de la terre ou du papier et où ils font leurs les dévers de l’horizon à travers les dessins de Nicolas Aiello et les photographies de Susanna Lehtinen.

Dominique Moulon a véritablement pris la mesure de la situation qui s’installait lorsque nos villes se sont soudainement vidées. Avec ce texte Une année particulière il nous fait découvrir comment certains artistes et certains lieux d’art se sont emparés de cette situation critique pour produire des œuvres d’un genre inédit.

Grâce à la plume alerte de Laure Jamouillé, nous découvrons L’Extime, la première exposition personnelle de Bojan Šarčević présentée à la galerie Frank Elbaz. Il y expose des sculptures imposantes formées de blocs de marbre légèrement teintés de couleurs verte, rose et bleue.

Nous poursuivons notre exploration du travail de Pascale Weber et du Duo Hantu à travers la première partie d’un entretien entre l’artiste et Gabrielle Carron. On y prendra conscience de manière explicite de la fonction de la performance dans le champ de l’art contemporain aujourd’hui.

Pauline Lisowski est partie, pour nous, explorer Les jardins de la paix, un nouveau réseau de jardins situés à proximité des sites de mémoire de la guerre 14-18, auxquels des équipes constituées de paysagistes et d’architectes offrent une seconde vie rivée à notre époque.

Avec Femmes sauvages IV Martial Verdier et Sylvain Paris nous montrent comment, aux bord de la Semoy (rivière trans-ardennaise) de 2016 à 2017, ils ont travaillé dans le cadre de la résidence artistique Rrose Semoy à magnifier le corps des femmes par la puissance de la couleur.

Avec Melville, Delon and Co, Yannick Vallet nous fait découvrir le travail d’une année entière passée à explorer trois films de Jean-Pierre Melville et à chercher, collectionner et interpréter tous les indices recueillis sur les traces de Jef Costello, Corey ou Édouard Coleman, ces personnages interprétés par Alain Delon.

Avec Pink line, Purple Haze, Alain Wagner nous permet de découvrir le travail de John 69, de sa « loveTV » et le post FB de l’artiste Céline Paul, et nous voilà envahis par des fleurs indestructibles répandues par les « BR brigades roses » groupuscule de jardiniers activistes efficaces !

Avec Lost in the supermarket#12, Aldo Caredda poursuit sa quête aussi inlassable que vaine, et aussi secrète que dévoilée de ce que l’on pourrait appeler l’absence d’œuvre comme constituant le gouffre invisible et pourtant actif qui hante chaque création. Aux marges de chaque production et l’enveloppant de son halo translucide, hantise incomparable, il y a la question de sa visibilité et de sa réception, de sa monstration et de son enregistrement par les canaux officiels ou non dont c’est la fonction. Aujourd’hui, au MAM, en glissant l’une de ses empreintes sous le rebord d’une rambarde sise devant une immense baie vitrée du musée, il révèle que chaque geste artistique même le plus anodin active en nous un besoin de reconnaissance qu’un reflet dans l’infini d’une vitre suffit peut-être à rassasier.

 


Photo de couverture : Yannick Vallet - Appartement de Corey (reconstitution), 2017 - (d’après Jean-Pierre Melville)

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