lundi 26 février 2018

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La Maréchalerie, un centre d’art 3/3

Un exemple, le Baphomet

, Hervé Bernard et Jean-Louis Poitevin

La rencontre avec Jeanne Susplugas initiée par Max Torregrossa de la galerie Vivoequidem, a été l’occasion de la découverte d’un lieu rare, un centre d’art lié à une école d’architecture, et de sa directrice, Valérie Knochel Abécassis. Ce troisième entretien d’une série de trois permet à la directrice de La Maréchalerie de préciser ce qui pour elle distingue le rôle d’un architecte de celui d’un artiste tout en insistant sur ce qui les rapproche. Elle poursuit cet entretien par une présentation détaillée des artistes qui ont jalonné l’histoire du lieu qu’elle dirige depuis sa création, une occasion rare d’appréhender la richesse de cette programmation hors norme.

Le Centre d'Art de la Maréchalerie, 2/3 Versailles from BERNARD Hervé (rvb) on Vimeo.

Le Baphomet

Enregistrée lors de l’exposition de Bertrand Lamarche, intitulée Le Baphomet, Valérie Knochel Abecassis, la directrice, s’exprimait dans la grande salle de La Maréchalerie dans l’ambiance rose et sous l’élément flottant qui constituaient le cœur de ce projet.

La Maréchalerie a présenté Le Baphomet, une exposition de Bertrand Lamarche, qui se concentrait sur la figure du Baphomet. Depuis ses débuts, le travail de Bertrand Lamarche est traversé par un ensemble d’évènements et de figures récurrentes diverses, comme la grande berce du Caucase, la skyline nancéenne, Kate Bush ou la météorologie qui s’incarnent dans un ensemble d’œuvres qui peuvent s’envisager comme des micro-scénarios.

Le Baphomet

Idolâtre et androgyne, le Baphomet est une figure mystique et occulte remise en lumière par le roman éponyme de Pierre Klossowki en 1965. Déjà évoqué dans certaines œuvres plus anciennes de Bertrand Lamarche comme l’installation La Réplique ou la vidéo Les Souffles, « le prince des modifications » prend ici corps dans un sujet en lévitation, autour duquel s’articulent des œuvres renvoyant à un principe de transformation et fonctionnant sur les registres du voyage initiatique, du changement d’échelle et de la mutation.

La force de cet entretien vient de ce que, l’évocation précise de cette exposition complexe, constitue une « mise en mots » d’éléments et d’événements visuels et que cela nous conduit à un acte de pensée relatif à la relation entre mots et images.

Nous appréhendons aussi la manière dont le travail se fait dans ce centre d’art, la richesse des questionnements qui y trouvent place, la puissance des évocations qui y naissent et s’y développent, et la force de ce que l’art contemporain peut véhiculer.

Car jamais le visible ne vit en nous sans être traduit en mots et jamais les mots ne se déploient sans faire germer des images. On peut éprouver toute la tension qui est au cœur du processus de réflexion et de création car, travailler, ici, c’est pour l’artiste accepter de partager un peu de son geste avec le lieu, son architecture, sa situation, et celles et ceux qui le font vivre et ainsi s’ouvrir à un au-delà de l’œuvre.