samedi 30 janvier 2021

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L’œuvre comme l’indice

, Stéphane Tesson

Loin de toute expression péremptoire, ce qui sourdement se déplace ici relève d’une vision du monde, une théâtralité de l’intime.

L’artifice annonce l’existence d’une mutation des objets et des corps. Une grammaire de l’hybride. Des emblèmes plutôt que des ex-voto. Des excroissances où la fantaisie obsessionnelle rejoint des symboliques ancestrales. "Des objets très familiers" irrésistiblement attirés l’un vers l’autre qui se transforment en "Offrande". Des embaumements qui suscitent des mouvements aériens. Une multiplicité de combinaisons avec toujours cette impression somnambulique de frôler une catastrophe, où les désirs s’agitent sans bruit et sans heurt, réarticulant des figures ou des images enfouies, tragiques et drôles lorsqu’elles croissent ou prolifèrent, la lumière glissant imperceptiblement sur des prélèvements de peaux sensibles et interdites.

[...]

Stéphane Tesson se tient là, entre les ruses d’une fiction qu’il nous faut inventer et les anxieux signaux d’une vanité des mondes. L’ornement est trompeur, c’est ce que semble nous murmurer cette œuvre exigeante, précise et à la fois insaisissable, comme si les mirages qu’elle laissait entrevoir butaient hypnotiquement au cœur d’une réalité et d’un ordre à jamais déstabilisés. L’œuvre comme l’indice poignant d’un passage.

Pierre Giquel