lundi 18 décembre 2017

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La Maréchalerie, un centre d’art 1 / 3

, Hervé Bernard et Jean-Louis Poitevin

La rencontre avec Jeanne Susplugas initiée par Max Torregrossa de la galerie Vivoequidem, a été l’occasion de la découverte d’un lieu rare, un centre d’art lié à une école d’architecture, et de sa directrice, Valérie Knochel Abécassis. Ce premier entretien d’une série de trois permet à la fois de découvrir les missions d’un centre d’art, celle de La Maréchalerie en particulier et plus globalement de comprendre comment il est possible de penser et de mettre en œuvre de nouvelles relations entre art, architecture et publics.

Missions

Les missions d’un centre d’art sont multiples puisqu’elles peuvent se déployer, comme ici à la Maréchalerie, de la production et la réalisation d’expositions, à l’édition de livres, de la médiation en général à des médiations adaptées à des publics particuliers et de l’ouverture sur le monde d’une école d’architecture à l’engagement concret de ses étudiants dans ce processus.
L’autre aspect essentiel tient à la nécessaire articulation entre les enjeux locaux, liés à la ville de Versailles où l’école d’architecture et le centre d’art se trouvent, et à ceux qui ont trait au réseau plus global de l’art contemporain en France.

Spécificités

Centre d’art, la Maréchalerie occupe une place singulière parmi les centres d’art français. En effet, le centre est sous la tutelle de l’école d’architecture dont il est une émanation. Ainsi les médiateurs des expositions sont-ils tous des étudiants de cette école. C’est aussi un lieu où la production et l’innovation ont droit de cité comme le montre le projet en cours avec et autour de la ville de Beyrouth.

Créée en 2004, la Maréchalerie a pour but d’ouvrir l’école d’architecture sur le monde et sur les autres dimensions des pratiques culturelles, l’art mais aussi la philosophie, la littérature et la musique. C’est pourquoi des philosophes, des anthropologues et des artistes peuvent se trouver associés à des projets de longue haleine.

Emmanuel Saulnier, recherche pour l’hopital Gustave Roussy
Emmanuel Saulnier, recherche pour l’hopital Gustave Roussy

Lieu

La maréchalerie est aussi un lieu particulier qui n’obéit en rien à la règle dominante du white cube qui sert de modèle implicite ou explicite en ce qui concernent les lieux dédiés à l’art. Cette particularité architecturale et son lien avec l’école d’architecture a conduit à faire en sorte que pour chaque projet d’exposition, l’artiste invité ne montre pas une exposition existante mais conçoive et construise une installation spécifique.

Kawamata, exposotion à La Maréchalerie

C’est la force de ce lieu inattendu que de conduire les artistes à proposer des choses d’eux qu’ils ne montreraient pas nécessairement ailleurs.

Cette porosité entre prégnance architecturale et enjeux artistiques résume avec force ce qui est le cœur même de ce centre d’art : les relations entre art et architecture qui à chaque fois s’incarnent dans les relations concrètes que chaque artiste déploie avec ce lieu comme, le plus souvent, avec l’architecture en général.

Dans les entretiens suivants, Valérie Knochel Abécassis évoquera l’histoire de ce lieu, les expositions qui y ont eu lieu ainsi que la question controversée relative aux statuts différenciés entre artiste et architecte.