samedi 6 août 2016

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La nouvelle constellation du Centaure

Alexander Kluge, l’inquiétance du temps au travers de « L’Aède aveugle » et du « Chiron » de Friedrich Hölderlin

, Herbert Holl et Kza Han 한경자

Le 4 décembre 2002, à l’occasion d’un entretien en vue de Heiner Müller et Alexander Kluge arpenteurs de ruines. Le grouillement bariolé des temps (éd. de L’Harmattan, coll. DA – De l’Allemand, 2004), nous avions offert à Alexander Kluge, dans son antre de Kairos-Film, avec des fleurs de sel de Guérande, les fleurs de la bouche du Fardeau de la joie, de et sur Friedrich Hölderlin.

Au printemps 2015, nous publiions dans le n° 43 de TK-21 Le rebroussement de l’Ister, où s’entrecroisent en version bilingue notre traduction du chant nationel de Hölderlin, « L’Ister », avec notre commentaire, et la nouvelle histoire d’Alexander Kluge, « Mais on nomme celui-ci l’Ister. Bellement il habite. »

À présent, il nous échoit de publier la traduction de « Denn nichts kann ein und alles sein / ein Riß hat es getrennt“ Zu einer Anfrage von Herbert Holl über Hölderlins „ Chiron“ und „Der blinde Sänger“ » / « „Car rien ne peut être un et tout, une déchirure l’a scindé“ Sur une requête de Herbert Holl relative à „Chiron“ et „L’aède aveugle“ de Hölderlin », vingt-cinq nouvelles histoires inédites en allemand et en français à ce jour, écrites en 2016, en réponse à un ensemble de documents sur l’ode et le chant nocturne de Friedrich Hölderlin (1800/01 et 1803/05). Transmuant ces matériaux, Alexander Kluge construit un gué à partir des bois flottés hespériques de citations détournées des odes de Hölderlin, retraduites ici en nous orientant sur ces bifurcations, à partir aussi des commentaires hölderliniens de fragments de Pindare – « Le Vivifiant », « Infidélité de la sagesse » –, de la Raison dans l’histoire de Hegel, du Genou de Christian Morgenstern, de la Table des destins de Khlebnikov… Kluge, qui se perçoit soi-même comme un centaure, comme un Chiron, se met-il à l’écoute de l’exhortation de Chiron dans la dernière strophe du chant nocturne de Friedrich Hölderlin ? – « Nimm nun ein Roß, und harnische dich und nimm / Den leichten Speer, o Knabe ! Die Wahrsagung / Zerreißt nicht, und umsonst nicht wartet, / Bis sie erscheinet, Herakles Rückkehr. » – « Prends lors un destrier, te harnache et prends / Le javelot léger, ô varlet ! La véridiction / Ne rompt pas, n’attend en vain / Jusqu’à ce qu’apparaisse, d’Héraclès le retour. » Pour rendre possible cette impossible mission, Kluge rompt et recolle dans son titre deux vers de Yeats, quand Crazy Jane rencontre l’évêque et lui lance : « For nothing can be sole or whole / That has not been rent » – « Denn nichts kann ein und alles sein / ein Riß hat es getrennt » – « Car rien ne peut être un et tout / Une déchirure l’a scindé. »

Dès lors, quand l’anatomiste avicennien scie en deux un centaure en vue d’une improbable autopsie dans « Rien ne peut être un et tout… », c’est du grincement de cette scie, des froissements physiologiques de l’apprentissage d’une anatomie tératologique du centaure que naissent les « mathèmes ». Quand le chant nocturne « Chiron » de Hölderlin, à l’état de veille entre le récitatif et l’incitatif, se resserre en 3, 3, 2, 2, 2 dans l’Un scindé en deux du calcul poétique, Kluge perçoit dans sa nouvelle histoire « L’innocence du pur savoir est l’âme de la sagacité », attribuant au poète russe Khlebnikov un commentaire hölderlinien de Pindare, « Infidélité de la sagesse », les nombres « démembrés en deux ou trois » de Khlebnikov, la forme visible du destin dont les étoiles sont des nombres. Chez Kluge les mots, qui chez Khlebnikov sont aussi des nombres, deviennent alors des pharmakon, à la fois poison et remède. Là où dans l’Antigone de Sophocle « le mot saisit le corps, au point que celui-ci tue » selon Hölderlin, les canons dont les projectiles survolent les soldats au combat vont mettre le mot à mort chez Kluge, « où le mot manque au corps, au point que celui-ci tue. » Tous deux gravitant dans l’orbe de Stefan George, Kurt Hildebrandt et Norbert von Hellingrath bifurquent chez Kluge mortellement l’un de l’autre. C’est alors que les national-socialistes hölderliniens de la science, incarnés par Kurt Hildebrandt, se heurtent durement au mot du Chiron de Hölderlin en quête de son « Ich » : « Ich war’s », « Ich war ‘s wohl » / « C’était moi », « C’était bien moi ». Kluge va mettre cette affirmation de Chiron, le dieu de la bifurcation et du doute, à la rude épreuve des « Ich » réitérés attribués aux nazis de la science, tel celui qui narre « l’auto-ablation » de sa rune, son mot de passe hitlérien, après l’avoir opérée en 1945. Cependant, Norbert von Hellingrath, le découvreur en 1911 des traductions et commentaires des fragments de Pindare par Hölderlin, l’inspirateur de la traduction du « Centaure » de Maurice de Guérin par Rilke, mortellement blessé près de Verdun en 1916, vivifie son dernier mot innommé, murmuré à travers sa descendance hölderlinienne. Le face à face initial entre le professeur de l’université populaire qui explique « Chiron » à une étudiante, et l’étudiante qui brûle de se rendre d’Hespérie en Orient en « déesse des batailles » de l’État Islamique, se transforme à la fin en facettes multiples d’êtres dimorphes insaisissables : « vivre en trois ou quatre temps inconciliables, ça déchire. » Vivifiant derechef la relation mutuelle du nombre et de la motricité comme « événement originaire » de la physis, cependant que Chiron se meut, immobile, « d’une heure à l’autre », ne pourrait-elle se mêler, comme chez Maurice de Guérin, « aux fleuves qui coulent dans le vaste sein de la terre » ?

Kza Han et Herbert Holl

Alexander Kluge

„Car rien ne peut être un et tout,
une déchirure l’a scindé“

Sur une requête de Herbert Holl relative à
„Chiron“ et „L’aède aveugle“ de Hölderlin


Contrairement à „fer“, „bois“ est vivant

Je passe pour demi-savant. Wikipedia est mon université. J’ai déjà amélioré plus d’un article par mes contributions. De larges pans du savoir sont nouveaux pour moi. Ainsi, je puis jeter mon âme de toutes mes forces sur cette nouveauté, mes découvertes. Plus d’un bloc de bois s’éveille à la vie dans la nuit, touché par le rayon d’âme d’un témoin. Je me lève souvent la nuit. Me prépare un pot de lait brûlant. Le sommeil sénescent est précaire.

– Vous qualifiez des vers de Hölderlin de blocs de bois ?
– Vous sous-estimez la matière bois. Contrairement au fer, il vit.

„ … alors dans la nuit je l’entends / Donnant la mort, le libérateur, donnant la vie, / Le Tonnant du Couchant à l’Orient / se hâter… “

Lors du cours de l’université populaire que j’anime, on me demande qui donc se hâte du Couchant à l’Orient. La questionneuse, en compagnie de laquelle je passai un moment au café après mon cours, sans que la nature de nos relations s’en trouve clarifiée (sa vive quête du bonheur me donnait vie) avait vu dans ces vers de Hölderlin une invitation à quitter sur le champ l’Ouest – le cours avait lieu à Cologne, donc en Allemagne occidentale – voué selon elle à sa perte, pour gagner le Proche Orient. Elle me demanda si elle ferait mieux de rejoindre à son arrivée l’E.I. en qualité de déesse des batailles, ou de choisir un autre groupe aux objectifs moins énigmatiques. Je lui répondis, à elle qui était assise en face de moi, de belle prestance, silhouette élancée, voire „nerveuse“ – une combattante du bonheur – qu’elle ne devrait aller nulle part si elle pensait pouvoir choisir. Soit elle se sentirait emportée, „tous ses sens poursuivant une certitude“, soit elle n’aboutirait à rien. Elle ne ressentait pas d’emportement en elle, répondit-elle. Elle pensait que sans une certaine amplitude d’oscillation, quelque chose de ludique, il n’y avait pas de vie. La véhémence de mes propos, de mes appels („trop intentionnels“) la rebuta. Elle remuait une flaque de café, et il n’y eut pas moyen de la replonger dans l’ambiance.

Post-scriptum relatif à la soirée manquée :

Quant au mot „Couchant“, exposai-je, il s’agit du soleil vespéral, c’est-à-dire de la dérive vers l’est du champ magnétique terrestre. Or c’est venant de l’ouest (donc également du „couchant“) que le Photophore („tel il m’apparaissait encore à la Saint-Sylvestre 1799“) s’était hâté vers l’est. Station intermédiaire, Malte. Puis orientation sud-est. De la sorte, le Sauveur avait conquis quarante siècles de mémoire (c’est-à-dire aucun territoire). En l’occurrence, selon mon interprétation du texte de Hölderlin, Bonaparte était accompagné d’une armée de savants. Davantage de scientifiques que de chevaux et de soldats. C’est-à-dire que le „temps gagné“ prend forme dans les têtes. À ce stade de la conversation, j’avais perdu mon amante virtuelle (laquelle au final ne le fut pas) „par quelques mots de trop“, tout comme le poète lui-même ne manque pas de parler en langues, prononçant à chaque fois quelques mots de plus que nécessaire.

„… étincelaient pour moi / Les fleurs telles mes propres yeux“

Vers 20 heures encore, les yeux de l’élève avaient étincelé, allumé mes feux visuels. À présent, vers 21 h 30, nous étions assis l’un en face de l’autre, dégrisés, nos miroirs ternis. Pour elle, tendue vers l’action, comptaient les faits, autrement dit les moyens d’insérer sa vie dans le flux. Les mots „Couchant“ et „Orient“, de même que les expressions « donnant la vie, donnant la mort“ ne lui disaient rien. Pour moi, pas de gains en matière d’intimité. Il aurait mieux valu rester muet et aveugle aux yeux puissants de cette jeunesse prometteuse. 

„Ô lumière de jouvence ! ô bonheur ! … que vous bénisse le voyant !“


Anatomie d’un centaure

Ils portent l’estomac dans leur corps chevalin. Car les chevaux sont des animaux prompts à fuir : estomacs et intestins fugitifs. Ainsi le thorax humain et le milieu du corps sont-ils disponibles pour le souffle. Mais les deux corps peuplés de colonies d’esprit et de nerfs comme d’une flore intestinale. Une cohésion précaire. D’où l’ivrognerie et l’addiction aux drogues, pour que le cerveau „joue“ dans ses colonies. À l’emplacement du diaphragme chez les humains se trouve chez Chiron l’estomac aux drogues. Là où se situe le cœur des chevaux au galop, se trouve chez le centaure le MAELSTRÖM DES SUBSISTANCES MATÉRIELLES. Or la racine d’immortalité de Chiron réside dans cette partie inférieure du corps. De ce point de vue, les organes d’un centaure ne sont pas comparables à un convoi ferroviaire composé par exemple d’une locomotive tirant des wagons sur des rails fixes, bien au contraire : ils constituent une unité aterrestre. J’appellerais volontiers le corps chevalin et l’esprit pérégrin du centaure son soleil. L’aire sexuelle contiguë à l’appareil digestif caché à l’intérieur du cheval, je l’appellerai lune. Télépathie à travers toutes les fibres de cet être perpétuellement excité et de ce régime néanmoins tranquille régnant dans le chef de Chiron. Ce que souligne déjà Hérodote. Les centaures n’ont pas d’anus et ne connaissent pas d’excrétions. La chose digérée s’exhale à travers la peau et le poil. À supposer qu’une parcelle de ce qu’ils ingèrent comme matière (et pas seulement le contenu de leurs outres) conserve quelque choséité, puisque les centaures plutôt complexes, tel Chiron, ne connaissent (selon Plotin) aucun dualisme entre esprit et matière. TOUT EST SPIRITUEL. D’où la difficulté pour l’anatomiste, comme le remarque déjà Avicenne, d’appréhender l’essentiel lorsqu’on découpe le corps d’un centaure mort.

Le médecin dans la maison dispense du charpentier

Il y a lieu ici de me faire connaître comme la réincarnation d’O.F. Walter, partant comme le témoin plénipotentiaire en matière d’interprétation de Hölderlin au temps du national-socialisme.

Aux temps de l’action, „elle doit aller de côté, la méditative“. Mais lorsque le champ d’activité a sombré dans l’abîme, les barres et les poutres entrecroisées s’agencent en une nouvelle construction. On peut toujours tomber dans l’abîme en passant à travers les interstices des bois, mais on peut y séjourner un moment pour les besoins de la vie quotidienne. De la sorte, ce qui devait aller de côté peut à présent aller et venir au centre. Pour le national-socialiste moderne, tout ce qu’il a jamais pensé est battu en brèche depuis 1945, mais non pas, à la racine, la raison même de sa pensée initiale.

„Le cœur veille à nouveau.“


L’HOMME DROIT, dont j’ai vu le portrait dans un journal de modes datant de 1934, s’en tient au nommable, et moi à l’innommé.

Un propos du hölderlinien Hildebrandt datant de 1934

Ce que les sentiers ont de méchant, je le dis en tant que national-socialiste, ce n’est pas le passage vers un nouveau décompte de la raison, mais l’obéissance à la „vieille loi de la terre“, c’est-à-dire aux éléments. Méchants, les sentiers le sont au cœur même du savoir, „parce que le savoir, une fois ses barrières rompues, comme ivre… s’excite soi-même.“

L’an 1934

Je m’éveillai au moment même où mon Allemagne galvaudait son plus récent éveil. Je me tenais pour la réincarnation de Hölderlin jusqu’au jour où me servant des registres paroissiaux de Waltershausen, je découvris au champ tombal, puis – poursuivant mes recherches – sur des pierres tombales de l’Alpe Souabe que je ne puis être un descendant de mon idole, issu de sa relation avec Wilhelmine Kirms. Dans mon génome – derechef un poème – que j’ai fait imprimer à Stanford – c’est Sinclair, son magistral frère de cœur, qui s’avère mon ascendant, non le maître en personne. Soixante-dix virus tronqués et compressés en ADN, antigènes de maladies toutes disparues, constituent un cordon, une sorte d’échelle de Jacob sur un parcours comportant quatorze pour cent de mon génome. Une rareté ! Mais en revanche, pas un vers de ce père idéal. Rien n’est édulcoré, tout s’est amassé. En outre, je doute. Je rejoins en pleine plasticité l’entourage du professeur Hildebrandt à Kiel. En automne 1935, je vais repartir à Ehingen non loin d’Ulm.

„Le cœur veille à nouveau, pourtant elle m’envoûte et / M’entrave la nuit infinie toujours“

SI LE POÈTE ÉCHOUE À TROUVER DANS LA TRAGÉDIE LES MOTS JUSTES, LES „PAROLES MORTELLES“ FONT IRRUPTION DANS LA RÉALITÉ


La voix de Hegel prenait une inflexion claire, souabe, quand il était énervé

„Ainsi l’homme verra-t-il dans sa clarté… Au soir, il aura … parachevé son soleil intérieur, le soleil de sa conscience … C’est là LE GRAND JOUR DE L’ESPRIT, la tâche quotidienne qu’il accomplit dans l’histoire mondiale.“

Le concept du centaure

„Le concept des centaures est bien celui de l’esprit d’un fleuve… C’est pourquoi il figure à ces endroits de la nature où la rive est riche en rocs et en grottes, SURTOUT EN CES LIEUX où le fleuve devait originellement quitter la chaîne de montagnes et fendre transversalement leur cours … les eaux stagnantes furent repoussées par la rive plus abrupte JUSQU’À GAGNER DES BRAS, et suivant leur propre cours, buvant d’elles-mêmes dans des cornes d’argent, se frayer un chemin … “

„et comme la source suit le fleuve / OÙ IL PENSE, je dois aller“

Le sujet d’„il pense“, c’est le Tonnant. Il se nomme également libérateur et sauveur. Probablement Bonaparte, qui est jeune, n’est en fonctions que depuis six semaines au moment où Hölderlin écrit ses vers. Heiner Müller tient le Tonnant pour Staline, sans tenir compte du fait que Hölderlin n’a pas pu connaître Staline. Müller de répliquer : Pourquoi le poète ne pourrait-il pressentir les choses à venir ?

Mais qui suis-je, moi la „ source qui suit le fleuve“, au XXIe siècle ? Quel fleuve ? Il importe de lire les signes. Qu’est-ce qui s’écoule en cette singulière double décennie qui se targue d’être le présent ? C’est un écheveau de signes divers, de fils, une sorte de matière synthétique, pas un fleuve. Dès lors, je ne serais pas une source ? Une source à la recherche du fleuve, c’est ce que je suis.

Mais dans nos parages, je ne puis apercevoir quelque idole au visage enfantin, baigné de lumière, de souverain habillé en officier, je veux dire : nul être énergique, à même de détourner un tapis roulant, de métamorphoser un amoncellement réifié en roulement fluide, le faisant traverser par un flux. Si je savais lequel IL est, celui qui „pense“, je pourrais éclaircir la question de mon identité comme source. Du même coup, je trouverais le fleuve. À partir de la direction qui est mienne. IL PENSE, et d’où que m’appellent le tonnerre, la libération et la salvation „je dois aller“, de ce que je fais avec ardeur je puis donc en conclure au flux, à la direction d’où provient mon ardeur.

Joue en ma faveur, comme je l’ai dit, mon savoir très limité. Les fragments, ces „champs de ruines de mon intellect“, font en sorte (tempérament chaleureux reçu de ma mère, tendance naturelle aux fraternités, aspire au recommencement, „nul bien-être dans la confusion“) que je reste – un vol sans visibilité – en mouvement. Je parle déjà de vol, alors même que je suis loin du flot. En quoi je suis aveugle, moi l’aède. Je demande : „si un sauveur ami ne venait à moi“ ? „s’il ne sommeille en moi une étincelle du Lanceur d’éclairs ?“ Alors en effet, „il y a longtemps que je le poursuis là où il pense“.

Comment un moine falsifie en toute humilité un texte en l’amputant

(Écrit à la main) : „Où dans la mer les fleuves sont pris / Au son des pôles font percevoir/…
reines des esprits / … chant de victoire.“

„ET PAREILLE AU DRAGON … se soulève LA SAUVAGETÉ EN DÉRÉLICTION“

„Du champ sauvage le désenvoûteur …“

La levée de l’envoûtement attriste les champs ( lesquels sont au sein de la deuxième nature les usines, et de la troisième, les fichiers et les flux électroniques). Au-dessus d’eux flotte à basse altitude la sauvagerie originelle. Tel un brouillard matinal. La brume descend jusque sous le ventre, de sorte qu’à arpenter les champs, on patauge dans la LUMIÈRE MIXTE. Ce n’est pas une solution très pratique. Récupérer la part sauvage des champs, c’est bien compliqué. Comment la conserver ? Dans des bouteilles ? Ce ne sera pas possible. Quels récipients faudra-t-il à l’envoûtement des champs ? 

Le demi-dieu, à l’instant même un valet, plein d’abnégation, empli de zèle, se dessaisissant de soi, ne s’interroge pas sur les raisons pour lesquelles le rival, LE GRAND FRÈRE, l’envoie au loin, en vue de commettre des carnages sans cesse renouvelés. LE GRAND TRAVAILLEUR avait sans doute pour consigne de séparer les champs de leur sauvage envoûtement. Mais sans envoûtement, ce ne sont plus des champs ! Lui, Héraclès, n’en a pas tenu compte et n’a cessé de se charger de nouvelles tâches. Jamais il n’a mené l’un de ses travaux à une fin susceptible de plaire à un CHAMP. C’est ainsi qu’en 1914, la classe ouvrière verse dans un tonneau tout ce qu’elle possédait. Gaspille l’expérience de tout un siècle ! Les „prolétaires en uniforme“ de Russie se débarrassèrent de leur costume. Un élan résiduel cherche refuge dans la technique spatiale, est expédié dans le cosmos – là-bas, pas un seul champ. Rien qui retienne l’envoûtement. Il fait ou bien trop chaud ou bien trop froid sous les étoiles. „Un sol ensauvagé.“

„Alors je perçois souvent …“

Racines de la sauvagerie

Alors je perçois (prêtant l’oreille à toute direction d’où ne provient encore aucun son) le CHŒUR DES FILS ABANDONNÉS. En 1944, dans l’abri anti-aérien, une radio en plastique, « Radio Roma ». C’est madame Butterfly qui chante. Son fils restant fut déporté après la mort de la Japonaise. Et qu’advint-il du fils de Marie devenue muette ? Ses camarades de jeu ont raconté que Woyzeck avait étranglé et jeté sa mère à l’eau près de Leipzig. Le garçon comprit-il ce qui lui arrivait ? Ou bien ne l’a-t-il compris que trente ans plus tard, si jamais il a survécu jusque là ? Nul cri déchirant ne se fait entendre. Nul vengeur en vue.

„À la fraîche des étoiles j’appris …“

Je viens seulement de l’apprendre : de son mari violent, Desdémone avait eu sept enfants. Elle n’était pas jeune à sa mort. La femme à la peau lisse avait donné bien des choses en partage à ses têtards. Il s’agissait de quatre filles qui jamais ne s’apaisèrent et de trois garçons dont deux furent tués au combat. Mais qu’en était-il du troisième et de la petite-fille d’une de ces filles ? Est-il vrai qu’en 1946 encore, cette dernière se présentait en mer Égée comme la reine des Amazones ? Dans une zone commerciale en attente de Noël, l’une des meneuses passa devant un parfait inconnu, originaire de l’Afrique centrale, or une étincelle, jaillie de l’esprit de vengeance qu’elle transportait dans son sac à main, se communiqua à cet étranger, lequel – inexplicablement selon les enquêteurs – commit un attentat à l’explosif dans les quinze jours qui suivirent. Pour que les morts attestent la valeur de leurs blessures !

„sans cœur / La nuit de puissance m’étire …“

On ne doit rien expliquer, mais tu dois lire les présages. „Sauveur ami viendrait peut-être à moi“. Les NUÉES RÉUNIES des laissés pour compte, des „morts au combat, lorsque le destin passait par là“ ! „Puisqu’il y a du poison entre nous“.

Extraits du calepin d’Eva von P., qui vient de laisser son amant et de rentrer chez elle

Jason (l’enfant pontique), Actéon, Achille, Thésée, Hyppolite, Palamède, Ulysse, Diomède, Castor, Antiloque, Énée (sans oublier) Asclépios. Cronos (dieu patriarcal , monstre du temps), le Tonnant (mortifère, vivifiant), Hercule (ouvrier de Zeus et valet de l’usurpateur). Prométhée (Titan, porteur de projets radicaux, „précurseur conceptuel“, fondateur enclin à la duperie). Chiron, la „main“, frère de Zeus, fils de Cronos.

Centaure „au sens figuré“, car immortel. Roi de douleur.

Tout ça, elle l’a noté dans son cahier. Étrangement, elle a écrit au lit, sous d’ardents câlins. Le bien-aimé n’en fut pas étonné. Plus ardents encore que ses caresses, ses récits.

„Centaure est esprit de fleuve.“ Leur activité : la traversée de fleuves impétueux. Kentron (aiguillon) = centaure. Dubitatif = car dimorphe. Chiron = Dieu Dubitatif. „Aiguillon du dieu (aiguillon divin)“. „Et tel l’incendie … se / Soulève … la sauvageté désarmée“.

Lorsqu’elle rentre chez elle, avec les vêtements qu’elle rejette à l’improviste en prenant congé de son bien-aimé, le „souffle de la nuit“ persiste sur sa peau. Une douche l’en débarrassera. Elle range ses notes. Toute une nuit d’explications aimantes.

Apolis = hors la cité. Chiron habite grotte

Au pied de la montagne du Pélion en Thessalie. Falsification : centaures dans le cercle infernal des violenti, des brutes. Ne frappent que lorsqu’ils sont totalement ivres, hors de sens.

„Jeunes herbes, se font abondantes“ „Tolérance, herbe qui abonde“ (frères Grimm, Dictionnaire Allemand, XI, p. 2341) Rage du calcul (décomptage de la raison) „… aux aguets / La longue vue …“ „De terre fraîche et nuages d’amour“

Telle la bibliothécaire d’un couvent, elle avait pris note. Moqueur, le bien-aimé l’avait traitée de nonne capable de se laisser séduire, mais non distraire. Elle avait soigneusement noté tout ce que le théoricien disait. Les heures écoulées, pleines d’exaltation, sans sommeil. À présent qu’elle est chez elle, elle se met au lit pour un somme de rattrapage. Le prochain rendez-vous est seulement pour midi.

L’artiste et créateur d’adultes Prométhée façonne les humains avec de la glaise („terre fraîche“) et de l’eau (l’élément contenu dans les nuages). En parallèle, Ixion couvre la nuée où se dissimule Junon et engendre les centaures. À l’exception, comme on l’a dit, de Chiron, né, lui, de Cronos. Il n’a donc fait que prendre forme de centaure, le fils de dieu.

„Où le mot vient à manquer au corps, au point que celui-ci tue“

Glacés jusqu’à la moelle, les fantassins s’engagèrent prudemment dans la forêt, heureux d’une part de quitter les abris-tranchées détrempés où ils avaient passé une semaine à attendre dans la tempête de neige, pour enfin sortir à l’air libre, s’attendant d’autre part à recevoir un projectile dans la poitrine avant même la phase de réchauffement des corps durant la marche. Les blessures froides saignent faiblement.

Ils n’écoutaient pas un mot. On ne pouvait appeler „mots“ les ordres beuglés depuis leur base de départ. Sur le moment, un silence oppressant. Des branches sous les pieds, des herbes muettes. Peu de temps après, le pilonnage reprend.

Ils ne furent pas mis en branle par un mot, mais par une croyance. Parce qu’on croit en la toute-puissance de l’artillerie. C’est surtout son bruit qu’on entend. Ils sont obligés de courir une heure entière jusqu’aux points d’impact des obus. D’ici là, des rafales de mitrailleuses couperont quelques uns d’entre eux en deux, à hauteur des genoux, du ventre, de la poitrine ou du cou.

La croyance en question explique qu’on les ait envoyés en si petit nombre. Le matériel est supposé être efficace à distance, il ne s’agit pas que des milliers de pieds foulent la forêt en toute hâte. Le rouleau compresseur des tirs est passé au-dessus des casemates fortifiées devant eux. Des balles tirées de là font mouche sur la compagnie. Ces projectiles de petit calibre ricochent sur les arbres, touchant perfidement au flanc les hommes qui progressent lentement à travers les broussailles.

Il manque le mot. Ces gens sont transis de froid et de peur au point de transpercer à la baïonnette une harde d’ennemis blessés venant vers eux, les mains levées, avant même de savoir ce que ces étrangers voulaient d’eux. Toujours pas un mot. Le mot manquant fait que leurs corps tuent, l’esprit ailleurs. C’est chose faite avant que les sens engourdis ne se rendent compte de quoi que ce soit.

„En concile, pour cause de cœur ; où te trouver lumière ?“

Norbert von Hellingrath avait dans son havresac beaucoup de papier vierge lorsqu’il tomba à Verdun en 1916. En quoi la lumière est-elle „en concile“ ? Qu’est-ce qui fait douter et changer le rayon lumineux ? Où réside dans les intervalles qui ponctuent l’obscurité la seconde lumière soustraite au regard ? En dernier recours, il fallut que Chiron le Voyant magnanime plonge à chaque fois le regard dans la phase obscure de la lumière. Apollon eut beau accroître la luminosité de son esprit, il ne parvint pas à contrôler cette phase. Comme munis de béquilles spirituelles, les deux dieux visionnaires, Chiron et Apollon tenant concile, quand une décision d’amour signifie l’éternité.

Dans la neuvième ode pythique de Pindare, Apollon rend visite à Chiron. Il s’agit d’une affaire d’amour. Ce vieillard affable au cœur jeune renvoie, comme ferait un moderne psychanalyste, le dieu de l’amour à ses propres racines. Ne voit-il pas toute chose, le dieu ! Il suffit qu’il fasse attention à ce qu’il voit ! Le dieu fut toujours trop prompt, même dans ses propres décisions.

Il fallut moins de temps encore pour que Hellingrath gise dans un creux de terrain boueux, la chair criblée de balles. Balles tirées par des gens qui n’avaient nulle intention de le tuer, lui et pas un autre. Cela se passa en un instant déserté par les dieux. Il restait toujours au mourant des réserves de désir. Pendant une demi-heure, il parla dans un murmure, par-devers soi.

À la guerre, un homme un jour fut abattu tant et plus

C’est de l’un de ces mots murmurés par Hellingrath que je descends, moi qui écris ceci. Je ne connais pas le mot lui-même, je sais seulement qu’il agit en moi. „Ce n’est pas un genou, ce n’est pas une tente, c’est un mot et rien d’autre !“

L’oreille de l’aède aveugle

Le dieu de la guerre Arès a aveuglé les yeux d’Ajax, lequel, en proie au délire et à la haine, provoque un carnage dans un troupeau de bêtes qu’il prenait pour des Grecs. À présent, ses yeux sont doublement détruits, de sorte que la vision de sa détresse, des regards sardoniques des „fidèles“, du résultat de la tuerie lui est épargnée. Les „somnambules“ de juillet / août 1914 et les bureaucrates de Bruxelles en 2014, dont les négociations ont provoqué les aventures ukrainiennes, n’ont pas perdu la lumière oculaire. Pour eux, l’absence de remords est un sentiment bienfaisant. Dans une telle zone d’aveuglement, être aveugle revient à être sourd et muet. Nous attendons Chiron ! Depuis 1927, on n’a plus vu de dieux en mer Égée. Puisse au moins l’oreille du centaure nous venir en aide !

Lignée des Titans. Lignée de Prométhée et d’Épiméthée („impulsif, pensif“). Lignée de Chiron. „Tu as libéré mes yeux d’un horrible fardeau, Arès.“ C’est dit par Ajax, porte-glaive solitaire et fanatique.

Sur orbe erratique

L’Éthiopien, initialement perçu comme un homme inconnu venu d’Afrique, armé d’un grand couteau de boucher, avait foncé sur le véhicule d’intervention des deux policiers, encore fermé dans un premier temps. C’est à travers cet exposé des faits que les deux tireurs policiers, en patrouille dans une banlieue de Zürich, nullement formés en vue de ce genre de situation, s’expliquaient les treize coups de feu qu’ils avaient tirés au total, dont l’un avait transpercé une porte d’immeuble, deux une voiture en stationnement. Les cartouches restantes tuèrent l’agresseur.

Méconnaissant la situation, les deux tireurs avaient ouvert les portières du véhicule. Porte close, ils auraient été inexpugnables. Tout au plus l’auteur des faits, manifestement hors de lui, aurait-il pu endommager la peinture. Mais après avoir quitté leur véhicule et lancé « Halte ! Police ! », ils se virent en danger de mort. Confrontés à la menace d’une attaque. L’homme, qui courait, était encore à une certaine distance. Coincés entre leur peur et le principe qu’on leur avait inculqué lors des stages – toujours respecter la PROPORTIONNALITÉ DES MOYENS dans l’utilisation des armes à feu, ils tombèrent dans la PRÉCIPITATION. Viser l’une des jambes de l’individu qui approchait rapidement et sans manifester la moindre crainte (volonté frénétique de passage à l’acte), l’idée ne les effleura même pas. Ils tirèrent toutes les cartouches de leur arme. Ce qui les mit dans l’obligation de se justifier au bout de trois heures à peine.

Le porte-parole de la police, qui disposait de bons contacts avec la rédaction du journal télévisé et la presse quotidienne, réussit à faire ressortir l’agressivité et l’origine étrangère de l’auteur négroïde de cet attentat. Impossible de justifier les treize coups de feu tirés au hasard. Mais on parvint à édulcorer le processus de discussion pour le plus grand bien des deux fonctionnaires de police plongés dans la confusion, de sorte que blogueurs et lecteurs s’intéressèrent davantage à l’heure nocturne, à l’absurde feuille de boucher et aux origines de l’auteur des faits qu’aux tirs des fonctionnaires. Six balles, dont trois dans les bras, deux dans la région stomacale, une sixième dans la jambe d’Omar M. Hayet, son épouse : Omar travaillait comme cuisinier. En Suisse depuis quatorze ans. Astreint à prendre de puissants médicaments par temps de föhn. La perquisition menée dans le logement de l’auteur des faits près d’Oerlikon ne fournit pas d’éléments de preuve.

À chaque cigarette, le temps passait un peu plus vite. À dix heures moins dix un homme, à peine plus grand que Napoléon, fit son apparition.

Titulaire d’une chaire à Tübingen, P. se replongeait tous les matins dans le bain de jouvence d’un nouveau jour. Sa curiosité, toujours intacte. Avide d’innovation qu’il était, débarrassé de toutes les phases antérieures de sa vie. En blouse blanche, il fonça à travers la salle de dissection. Salua. La rune SS à l’intérieur de son bras, il l’avait enlevée par auto-ablation en cet automne même de 1945. L’encoche portait dans son curriculum vitae le nom de perforation par projectile aussitôt ressorti. Il ne restait rien qui pût l’incriminer. Mais dans son for intérieur, son feu restait inentamé. Les têtes contenant les cerveaux à expertiser de l’Armée Fraction Rouge avaient été apportées de Stuttgart. Ils n’avaient pas dans le quartier de haute sécurité là-bas d’installations comparables à celles dont ils disposaient à Tübingen.

L’opérateur garda pour lui quelques coupes cervicales. D’où la paille dans la tête dont le défenseur releva la présence dans le procès-verbal établi lors de la restitution des cadavres. Qu’est-ce que l’aventurier entendait faire de ces prélèvements conservés dans de la glycérine, sa propriété privée ? Est-ce qu’il pressentait qu’au plus profond de l’Afrique un homme nouveau pourrait être assemblé à partir de quelques-unes de ces cellules ? Praticien qu’il était, il restait imperméable à la pensée mécaniste du comptage occidental. Et son désir d’innovation se fondait sur la prescience comme impulsion vectrice de plaisir. Si l’histoire mondiale avait connu une issue différente, son énergie, ses infatigables et roboratives problématisations auraient pu assurer avant 1945 l’activité d’une soixantaine de laboratoires. Fascinée, une relève venue du Kazakhstan et d’autres territoires orientaux faisait d’ores et déjà le voyage de Tübingen, exigeait d’être mise au courant.

L’infortuné Hémon, fils d’un sinistre père fondateur

Il n’a rien fait de travers. Pourtant, il suit Antigone dans la mort, ne peut la sauver. Lorsqu’il veut la libérer, forçant sa tombe, y découvrant son suicide, il cesse de vivre. Dans un monde sans Antigone, il ne peut vivre. Comme disait ma grand-mère maternelle, il est „déraisonnable“.

Ill. : Les centaures ne connaissent pas la selle. Le pelage : un flocon. Peut importe pour la naissance que le centaure soit mâle ou femelle. Chez les centaures divins, les petits poussent sur leur échine. Les jeunes pousses sortent du buste et dévalent l’épine dorsale pendant la grossesse.
Les humains qui descendent des centaures détiennent quatre forces fondamentales, dont l’une consiste en la faculté d’enseignement et d’apprentissage. Et il convient, écrit Henriette Honeybee Ertl (tel est le nom de la descendante issue de la liaison entre Hölderlin et Wilhelmine Kirms, dotée d’un génome hölderlinien intégral), de nommer les quatre fleuves avec exactitude. Ils répondent quand on les appelle, à l’instar des coursiers du dieu-soleil. Ils se laissent conduire, mais seulement par qui connaît leurs noms. Car il faut aiguillonner les chevaux quand on veut qu’ils ralentissent l’allure, et ils répondent au réfrènement en accélérant.

„est poison entre nous …“

Suite à une inadvertance de son élève Hercule, Chiron est atteint au genou par une flèche qu’empoisonna le sang de l’hydre. Immortel, le centaure voit se profiler des tourments sans fin. LES CENTAURES SONT DES ESPRITS MARCHANDS IVRES. Un échange a lieu. Qu’un immortel renonce à la vie en sa faveur, et Prométhée sera libéré des chaînes qui le rivent au granite caucasien. Ce à quoi Chiron s’engage formellement. Lui sans tourments, Prométhée sans chaînes. Ainsi s’acheva la vie de ce maître magnifique.

„L’innocence du pur savoir est l’âme de la sagacité“

Notice de Vélimir Khlebnikov datant de 1911

„Tout dans le DEUX : antagonique ou parallèle. Troisième œil, LE TROIS, c’est un sac de fragments. QUATRE, nulle raison d’en rabattre. À savoir, les étendues du carré, les communaux : auberge de tous les triangles et tétrade au-dessus de l’hypothénuse. Le CINQ cependant est sauvage et indomptable. De même le SEPT, bonne sente. La connaissance doit parcourir sept degrés (frottements et fourvoiements), parvient ainsi au nombre 365, moins 39 = 326. Les principaux événements de l’histoire mondiale se produisent dans l’intervalle ou un fragment du nombre cosmique 326.“

UN QUI NE CESSA DE PASSER PAR L’ANTITHÈSE ET LA FACE NOCTURNE DES CHOSES, SANS JAMAIS DÉBOUCHER SUR LA RECTITUDE. „FIDÉLITÉ FAIT NÉCESSITÉ“

 

„… autour des forêts je les vois voguant / les rémiges célestes“

Je sais bien : rémiges célestes, ce sont les plumages, les volées d’oiseaux qui tournent autour des forêts et se posent dans les champs. Mais ils ne sont pas les „rémiges célestes voguant“, en effet, celles-ci sont ailes protectrices, ailes angéliques, et dans notre XXIe siècle ce ne sont d’ailleurs pas les nuages, à savoir ces masques à gaz condensés, avec peu de répondant, qui occultent tels des rideaux le soleil au-dessus de la Chine. Il s’agit bien plutôt des masses de données en chute libre dans le ciel, lesquelles voguent autour des gratte-ciels, et non des forêts. Dans l’obscurité, y compris le jour.

„Me voici assis seul en silence, au fil / Des heures“

„Car la sagacité est l’art de rester fidèle en différentes circonstances“

J’ai déjà vu bien des passés se faufiler à travers le présent (ou plutôt, j’en ai perçu la trace) : avides de devenir futur. Des dieux sont juchés sur les épaules de messagers tels que ceux-là. Des Titans calés par des dieux. Et les esprits d’apprentissage endurent des souffrances, car leurs deux cœurs battent impérieusement, en raison de l’incapacité de s’asseoir à l’aide de leurs jambes chevalines. Être dimorphe, vivre en trois ou quatre temps inconciliables, ça déchire.

Les garçons studieux sur leurs sentiers d’avenir, dont ils ne savent s’ils sont binaires ! En tout cas, biparti leur maître. Soupir de douleur après chaque proposition vraie, qui n’est pourtant qu’un murmure.

Et si ces colonnes se faisaient retarder par des traces ! Allaient s’intéresser au présent ! Hôtes du château d’évasion dans l’avenir. Il reste beaucoup de place dans les caves de l’aéroport de Tegel. Il serait loisible d’y fonder une HAUTE ÉCOLE [1].

Traduit de l’allemand par Kza Han et Herbert Holl

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Sur les versants de la nuit et de la lumière

Voilà « L’aède aveugle », « Prière quotidienne », « Chiron », l’ode alcaïque, la même, l’autre, la triple. Commencé à la fin de l’été, au début de l’automne 1800 à Stuttgart, achevé sans doute en été 1801 à Nürtingen après son retour de Hauptwil en Suisse, où Hölderlin avait travaillé comme précepteur, « L’aède aveugle » apparut d’abord en simple titre souligné. Après une première esquisse fragmentaire, Hölderlin remania les deux premières strophes sous le même titre, avant de reprendre toute l’ode, non sans quelques lacunes, sous le titre de « Prière quotidienne ». La première version complète de « L’aède aveugle » avec son titre initial ne paraîtra qu’en 1826, sous la forme strophique, tandis qu’une deuxième version, hymnique avec son épigraphe de l’Ajax de Sophocle, ne sera pas publiée du vivant de Hölderlin.

Après son retour de Bordeaux où il avait travaillé comme précepteur et prédicateur, frappé d’Apollon lors de sa traversée de la Vendée, atterré par la mort de Susette Gontard, Hölderlin reprit l’état inachevé de « Prière quotidienne » dont il raya le titre, composa la première version, lacunaire, de « Chiron » qu’il acheva en hiver 1803, après avoir assisté avec son ami Sinclair en décembre 1802 au Congrès des Princes à Ratisbonne. « Chiron », premier des neuf chants nocturnes au chiffre divin des Muses, parut en 1805 dans l’Almanach pour l’amour et l’amitié. C’est à partir de « Prière quotidienne » que l’ode de Hölderlin va bifurquer en « L’aède aveugle » et en « Chiron », formant les branches d’un « Y » [2].

« L’aède aveugle » par sa ferveur extatique, « Chiron » par sa ferveur mesurée se trouvent aux prises, le premier avec une pure nuit grecque, le second avec une nuit sans cœur, avec toute sa puissance hespérique de dressage. Au sortir de la question initiale « Wo bist du, Licht ? », « Où te trouver, lumière ? », ce seul élément commun aux six états va s’engager dans un jeu de transformations, de suppressions et d’ajouts.

Parmi les strophes qui errent, se destinent, seule la septième reste semblable à elle-même à travers les six états, mais dans « L’aède aveugle », elle devient le lieu d’articulation des deux premières triades et des deux ultimes triades, dans « Chiron » elle s’adjoint la strophe suivante à la péripétie de l’ode. Conçue au moment même où « Prière quotidienne » bifurque en « L’aède aveugle » et « Chiron », la treizième strophe de « Chiron » apparaît radicalement nouvelle. À travers les reprises obstinées de son ode, fidèle à la loi calculable du chant, Hölderlin ne cesse de rechercher « la jubilation haute et pure » sur les versants de la nuit et de la lumière.

« L’aède aveugle », l’ode tragique même, à la fois excessive et paradigmatique, commence par l’état de séparation extrême, la nécessité du commencement de toute tragédie. « Der blinde Sänger », l’aède aveugle rappelle le typhlos aner d’un hymne à Apollon, Homère le Grec, Ossian son frère hespérique, Tiresias conduit par l’enfant à la césure de l’Œdipe de Sophocle, Rousseau que Hölderlin appelle « Der Blindgeschlagene », le frappé d’aveuglement, l’aveugle d’une ode de Jacobus Balde, poète baroque de la prière quotidienne à la Madonne. Selon Lawrence Ryan, « L’aède aveugle » est la seule ode de Hölderlin à parcourir les sept phases du tonwechsel, du change des trois tons élémentaires, naïf, héroïque, idéal, tonalités fondamentales, tensions constitutives, couleurs rythmiques, tout comme le nombre sept poursuit sa destinerrance, de Pindare à Kluge via Hölderlin et Khlebnikov, sans perte du « Grundton », le ton fondamental idéal, le pur qui s’exhibe : « une métaphore continuelle d’un sentiment ». [3]

« Chiron », suspendu entre le chant d’amour aux rémiges lasses et l’ode patriotique, nationelle, le chant nocturne va exhiber et dénier la fable de Chiron, cette étoffe étrangère pareille au destin du poète, cette figure excentrique du demi-dieu, telle l’architectonique du ciel et de la terre qui se réfléchissent, celle que les Hespériques recommencent à chanter « à la façon des pères et de la nature, de façon proprement originelle » [4]. Le chant nocturne tire de l’impossible formation épochale de l’héroïque et du naïf l’énergie nécessaire pour une nouvelle alliance de l’héroïsme et de la naïveté qui vont forger son épos méditatif. L’alternance des trois tons, idéal, héroïque, naïf, qui parcourent « L’aède aveugle » et « Prière quotidienne », s’accordant avec les trois extases temporelles, le passé, le présent, le futur, se subvertissent d’emblée chez Chiron dans sa structure et sa pureté par la réflexion de la lumière, par la marche oblique de Chiron qui prend dans les rets de sa propre alternance les trois tons qui, jetés hors de leur orbite, se fragmentent tout en restant reconnaissables au gré des strophes, pour s’abolir vers la fin.

Ode tragique épique en cinq chants avec épilogue, « Chiron » se resserre en 3,3,2,2,2 puis en une strophe, se maintenant debout dans l’alternance des temps du deuil et de la jubilation, dans la distance mortelle des phrases précairement reliées par des ponts argumentatifs et narratifs, à l’aide de « sonst nemlich », « denn », « aber », « nun » … D’entrée de jeu, « Chiron » réduit l’amplitude des tons pour leur donner congé au fur et à mesure que l’accouplement monstrueux, pourtant autochtone, du dieu et de l’homme, de l’homme et de l’animal, de l’animal et du dieu resserre toutes les strophes jusqu’à ce qu’apparaisse l’aborigène innommé du premier « Chiron » selon un calcul contrapunctique, comme l’ellipse des trajectoires de Kepler par laquelle s’équilibrent périlleusement les pures conditions du temps et de l’espace [5]. Chiron doit s’avancer comme le cheval va l’amble, patte contre patte, visité par Apollon.

Chiron, « Einer », l’Un, au nom dénominalisé, au pronom dépronominalisé, récite la trajectoire d’Hélios désenchaîné dans une bouffée d’excentricité, « Irrstern », astre erratique que seule Dikè, contour de l’abîme de la nuit, remet au pas juste, « en ce lieu ». « Örtlich », séjour du soleil et de la terre, maison des pères jadis , « apolis », « unstädtisch », « hors la cité ». Il touche à l’orthos, « l’homme droit » de la caverne de Platon, où les habitants apprennent un regard plus juste, avant de retourner dans la caverne de Chiron pour respirer juste, sortir de toute caverne.

Sur la colline de lumière s’interpellent « Wo bist du ? », « Où te trouver ? », question matricielle de tous les états de l’ode, en excès de toute réponse, et « Ich war’s » (1er « Chiron »), « C’était moi », césure de solstice, réponse qui suspend toute question. Dans « Ich war’s wohl » (2ème « Chiron »), « C’était certes moi », « wohl » entre en résonance pourtant avec « Wo », la question élégiaque originaire qui poursuit son orientation à travers « wohin, wohin ? », « jusqu’où ? » de « L’aède aveugle », cependant que « Chiron » par l’homonymie disruptive de « Saiten » de « Prière quotidienne » et de « L’aède aveugle », et de « Seite » du 1er et du 2ème « Chiron », rend impossible par la déviation de trajectoire des cordes la poursuite extatique du divin qui se poursuit pourtant à travers « Was ist es ? » de « L’aède aveugle », question biblique posée par les juifs lorsque la manne, « manna », le pain divin proche de l’homme, « Mann », tombait sur eux du ciel, avant d’éclore dans l’extase héroïque de « Und o wie wird mir ? », « Et quelle survenance ? » À travers « Chiron », « Nachdenkliches » se retourne sans arrière-pensée sur sa propre lumière, espaçant Chiron « profonde pensée », βαθυμητα, de la troisième « Néméenne » de Pindare [6]. « Zur Seite » et « zu Zeiten », « de côté » et « de jour à autre », presque côte à côte, marchent obliquement, comme Helios doit dévier de sa trajectoire, à l’écart du cône de lumière tracé par l’écart même de Chiron.

Le tumos grec, le risque de l’esprit, le sacre du cœur à la fois écho céleste et fils terrestre s’expose ainsi à être banni quotidiennement par les « impies » dans la nuit profonde. Selon Heidegger, la veille chez Hölderlin, c’est le point de la nuit qui abrite, désabrite. Dans ce « wach » résonne le « Wacholder », « Wachholder », l’arbre de veille, le genévrier, le sureau, éponymes de Hölderlin. Chez Hölderlin, la « cause de cœur », les « chemins du cœur » se nourrissent de la privation de cœur ; chez Hegel, la « loi du cœur » en son abri est incapable de concilier les instances ontologiques de l’individualité et de sa nécessité [7]. « Rathschlagen », c’était fermer le cercle de la délibération dans la ferveur excessive d’un festin commun où chacun apparaît comme gibier et chasseur, alors que la nuit étanche par gouttes la soif de la lumière oculaire. Pourtant chez Hölderlin, les mots croissaient comme les fleurs ; la terre recevait la lumière du ciel et la renvoyait au ciel en floraison, « blühen auf » ; le ciel accordait à la terre son illlumination, « Leuchten », et la terre reverdissait en berceau divin. Voici les fleurs de la bouche, « Blumen des Mundes » qui fleurissent, illuminent le visage de la bien-aimée.

Sur la trace des herbes forestières, « ein waiches Wild », suspendu entre l’accusatif et le nominatif, est-il tendre gibier, chasseur subtil ? Chiron à qui la fidélité est innée commettra l’infidélité divine, infidélité de la sagesse, cueillant de sa main d’éducateur chirurgien un bouquet de plantes ; nommant de sa bouche de chiromancien les étoiles, il perdra sa voix. La terre en déréliction, empoisonnée à son tour par Chiron empoisonné par Héraclès s’enflammera de la prolifération des herbes. Dès lors de face, tel le « face à face » de l’épître aux Corinthiens (1,13,12) ; telles les faces des panim de l’Ancien Testament, le dieu aborigène dans son être-là relève l’injustice divine, le « nécessaire arbitraire de Zeus », la séparation ultime [8]. Son nombre est l’un, « ein » de « einheimisch » où se dénoue Un, « Einer » de Chiron qui ne saurait être au pays, « heimisch », sans pénétrer dans le pays, « ein-heimisch », « inheima » en vieux haut allemand, l’oikein, l’epidemos grec, « das einheimische Reich der Wahrheit », « le royaume aborigène de la vérité » [9].

Quand l’air est ébranlé par le son, il se répercute à l’intérieur de l’oreille, cloche à l’unisson qu’Empédocle appelle « un rameau de chair ». L’air qui frappe ses parties solides produit l’écho, provoque le bourdonnement des tempes, « Sausen der Schläfe », source de tourment, de brûlure rafraîchie par le parfum de la mer [10], comme à travers les masques optiques d’Adele Röder dans L’anatomie d’un centaure d’Alexander Kluge. Au commencement de « L’aède aveugle », le son, hétérogène à la lumière, se fait pourtant l’écho du cœur, l’écho septuple de la lumière par les cordes, par les questions. Tonnerre, ou dieu tonnerre, omniprésence lointaine, par mythème du char ou schème de la voix, se rapproche par figures de résonance, « d’amour et de douleur » (« L’aède aveugle »), « de terre fraîche et nuages d’amour » (« Chiron »). Dans « L’aède aveugle » hymnique, après le partage du visuel et de l’auditif, la voix se fait hyper-visuelle à travers la voyance sans vision, tandis que dans « Chiron » l’écart de la lumière annonce d’emblée l’écho à travers l’arrière-pensée réfléchissante qui suspend le privilège visuel de la lumière. L’alternance des jours rythme l’écho, donnant le visuel en pâture : « nun trinkt, / Ihr meiner Bäche Weiden ! ein Augenlicht », « buvez désormais, / Vous saules de mes ruisseaux ! un œil clairvoyant » –

Seul le dernier état de « Chiron » énonce l’écho du divin dans lequel le poison se distille et se purifie puisqu’il se meut en soi-même. « Quelle » s’est muée en « Qual », supplice de Chiron, tel l’esprit de source, « Quellgeist » chez Jakob Böhme lorsqu’il est empoisonné par Lucifer. Au retour de l’écho, la terre renvoie au ciel sa propre marche, sans sa réplique l’Un ne pourrait résister à l’appel de la folie : « ce qui n’a pas de résonance dans l’esprit d’autrui » selon la parole de Bettina von Arnim. Au sortir de l’abîme, tout rayon, tout souffle, l’écho se fait nécessité à portée des mortels, se retournant avec ces mortels [11].

« Knabe », poussé par l’injonction d’un kairos, « nun », « dès lors » qui enserre le novice entre l’attaque et la cadence du premier vers de la treizième strophe de « Chiron », « Nimm … nimm », « Prends … prends », muni du triple armement, destrier, harnois, javelot, ce « varlet » est à la poursuite des trois plantes, crocus, thym, blé, autant de figures d’herbe, « Kraut », vers la « Wahrsagung », véridiction qui n’écoute le mythème et n’envisage le philosophème que par la triple dualité, la dimension fractale entre deux – le crocus et l’avoine, l’épée et la lance gémellaires des premières esquisses de « Chiron », armes échangées par Castor et Pollux – et trois des armes du novice, trois des plantes du centaure, vers « Knabenkraut », l’orchidée, leur lieu de concrescence.

La main de Chiron reconnecte les trois éons – présent, passé, futur. Achille a reçu ses armes de son père, Pelée, dont Chiron avait sauvé la vie et arrangé le mariage avec Thétis, sauvant Zeus de la dévoration par le fils qu’il aurait engendré avec Thétis. Chiron avait taillé de sa main dans un tronc d’arbre le javelot qui ne serait léger que pour le seul Achille. Ajax périrait de n’avoir pu détenir les armes d’Achille, reposant au fond d’une caverne non loin du figuier d’Achille. Achille assumerait la prédiction de Xanthos, son cheval qui lui annonçait son voyage sans retour à Troie. Achille lui répliquerait : « Qu’as-tu à prédire ma mort, Xanthos ? Une telle chose ne te convient pas. Je connais mon destin ; c’est ici que je dois succomber. » C’est là qu’Apollon se tourne « envers terre » [12].

Kza Han et Herbert Holl
Xylophanes Chiron

Notes

[1Sauf l’image qui suit « L’infortuné Hémon… », les illustrations du texte d’Alexander Kluge sont extraites de : Alexander Kluge – Adele Röder (masques optiques) 3 Filme (2016).

[2Cf. Hans-Jost Frey, Der unendliche Text, Frankfurt a. M. : Suhrkamp, 1990.

[3Lawrence Ryan, Hölderlins Lehre vom Wechsel der Töne, Stuttgart 1960. – « Es ist eine fortgehende Metapher Eines Gefühls. »

[4Cf. la deuxième lettre de Hölderlin à Casimir Ulrich Böhlendorff ; cf. également les lettres de décembre 1803 à Friedrich Wilmans.

[5Sur la destinée de l’alternance des tons chez Hölderlin, cf. Bernhard Böschenstein, « Les Etudes sur Hölderlin de Peter Szondi. Un trajet exemplaire », in L’Acte critique. Sur l’œuvre de Peter Szondi, Lille/Paris : Presses Universitaires de Lille / Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1985, p. 193-218.

[6Pindare, Œuvres complètes, trad. J.-P. Savignac, Paris : Éditions de la Différence, 1990, p. 283 (v. 53).

[7G.W.F. Hegel, Phänomenologie des Geistes, Hamburg : Meiner, 1952, p. 266.

[8Sur l’infidélité divine, cf. la fin des remarques de Hölderlin sur œdipe-Roi de Sophocle. Sur le nécessaire arbitraire de Zeus, cf. Entwürfe zur Poetik, Frankfurter Ausgabe XIV, Frankfurt a. M. : Roter Stern, 1979, p. 37 ; « Untreue der Weisheit », premier des neuf fragments de Pindare traduits et commentés par Hölderlin.

[9Hegel, op. cit., p. 133.

[10Cf. Jean Bollack, Empédocle. I. Introduction à l’ancienne physique, Paris : éd. de Minuit, 1965, p. 229 sq.

[11Bettina von Arnim, Die Günderode, in Dichtungen nach 1806. Mündliches, Frankfurter Ausgabe IX, op. cit., p. 486 sq.

[12« Zwei Bretter und zwei / Brettchen apoll envers terre », inscrit en haut à gauche de la page 74 du « Homburger Folioheft », Faksimile-Edition, Supplement III de la Frankfurter Ausgabe, hg. v. D.E. Sattler und Emery E. George, Basel – Frankfurt a. M. : Strœmfeld/Roter Stern, 1986, p. 307. D.E. Sattler a ce commentaire laconique : « Un concetto à peine traduisible : le cercueil qualifie le rapport d’Apollon avec la terre, et lui-même comme dieu de la mort. » (Frankfurter Ausgabe, Einleitung, Frankfurt a. M. : Roter Stern, 1975, p. 29). –Certains éléments de « La nouvelle constellation du Centaure » transmuent, à la lumière de « Rien ne peut être un et tout / Une déchirure l’a scindé » d’Alexander Kluge, la « Constellation du Centaure » du Fardeau de la joie, traduit et commenté par Kza Han et Herbert Holl, collection DA De l’Allemand, dirigée par Françoise Lartillot et Joël Bernat, Paris : L’Harmattan, 2002.