LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue, n° 45


Éditorial

« L’essence de la mémoire épisodique est qu’elle est consciente et l’essence des états de conscience auto-générés est qu’ils sont intrinsèquement émotionnels. C’est pourquoi nous disons que la conscience est à la fois l’intermédiaire et le message de la mémoire épisodique : nous récupérons des événements sous une forme épisodique afin de nous souvenir comment nous les avons ressentis. »* Sans vouloir y voir autre chose qu’un rapprochement détonnant, transposer un instant ces remarques dans le monde des images que nous faisons, que nous voyons, que nous ressentons.
* Mark Solms, Oliver Turnbull, Le cerveau et le monde interne, PUF, 2015, p.19

L’actualité a conduit TK-21 LaRevue à tourner ses yeux vers ce grand pays aux marges de l’Europe, la Turquie, sa capitale culturelle Istanbul, mais aussi vers l’Arménie. En effet, le calendrier mémoriel pointe ce moment où l’histoire bascule dans le drame génocidaire.

Ce n’est pourtant pas l’actualité qui a conduit Jean-Louis Poitevin à présenter les dernière œuvres de Frances Dal Chele, des images inédites qui nous plongent dans les trames de la mémoire stambouliote.

C’est cette actualité par contre qui a permis de découvrir l’œuvre puissante de Tayfun Serttas dont Jean-Louis Poitevin présente un premier ensemble ici, une installation d’images, toutes issues d’une archive privée celle de Maryam Sahinyan (Sivas, 1911, Istanbul, 1996), qui travailla dans son modeste studio de Galatasaray, Beyog-lu,de façon ininterrompue entre 1935 et 1985.

C’est aussi pendant les moments artistiques que Christian Aubert organise chez lui chaque mois depuis tant d’années que nous avons découvert les œuvres de Pascaline Marre qui, elles, nous plongent dans la plaie ouverte de cette mémoire vive et pourtant niée du génocide arménien. Elle publie un livre, Fantômes d’Anatolie. On y découvre l’ampleur de son travail sur la question.

Avec L’expression du vert, Olivier Domerg présente le travail de Christophe Galatry et Brigitte Palaggi en racontant une marche au bord du Rhône. Réflexion intense sur la poétique du paysage, ce texte renvoie aussi au travail d’édition qu’il conduit avec cette revue « Le chant du hors champ », lieu de réflexion sur le territoire aujourd’hui.

Martial Verdier nous fait découvrir le travail de Bernard Lantéri, une œuvre inclassable, poétique et abstraite, qui joue allègrement avec le fondement de notre croyance en une photographie indicielle.

TK-21 LaRevue poursuit ses investigations dans le champ de la photographie coréenne contemporaine en présentant la première série, réalisée en 2011, par le jeune photographe Gwon Do-Yeon, Traveller Nonvice, un univers poétique d’objets décalés et d’images tendant singulièrement vers le blanc.

TK-21 LaRevue poursuit sa collaboration avec Fabienne Yvert qui nous emmène avec elle dans la découverte d’une nature jouant avec les limites de notre imaginaire, ainsi qu’avec Laetitia Bischoff qui, à travers un de ces courts poèmes dont elle a le secret, nous fait découvrir le travail photographique d’Annabelle Werbrouck.

Avec Papamoscas, Martial Verdier nous offre une vidéo singulière et drôle qui fait se rencontrer dans un couvent nature et culture, vitraux et mouches bourdonnantes.

Joël Roussiez persiste et signe avec un court texte qui nous reconduit vers une source orientale de notre pensée.

Jean-Louis Poitevin publie L’ouvert, un chapitre du livre « Nicolas Sanhes Une géométrie incidente », qu’il a consacré au travail de ce sculpteur et qui vient de paraître aux éditions Archibook, texte présenté aussi en anglais dans une traduction de Janice Jacquet.