LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue n°143


Éditorial

« La déception ne vient jamais des autres, elle n’est que le reflet de nos erreurs de jugement. »
Albert Einstein
« J’ai vu un vieux sage dans une taverne et lui ai dit : / "que m’apprends-tu de ceux qui sont partis   ?" / Il m’a répondu : "bois du vin, car beaucoup d’hommes pareils à nous / sont partis ; mais pas un n’est revenu. »
« Quand je serai mort, qu’on efface ma trace, / et pour que ma vie soit un exemple aux autres, / qu’on pétrisse mes cendres avec du vin / pour en faire un couvercle à la cruche. »
Omar Khayyam

Ce numéro 143 marque la fin d’une époque. En effet, Jean-Louis Poitevin qui aura donc officié comme rédacteur en chef pendant presque 12 ans, a écrit près de 500 articles et contribué au rayonnement de la revue tant en France qu’à l’international, nous quitte pour se consacrer à d’autres travaux.

Martial Verdier, déjà directeur de la publication, va désormais assumer la fonction de rédacteur en chef de transition, entouré d’une équipe élargie.

Ce numéro 143, par sa diversité, incarne l’ambition de cette revue, être un lieu de réflexion sur les images aujourd’hui, mais aussi sur la littérature, la philosophie, la musique… Il n’en reste pas moins que les arts visuels et plastiques constituent encore, comme ce numéro le montre, le cœur de cette revue pluraliste.

MÉDITATION

Avec la seconde partie de l’entretien que nous a accordé Frédéric Boyer, autour de sa nouvelle traduction des Évangiles, Jean-Louis Poitevin clôt la longue série d’entretiens avec des personnalités de tous les horizons qu’il a menés depuis des années avec la complicité d’Hervé Bernard qui en a assuré la réalisation.

DE L'ART, TOUJOURS DE L'ART, ENCORE DE L'ART

Avec Ekphrasis du tableau The feast, peint par Mihael Milunovic, Jean-Louis Poitevin offre un témoignage majeur de ce que peut être une méditation sur une œuvre d’art.

Cécile Ménardi, poétesse et plasticienne, nous donne à lire un extrait de son remarquable livre, Roman d’exposition, libre et visionnaire au sens le plus strict, qu’elle a réalisé à partir d’un flash, d’une révélation de type hallucinatoire provoqué en elle par une œuvre de Marcel Duchamp. Son cheminement montre que de tels instants peuvent ouvrir sur une œuvre importante et réussie.

S’il est difficile de résumer le périple d’un artiste qui a fréquenté ce qu’il y a de meilleur (et parfois de pire…) auprès des surréalistes, des situationnistes, des artistes de la Beat-generation ou de l’art brut comme des actionnistes, il n’est pas interdit, bien au contraire de lire son livre La troisième horloge, poésies et récits, 1943-1986, paru à L’Atelier contemporain et présenté par Jean-Paul Gavard-Perret. L’artiste et auteur de l’ouvrage n’est autre que Robert Lebel.

Jonathan Bougard nous ouvre les portes sur l’œuvre de Vaiere Mara, homme de Raiatea, un incontestable sculpteur polynésien moderne, un artiste dont les œuvres se trouvent être l’expression authentique d’un tempérament qui a su traduire des conceptions à la fois traditionnelles et mythiques du passé tahitien.

Dominique Moulon nous fait découvrir comme à l’accoutumée des territoires parmi les plus actuels de la création artistique, ceux qui s’inventent à partir du numérique. En effet, avec les arrivées successives des ordinateurs personnels et de l’Internet, les artistes se sont mis à déconstruire les systèmes de représentation, poursuivant ainsi ce que les peintres cubistes ou abstraits du début du siècle dernier avaient initié.

Avec Lost in the supermarket # 38, Aldo Caredda clôt son parcours à travers des lieux artistiques parisiens dans lesquels il se livre en pleine lumière et en toute discrétion à la déposition de l’empreinte, un rituel expiatoire censé redonner vie à des pratiques quasi moribondes, moment aussi vain que puissant et aussi puissant que non vu quoiqu’exposé dans ces vidéos qu’analyse une dernière fois Jean-Louis Poitevin.

Dans la lignée d’artistes telles que Claude Cahun, Cindy Sherman ou Gillian Wearing, Tamy Ben-Tor qui expose à la galerie Javault Eva Pritsky invente et interprète des personnages en lesquels elle se travestit pour dépeindre l’absurdité et les contradictions de notre temps, note Miki Carmi dans son texte.

Deux artistes nous font le plaisir et l’honneur de nous livrer des confessions très personnelles sur leur parcours comme sur leur manière d’envisager et de vivre leur art.

« Pourquoi m’être mis dans la tête cette idée curieuse de vouloir créer à partir d’un texte, avec un ordinateur et trois fois rien, l’une des premières images, ou très probablement la toute première image digitale ? » C’est la question que se pose et à laquelle va tenter de répondre l’auteur de cette image et de ce texte, Jean-Claude Marquette, un artiste numérique qui a connu les balbutiements de cet art nouveau et qui atteint à une reconnaissance tardive, mais méritée.

Nicole Sottiaux, elle, nous entraîne dans une confession passionnante sur sa relation à la psychanalyse et sur la manière dont la psyché, ce cœur battant de la création, joue à emmêler et démêler des fils qui finissent toujours par devenir œuvre, que ce soit une peinture ou une sculpture.

Dans une prose littéraire peuplée de Haïkus, Catherine Belkhodja nous offre une belle méditation sur la création, entre matière et architecture, dans un Louxor de rêve.

LITTÉRATURES ET IDÉES

Christian Ruby nous livre une analyse passionnée autour d’une double question d’une actualité sensible qui concerne, d’une part, la fragilisation et la décrédibilisation des grands récits de soi propres à l’histoire de l’Occident et, d’autre part, la conquête de leur reconnaissance progressive par les vaincus de cette même histoire. Oui, que peut donc avoir comme effet, le fait de « se savoir regardé comme autre » ?

Martial Verdier présente « Transidentités, Une histoire volée », d’Axel Léotard. Un livre qui retrace l’histoire de la représentation et de la perception du genre trans, ainsi que des luttes pour le faire exister. Cet ouvrage montre comment un ordre moral décide de la vie de gens qui ne le reconnaissent pas, au nom de valeurs pseudo-philosophiques.

Nous terminons la publication du roman de Pierre Faucomprez, avec la troisième partie de La tangente de Baumann un roman singulier qui, entre mille autres choses, énonce que : « Traverser ton pays par amour n’a rien d’extravagant, si tu ne fais pas ce genre de choses la vie ne vaut pas d’être vécue ». Avec les mots d’aujourd’hui viennent nous percuter des questions qui nous taraudent.

Avec Neom, the Line. Uthopia nous avançons à revers de l’histoire, dans un futur ancestral, où la ville de Neom était un exemple de ce que l’humanité pouvait accomplir grâce à la technologie. Mais la situation étant devenue si critique, les habitants de Neom ont décidé de prendre les choses en main en développant un programme climatique nommé UTOP.IA.

IMAGES

Camille Gajate et BZH PHOTO, festival annuel en plein-air à Loguivy-de-la-Mer, présente à la Galerie Esther Woerdehoff, sa première rétrospective à Paris avec les œuvres de Kodo Chijiiwa, Mårten Lange, Fernanda Tafner et Iveta Gabalina, dans une rencontre avec Martial Verdier.

Greg Calvache, du collectif Microprismes, nous fait découvrir le « correfoc », un spectacle pyrotechnique où un groupe de personnes, souvent déguisées en diables, parcourt les rues en dansant et sautant en brandissant feux de Bengale, pétards et autres artifices détonants.

Avec Instant, spleen & idéal, Philippe Galanopoulos, que nous présentons dans le cadre de notre partenariat avec Corridor Elephant, nous fait découvrir certaines images de son travail, toutes portées par une poétique du silence et de la sensualité.

MUSIQUES

« Le jazz latino mélange le jazz avec d’autres rythmes issus des Caraïbes et de l’Amérique latine, du côté de la Caraïbe, mais aussi ceux du grand territoire lusophone, le Brésil, c’est-à-dire la samba, la bossanova et d’autres rythmes de la richissime tradition musicale brésilienne et son inépuisable créativité. » C’est de cette présence forte du Brésil dans le Jazz Latino dont nous parle Pedro Alzuru aujourd’hui.

Christian Kader Keita nous raconte l’histoire de la Rumba ou « nkumba  » (nombril en kikongo) congolaise, union et frottement des nombrils, une danse, aujourd’hui inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui marquait les célébrations pour les populations du Royaume du Kongo.

 

Photo de couverture : Greg Calvache

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