lundi 1er avril 2019

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Clubbing LGBTQI

Hannibal Volkoff parle de ses images

, Hannibal Volkoff

Hannibal Volkoff expose du 1 au 30 Avril à La Clef à Saint germain en Laye. Il y montre un mixte d’images de soirées et de manifestations. Ainsi verra-t-on encore plus précisément à cette occasion le balancement d’équilibriste grâce auquel il parvient à aborder des univers si différents et qui ne sont tenus séparés que par le goût de certains de cloisonner le monde.

En fait, quand je vois ces photos, je pense à un texte que j’avais déjà écrit : « Une grande partie de mon travail est focalisé sur une scène de clubbing LGBTQI qui s’est notamment déployée dans les années 2010 à travers les soirées Club Sandwich, Flash Cocotte, Chez lui, Bizzare Love Triangle, etc… Ces rendez-vous étaient le théâtre d’une cour qui se distinguait par ses explorations stylistiques, son extravagance et ses excès, et dont le but était d’être toujours plus étonnant, toujours plus autre. Les photos que j’ai sélectionnées se concentrent sur des protagonistes de cette cour, et sur la manière dont leur remise en cause des normes de genre devient création de nouvelles formes. Cet espace est fait de détournement et le métissage des signes, styles, époques ; il se définit par le brouillage de ce qui est sensé́ nous cloisonner : le genre, la sexualité́, l’ethnie, ou, bien sûr, la classe sociale. L’érotisme est revendiquée, de même que le mauvais goût, dans une approche provocatrice et parodique (rappelons que pour Judith Butler, « le genre est toujours une forme de parodie, une imitation sans original »). Ce que nous fredonnent ces corps est une fugue nocturne et virtuelle, comme une pause à côté d’un monde aux dogmes étriqués, aux avances déjà fanées. Les satyres dansent face à un Olympe cadavérique, et ils en annoncent la décadence en la sur-jouant. Cette sélection d’images décrit en effet un univers proche de l’onirisme : puisque l’oppression à l’égard des minorités LGBTQI est encore belle et bien présente, la création d’une échappée momentanée à ce réel sinistre ne peut être qu’un conte, que l’on se narre entre nous, avec ses créatures mythologiques, ses métamorphoses, ses dangers et ses utopies, débordant de couleurs et de références. La liberté est un conte, pourrait-on dire, un récit d’images invraisemblables et polymorphes. »