samedi 28 septembre 2019

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Christian Renonciat

, Laëtitia Bischoff

Il fut dans les écuries de Chaumont-sur-Loire, en leurs box et de la main de Christian Renonciat, des sculptures du nom de Troublements.

Il y a du renoncement, dans les bois de Renonciat, du renoncement de l’état de bois. Ces bois donnent toute leur puissance et leur couleur lignée à un simili de carton. Ils exécutent des figures en gymnastes flamants roses, exprimant toute la souplesse que leur matière leur octroie. Des cartons en paravent aux déchirures expressives… mais non, chaque millimètre d’ondulé est sculpté, l’un après l’autre. C’est le bois qui jaillit tout entier pour court-circuiter la fragilité du carton, en en préservant l’expiration sensible. Chaque ligne de force d’un Troublement est une retombée. Et cette retombée se dénude sous les traits d’un entre-deux ondulé, faussement cartonné. Renonciat jette un trouble si net dans ses gerçures.

Photographie © Eric Sander

Une nouvelle forme d’affichisme se modèle. La déchirure est là, elle s’égosille comme chez Villégié, mais la matière nous propulse ailleurs, dans un autre quartier, dans un autre domaine, de l’esthétique du déménagement à celui des lignées picturales.

On se noie dans les stries d’un Troublement, comme dans un motif à la fois gothique et arts déco. Mais un Troublement est vivant. Il a la mine d’une écaille tubulaire et dorée. Il incarne la protubérance d’un sol, il ressemble à la pointe d’un animal mouvant qui viendrait se frotter, éventrer notre surface des choses. L’œuvre se fait membre animal, vivant, expressif. Voici une plateforme qui s’élève de plus en plus fine. Elle scinde l’air en perdant de l’épaisseur, si finement parfois qu’elle semble vouloir la rejoindre. Ainsi taillées, voici des écailles pour un monde qui en manquerait.

Illustration couverture : © Eric Sander