lundi 24 mars 2014

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Quand Taïwan devient un style

Les faits saillants chez les photographes taïwanais

, Sun Wei-Shiuan 文/孫維瑄

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Avec cet article nous entamons une présentation de l’œuvre d’une dizaine de photographes de TAÏWAN autour de la question et de la relation entre conception orientale et occidentale du paysage. Des images du grand dehors ne cessent de venir se mêler aux images qui peuplent l’univers intime de chacun. C’est à comprendre ces entrelacs d’intentions et de visions que ce texte et les suivants vont s’attacher.

Taïwan, est l’une des îles du Pacifique. Dans le sang de ses « peuples océan » coule un magnifique esprit, mais aussi une beauté subtile. Si les gens se reposent, s’abandonnent, les cœurs et les yeux, eux, ne s’arrêtent jamais de vagabonder. Quand ils se posent quelque part, les yeux et les mains capturent et explorent quelque chose constamment.

Pin-Hhua Chen
Panorama Of Lighthouse

En se penchant sur l’intérêt des photographes taïwanais au sujet du « paysage », on découvre que les cheminements variés de leur imagerie mentale, de leur état d’esprit, se complètent et renforcent la richesse de la culture taïwanaise.
De plus, grâce à l’environnement géographique diversifié et à l’arrière-plan historique complexe de Taïwan, les photographes ont pu inventer « une » image photographique particulière.

Hung Shih-Tsung
Sunshine Sprinkles on my Home 2009

Le « style taïwanais » répond subtilement à l’attention actuelle qui se porte sur le multiculturalisme. Celui-ci est porteur de la culture européenne de style colonial, de la structure concise et élégante du Japon, de la saveur de l’esthétique traditionnelle chinoise ainsi que des symboles et des émotions locaux.
Ici, je ne songe pas à catégoriser globalement « l’art taïwanais », qui est à la fois florissant et diversifié, mais à préciser les concepts créatifs et les formes d’art des artistes taïwanais. J’aimerais aussi par une approche ouverte de leur travail, inviter les publics internationaux à explorer conjointement leurs secrets.

Ssu Hsien Chiang
Starlight of the Sea

L’étymologique occidentale nous dite que le mot « paysage » se réfère à un espace limité, défini par un observateur, à partir d’un point de vue particulier, horizontal ou vertical. Visuellement, il contient des lignes, des caractéristiques et des formes qui constituent un espace. Le thème du paysage se développe ainsi comme une vue d’ensemble incluant une perspective humaniste.

Hung Sheng-Chang

Depuis le XVIIe siècle, la peinture occidentale du paysage a beaucoup changé. Une des caractéristiques de la peinture à l’huile est qu’il faut travailler à plusieurs reprises sur la toile qui devient ainsi le support qui recueillant les images des objets représentés à différents moments. Un paysage peint est en constante évolution, sous l’action des yeux et des mains de l’artiste. Autrement dit, un paysage tend à s’approcher de l’image que projettent ses pensées intérieures. Poursuivant l’élaboration de la théorie de l’art moderne, Paul Klee remarque que « l’art ne reproduit pas le visible. Il rend visible ». Ainsi, un « sujet » comme le paysage peut éveiller l’imagination et l’émotion intérieures des artistes.

Chen-Hao Yang

Cependant, un « paysage » ne peut naturellement pas concilier à la fois contexte oriental et contexte occidental. De plus, certaines connotations humanistes sont différentes dans les deux sphères culturelles.

Chung-Liang Chang
Paris 2012

Le mot « Paysage », dans le contexte culturel oriental, est interprété en terme de « Shan-Shui » (Montagne et Eau) tant dans les domaines artistique que littéraire, et il joue un rôle essentiel dans l’esthétique chinoise traditionnelle. Depuis l’époque ancienne, les lettrés ont souvent exprimé leurs sentiments au travers du « Shan-Shui ». Cette « notion » est utilisée pour explorer la relation entre l’homme et la nature, que ce soit par la voie de l’imitation de la nature, l’intégration du ciel et de l’homme, ou bien le respect de l’ancien et du ciel. Tous ces mots reflètent la philosophie de l’univers et la pensée intérieure propres à la culture chinoise. Par ailleurs, en disant en chinois « l’homme de bienveillance appréciera la montagne, le sage aimera l’eau », le « Shan-Shui » devient la projection de l’esprit des gens. En même temps, en observant et en réfléchissant au moyen du « Shan-Shui », on atteindra la sublimation spirituelle et la sophistication de la pensée rationnelle.

Lu Liang-Yeavn

À l’époque moderne, avec l’émergence de la forme photographique, on continue de s’intéresser au thème du « paysage ». Ce cheminement est porté par le désir de découvrir l’esprit intérieur, ses diverses manifestations et ses caractéristiques visuelles.

YANG Che-Yi

Par conséquent, la représentation contemporaine du « paysage », à la fois en Occident et en Orient, participe au développement de la nature humaine « universelle ». La rencontre entre photographes orientaux et occidentaux est l’occasion d’un échange renforçant cette exploration de l’esprit.

Hooi-Wah SUAN