lundi 30 novembre 2020

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Mélodie pour un jardin clos

, Jean-Pierre Brazs

Un jardin clos est séparé du monde extérieur par un mur d’enceinte et deux bâtiments accueillant ateliers d’artistes et bibliothèques. Que faire, que penser, en ce lieu dans lequel résonnent les voix du passé, du présent et du futur, de l’ici et des ailleurs, de soi et des autres ? Que faire des bruits du monde ? Un jardin clos que trois personnages habitent : un chat qui apporte du dehors de bonnes et de mauvaises nouvelles ainsi que deux guetteurs, penseurs aussi, garants de quoi ?

SÉQUENCE 1 EXTÉRIEUR JOUR

Lumière du petit matin.

1. Une rue bruyante.
 On doit sentir une fraîcheur provisoire, présage d’une chaude journée d’été.

2. Vue sur une façade qui a conservé la mémoire d’un usage ancien : on lit, peint à la chaux en grandes lettres : QUINCAILLERIE.

3. Plongée sur le sol, puis panoramique vers un portail en bois rouge qui s’ouvre lentement sur une petite cour.

4. La caméra se relève sur les façades de deux bâtiments bordant la cour.
Bruits atténués de la rue.

5. Le panoramique se fixe sur un passage dérobé ouvrant sur un jardin clos.

6. Plan d’ensemble révélant le jardin. L’enclos du jardin est constitué par deux bâtiments (l’un est situé au sud, l’autre à l’ouest) et par un haut mur d’enceinte au nord et à l’est. Tout est calme.

Vent léger. Bruissement des arbres.

7. Promenade panoramique dans le jardin, insistant sur des détails de végétaux ou de murets de pierres calcaires.

Bruits de pas, puis voix off lointaines et incertaines, masculines et féminines.

SÉQUENCE 2
 EXTÉRIEUR JOUR


Passage progressif à une lumière de fin de journée.

Voix off : quelques bribes de conversations parfois compréhensibles.

1. Une glycine s’est accouplée à un arbre de Judée. De lourdes lianes pendent vers le sol en épaisses guirlandes.

2. Un arbre abattu, livré depuis longtemps aux animaux décomposeurs, s’éparpille en terreau dès qu’on veut saisir l’une de ses branches.

3. Le ventre brisé d’une jarre en terre cuite est habillé de grandes mailles en fil de fer qui retiennent un effondrement.

4. Une partie du jardin est encore en friche. En s’y aventurant on découvre dans le mur d’enceinte un petit autel contenant une statuette (vouée à une mystérieuse et ancienne dévotion).

5. Dans le haut du jardin, un dallage de pierres plates conduit à de petits cercles de pierres ceinturant de modestes plantations.

6. Deux murets circulaires de pierres sèches rehaussent le sol en petites terrasses plantées. Ils construisent de petites scènes (encourageant à les peupler d’événements imaginaires).

7. Sur l’une des terrasses circulaires, à l’ombre d’un arbrisseau, une pierre sculptée évoque une figure hybride de guetteur et de penseur. Elle surveille l’emmarchement conduisant à la partie haute du jardin.

8. A proximité de l’entrée dans le jardin un autre guetteur est scellé dans le mur du bâtiment. Il s’agit d’une pièce d’acier en forme de crochet habillement forgée en quelques coups de marteau. Elle supporte un anneau et se concluant en tête de taureau. (D’autres guetteurs, plus discrets, se trouvent probablement dans le jardin.)

9. Un chat vagabond (noir) chemine sur le mur d’enceinte, avant de plonger dans le jardin. Un bruit inattendu le fait fuir. Il s’agrippe aux branches de la grande glycine, accède au toit de tuiles vernissées d’un petit cabanon avant de disparaître dans l’au-delà du jardin.

SÉQUENCE 3 
EXTÉRIEUR JOUR PUIS EXTERIEUR NUIT


Le soleil a entièrement disparu derrière le toit du bâtiment situé à l’ouest. L’obscurité s’installe progressivement dans le jardin.

Voix off : bribes de conversation compréhensibles.


1. Plan large sur la façade du bâtiment situé à l’ouest. Elle dispose de larges ouvertures vitrées.

2. Plan rapproché (curiosité) permettant de distinguer au travers des vitres, mêlés aux reflets du jardin, les attributs d’ateliers et de bibliothèques.

3. Une pénombre s’installe lentement dans le jardin, étouffant les voix off.

4. Contrechamp. L’intérieur du bâtiment s’éclaire de façon incertaine.

5. Une porte vitrée enfin s’entrouvre. Des ombres fugitives suggèrent qu’un personnage pourrait entrer en scène. La porte s’ouvre entièrement, mise en mouvement par un courant d’air. (Le lieu serait inhabité, ou en attente d’être habité). Fondu au noir

SÉQUENCE 4 EXTÉRIEUR NUIT

1. Plan large en plongée sur le sol au pied de la façade du bâtiment situé au sud du jardin.

2. Un halo de lumière apparaît brutalement sur le sol.
Bruits off de vaisselle qu’on manipule et de table qu’on installe en prévision d’un repas

3. Gros plan sur le luminaire mural éclairant le jardin. Surexposition progressive, puis lent fondu au blanc.

Voix off de conversations confuses, quelques éclats de voix, des rires parfois, qui s’éloignent avec le fondu au blanc.

4. Le blanc s’anime peu à peu de dessins, de photos aussi (des sténopés ?) : des paysages lointains, oubliés peut-être. Les images sont d’abord incertaines, parfois instables ou floues, puis plus précises. Les cadrages sont hésitants.

5. Dans les paysages apparaissent des signes, des écritures peut-être, illisibles.
On cherche à assembler les images, puis à les superposer, ce qui rend les compositions de plus en plus denses. Finalement le noir s’installe.

6. NOIR dans lequel apparaît le mot FIN.


7. Titre et générique défilant sur fond noir.