mardi 18 octobre 2011

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Durban

La ville de l’eau

South Beach, Durban, 07.08.2011

, Daniela Goeller

Dimanche matin. Nous nous sommes baignés pendant plus d’une heure. Il y avait du monde sur le petit bout de plage surveillé, le seul endroit où la baignade était autorisée. Les vagues étaient hautes et le courant fort. La marée était en train de monter. Nous avons rempli des bouteilles d’eau de mer, une pour chacun. Ceux qui étaient restés sur la plage ont ajouté une poignée de sable. Il ne faut pas oublier le sable, car si elle ne contient que de l’eau, la bouteille est vide.

Quand nous étions sur le départ, un petit groupe de fidèles arrivait sur la plage avec des tambours. Ils chantaient et priaient face à la mer. Ils portaient les uniformes vert et bleu de l’église Zion. Certains s’avançaient dans l’eau, leur vêtement flottant autour d’eux. Le soleil faisait briller les chaînes dorées et autres objets qu’ils avaient sur eux. Quelques mètres plus loin la houle couvrait presque entièrement leurs voix, mais les chants continuaient à flotter dans l’air, portés par le vent, et nous accompagnaient en marchant.

L’eau de mer sert à chasser les mauvais esprits, elle protège. Les gens se baignent pour se purifier et ils remplissent des bouteilles d’eau de mer pour en ramener chez eux. C’est aussi un médicament, certains en boivent dans des moments difficiles ou de détresse. Il y en a même qui dorment avec une bouteille sous l’oreiller pour retrouver la clarté d’esprit dans une situation compliquée.

La veille de mon départ en Europe je suis inquiète et anxieuse. Je me souviens de la bouteille que j’avais gardée près de moi. Elle est toujours à l’endroit où je l’avais posée, dans la salle de bains, à côté de la baignoire. Avant de me coucher je bois une gorgée d’eau de mer, cette eau que j’avais cueillie dans l’Océan Indien une semaine auparavant, et je m’endors avec la bouteille sous l’oreiller. Je dors mal, soit par appréhension du voyage, soit à cause de la bouteille sous mon oreiller, mais je suis apaisée et parfaitement calme quand je me réveille.

Durban
© Daniela Goeller