jeudi 29 décembre 2022

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Aldo Caredda #33

Lost in the supermarket #33

, Aldo Caredda et Jean-Louis Poitevin

Aldo au Petit Palais

Parce que le ciel reste un songe, parce que l’envol reste une idée incongrue, parce que l’indéfendable pesanteur continue d’exciter les regrets comme les désirs, parce que même repeints à la couleur du ciel les corps humains ne parviennent pas à se métamorphoser comme le font les nuages, parce que l’on sait que lorsqu’ils ne planent pas au-dessus de nos espérances vaines, les corps se recroquevillent dans les coins attendant que l’attente qui les meut s’épuise en une attente plus pesante encore puisqu’elle les cloue au sol, parce que les aveux de la chair s’éternisent en des circonvolutions finalement silencieuses malgré l’accumulation des cris, parce que pourtant il faut bien poursuivre la marche, longue si longue qu’on oublie qu’elle pourrait avoir une fin, parce que c’est encore et toujours la chute qu’il s’agit de suspendre lors même que l’on sait bien qu’elle n’a jamais eu lieu ayant toujours déjà eu lieu, seule l’oblation persiste geste imprescriptible qui est de l’art comme l’inavouable secret et qui, faite au dieu oublié, pas celui du ciel mais celui du crâne ouvert, n’en voit plus la manifestation que dans l’acte qui consiste non plus à descendre mais bien à gravir, fut-il composé de seulement quelques marches, l’escalier sans lequel l’idée même de ciel serait restée impensable, non s’en s’être préalablement incliné un instant devant l’immensité de l’instant.