lundi 28 août 2017

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Wei-Shiuan Sun - Une image de Taiwan,

La lumière des multi-cultures et la délicatesse de l’ombre

, Martial Verdier et Sun Wei-Shiuan 文/孫維瑄

Cette intervention présentera une brève histoire de l’art photographique taïwanais des années 50 à notre jour à travers l’esthétique, les thématiques et la conception de l’espace en s’appuyant notamment sur l’exposition de Chungliang Chang et de Shih-Tsung Hung qui a lieu dans le cadre de ce colloque.

Wei-Shiuan Sun, Une image de Taiwan, la lumière des multi-cultures et la délicatesse de l’ombre, 48:55 from TK-21 on Vimeo.

Rapide historique de la photo à Taïwan

L’histoire de la photo taïwanaise commence avec des photographes étrangers.

1854 : Mission américaine à Chilang venant du Japon pour conduire une enquête sur une mine de charbon

1865 : St. Julian Hugh Edwards (États-Unis 1838 1903) premier photographe, travaille sur les aborigènes Païwan et les oiseaux

John Thomson (1837-1921) un anglais à Taïwan
1871 : il conduit une enquête scientifique de deux semaines sur les Pinpu, aborigènes taïwanais et les paysages du sud de l’île, au moins 53 photos.
1873 pour le Royal Geographical Society with the Institute of British Geographers “Note of a Journey in Southern Formosa” Publier 5 livres en 1872

John Thomson 1871,Taïwan, Photographie Stéréoscopique
Fait partie de "The View of Formosa’s Landscape from Photographers II", National Taïwan Museum, (2016/5/3 9/2) organisée par la Société de la photographie et de la culture de Taïwan, il entre comme précurseurs dans d’ouverture du futur Centre national de la photographie, sous la direction de la ministère de la culture

1872-1879 : George Leslie Mackay (Canadien1844-1901) missionnaire presbytérien et médecin. Un grand archiviste de la photographie médicale et éducative

Entre 1895 et 1945, Taïwan est sous domination japonaise, et est incorporé à l‘empire du Japon日治時期

Le gouvernement a besoin de documents anthropologiques, écologiques,
géographiques, etc., on demande donc à des experts japonais de faire des recherches, .

Torii Ryūzō (鳥居 ⻯藏, 4 avril 1870 - 14 janvier 1953) est un ethnologue, anthropologue japonais, connu pour ses recherches anthropologiques à Taïwan (1896-1900). Il a également conduit des fouilles archéologiques et essayé de comprendre la préhistoire de l’Asie du nord-est.
Le procédé sur plaque sèche sur les aborigènes taïwanais à permis de réaliser 834 images, c’est la collection photographique ethnologique la plus complète.

Des Bunun 布農 photographiées vers 1900 par Torii Ryūzō.

森 丑 之 助 Mori Ushinosuke, (16 janvier 1877 - 4 juillet 1926) était un anthropologue et folkloriste japonais. Il a étudié les aborigènes de Taïwan
1920 National Geographic “Formosa the Beautiful” 50 pages de reportages, 60 images. Pour la plus part de photos est de Mori Ushinosuke
排灣族 Paiwan

Ogawa Kazumasa (小川 一眞, 29 septembre 1860 - 6 septembre 1929), est un photographe, imprimeur et éditeur japonais, pionnier de la photographie et de l‘imprimerie photomécanique. 1896, venu à Taïwan pour publier « Souvenirs de Formose et des îles Pescadores »

Les studio photos

日式寫真館 Photo studio japonais : Lin Cao林草, fondé en 1901

Activités :
- Recherche
- Photo Studio
- Association de la photographie (à partir du 1915, développer en 1920)
- Organiser des expositions

A partir des années 50, Photographes Chinois à Taïwan
Lang Jingshan (Chinois : 郎靜山 ; 4 Août 1892 – 13 Avril 1995)
Un pionnier et l’un des premiers photo-journalistes chinois. Il a été appelé « la figure la plus importante dans l’histoire de la photographie de l’art chinois », et le « Père de l’Asie Photographie » .
Il a rejoint la Royal Photographic Society en 1937 et a gagné son Associateship en 1940 et la Bourse en 1942 et en 1980, la Société photographique d’Amérique l’a nommé l’un des dix premiers maîtres photographes.
Il est influencé par le pictorialisme (畫意攝影主義) occidental en l’enrichissant d’une esthétique orientale.
En 1966, il a fondé « the Federation of Asian Photographic Art » 「亞洲攝影藝術聯合會」

Les trois chevaliers de la photographie de Taïwan
LEE Ming –Tiao李鳴鵰,(1922 2013) l’un des maître de la génération de la photographie réaliste. Grâce à son œil aiguisé, sa parfaite maîtrise de la lumière et de la composition, il nous enchante par un travail d’une grande complexité narrative. Sa mise en scène et son attention humaniste font de lui le maître de l’avant-garde de la photographie moderne à Taïwan.

夢土 台法攝影 藝術交流展

1947 bergers 牧羊童
Extrait de l’exposition "Rêver la Terre", une rencontre entre photographes contemporains taïwanais & de Français.

Lang Jingshan, il était connu pour la « photographie composite 集錦照相 », une technique qu’il a créé.
Il a été le premier photographe chinois du monde pour prendre des photos de nus artistiques.

美人胡為隔秋水 29x24 cm, 1970
瓶中歲月⻑之三, 24x19.814cm,1970年

Photographie de presse
Photographie reportage / photographie documentaire
La loi martiale à Taïwan (1949-1987) oblige à avoir un permis de photographier pour les journalistes, les sujets s’éloignent alors de la politique.
- La photographie de presse contre la photographie de style “salon”
(environnement culturel, salon de peinture)
- Des groupes photographiques (avant 1980’s, il y a beaucoup de groupes photographiques de style “salon” (pour des raisons politique, historique et esthétique)
- La photographie de paysage (“réalisme”)
Paysage et homme au travail : 林權助 LIN Chuan Chu (1922-1977)
1954 彰化縣
1954 臺中
父子洗浴 1956 霧社
午休母子 1955 蘭嶼

La photographie de paysage (l’identité culturelle)
A partir de l’année 80, 鄉土文學運動 Mouvement littéraire local
« Les gens avec la terre » exposition de la Photographie, la photographie est divisée en « croissance, le travail, la foi, le destin » le travail de quatre unités couvrant 1974-1986 Ruan Yizhong (1950 ) est en style créatif du documentaire basé sur les sciences humaines (influencé par Eugene Smith), il est déterminé à promouvoir le développement de la photographie de Taïwan, auteur de nombreux articles et livres liés à la photographie, faisant de grandes contributions à la zone d’éducation globale de la photographie chinoise.
Il a fondé le magazine « Photographes » en 1992, introduit sur les belles œuvres des photographes internationaux.
花蓮縣萬榮鄉,1979)。 太魯閣族婦女

Vers l’année 90, une photographie plasticienne émergente
謝春德 Hsieh Chun-Te (1949 ), auteur-photographe taïwanais, réalise des photographies comme aboutissements de mises en scène extraordinairement précises, qu’il prend soin de dessiner au préalable.
Au-delà des images, ici reçues comme des objets façonnés, ont percé la pleine humanité de l’homme mais aussi l’histoire mouvementée de Taïwan depuis la fin de la seconde guerre mondiale. C’est dans ces tensions paradoxales entre les permanences humaines et les incertitudes de l’histoire que l’œuvre de Hsieh Chun-te s’offre à être comprise. En ouvrant l’accès à une modernité qui fut aussi une sauvegarde, la photographie a tenu là un rôle majeur.
La réalisation du film Scènes et rêves de Hsieh Chun-Te s’inscrit dans les projets de recherche conduits au sein de l’ITEM (Institut des textes et des manuscrits modernes CNRS/ENS) sur la genèse des arts visuels.

《RAW-觀音山下的渡船人》,對台灣的情感很矛盾,早 年每次出國時,都想移⺠,但一回到台灣就忘記了。在的 時候想離開,出去了又想回家
RAW「生」系列,母狗1987-2010 意指如剝了皮般的生命消耗(la vie écorchée)


Producer : Monique Sicard
Production Company : CNRS - ITEM & CEM/iiAC, 2011 Biennale de Venise

Meta Data Entre autres !

L’espace se partage, le temps circule. On se définit par soi-même et par le monde. On se représente dans des contextes culturels divers. Le regard le plus intéressant, c’est le regard enrichi par les autres.
Les deux artistes taïwanais, que nous proposons dans le projet Meta Data 2017 à Paris, nous apportent une vision créative des concepts d’espace et de temps.
Ils ont tous les deux, à travers l’image numérique, une sensibilité multiculturelle. Leurs images empruntent autant à la culture asiatique qu’à la culture qu’européenne. L’image de Taïwan qu’ils développent est enrichie par la lumière du multi-culturalisme et la délicatesse de l’ombre. A travers la série : métaréflexion et transposition présentée dans cette exposition, HUNG Shih-Tsung tente de se libérer du réel et de se connecter à un espace métaphysique.
Avec les séries La fenêtre miroitée transparente et Photomontage et son double, deux séries vues à travers les fenêtres, deux séries entre intimité et extimité, CHANG Chung-Liang parle de la théâtralité du paysage urbain de la vie quotidienne en France et à Taïwan..
Tous deux travaillent entre « les autres », se repèrent dans cette altérité et en même temps, se présentent comme « autres ». Cette position nous permet d’avoir un regard curieux sur notre environnement et sur nous-même.

Photographie en occident signifie « dessin de la lumière », le terme oriental signifie « la capture de l’ombre ». HUNG crée un sentiments d’irréalité en nous emmenant dans « la couleur de l’encre » et « la lumière de l’ombre » dans la série du Théâtre d’ombres chinoises créé en 2016.
L’ombre est passive, mais elle est essentielle. Son contour, ses nuances, sa couleur sont les côtés obscures de la lumière.
L’ombre et la lumière co-existent, mais souvent l’une peut l’autre et des espaces deviennent alors invisibles. L’ombre nous conduit alors dans le royaume de l’occulte et de l’ésotérique.
Les Mythes et l’imagination montrent l’illusion du monde réel, qui ne semble plus si important. La réalité devient onirique et ambiguë.

HUNG Shih-Tsung
Les œuvres de HUNG Shih-Tsung sont des « métaréflexions » et des « transpositions ». Il met en valeur son sujet par ces deux concepts et son
exploration créative de l’espace.
La photographie numérique permet de rompre le lien entre les différents plans. Les éléments existent dans une structure invisible et l’arrière-plan est en quelque sorte détaché de l’image. Les objets existent seuls, ils obligent les spectateurs à repenser l’espace de la photo. Le photographe crée un espace libre, ouvert et autonome qui ne se limite plus à la réalité.
HUNG Shih-Tsung, observateur attentif, est passionné par la mise en scène, le temps et l’espace. Technicien méticuleux autant qu’artiste il joue sur nos émotions et nos résonances sensorielles.
HUNG Shih-Tsung aimerait montrer les séries Images de l’encre 墨像之境, et Fantômes étranges de la mémoire 異魅憶影, qui ont déjà été exposées et primées à Paris, à New York et au Musée des beaux-arts de Taipei, ainsi que la série La serre relâchée dans la nature 野放溫室 (2015) et Le théâtre d’ombres chinoises 皮影戲, sa dernière création en 2016-2017.
Les œuvres de HUNG Shih-Tsung, à l’atmosphère autant mystérieuse que réaliste, jouent sur la superposition, la restructuration et la répétition, brouillant ou masquant la réalité.
L’œuvre intitulée Lumière d’Orsay, qui simule les ombres des sculptures, introduit la lumière dans la matière et crée une image virtuelle dans une scène réelle. En même temps, le traitement de l’ombre renforce la tridimensionnalité de la sculpture rapportée dans la dans bidimensionnalité de la photographie.
La contraste et les conflits entre le fond et la composition, se mettent en évidence les uns les autres. L‘accrochage des vêtements et chinoiseries en haut, traverse le palais de l’art contemporain et duchampien européen dans une nouvelle expérience esthétique et multiculturelle.
Humour et objets orientaux se mêlent à l’ombre occidentale loin du folklore et dans un art de dialogue.
Dans les œuvres de cette série, les éléments laissés après la disparition de l’arrière plan sont une allégorie de la vie humaine. Ça réagit comme une accumulation de souvenirs. Comme dans la mondialisation, les gens, vivent dans des cadres similaires, mais cherchent des « petits bonheurs » personnels. Cela signifie une victoire de l’esthétique du banale. C’est la proposition d’une nouvelle expérience visuelle, la transposition du linge accroché dans la lumière des rues napolitaines dans l’ombre de galerie parisiennes.

La lumière d’Orsay, 2016

Les images de l’encre

Dans la scène des colonnades et des arcs érigés dans un temple purifié par le temps, ceux-ci ont créé un espace profond et une atmosphère de calme. Cette mise en scène de théâtre éthéré amène des spectateurs à éprouver la différence qui existe entre l’apparence de l’image et la profondeur du cœur. Cet état d’esprit silencieux et sombre fait émerger dans le cerveau un fantasme qui peut remplir ce théâtre vacant.
Dans 5Images de l’encre 墨像之境, l’image de l’escalier conduit les gens vers un temple déjà représenté dans d’autres œuvres, mais dans un environnement imprécis. Il s’agit plutôt d’un espace surréaliste, une interaction entre l’esprit du créateur et l’imagination du spectateur.
Dans Fantômes étranges de la mémoire, le visible représenté renvoie à un invisible ; la présence met en valeur l’absence, et sans doute les images non représentées ou qui échappe au créateur sont-elles « le vrai sens » de l’œuvre.
Avec La serre relâchée dans la nature 野放溫室, il s’agit d’explorer « une pensée de l’empathie » et « une relation permutable ». Mais ici les éléments sont plus symboliques, et la relation entre « intériorité » et « extériorité » est encore plus mise en évidence.
HUNG Shih-Tsung constitue invisiblement des segments temporels et spatiaux surréalistes. Il excelle à montrer la luminosité et la nuance subtile du noir.
A travers une exploration des objets extérieurs pour les intérioriser l’artiste
projette son « image mentale » dans sa création. Le passé, le présent et l’avenir peuvent alors s’échanger librement, le visible et l’invisible, la mémoire et la vision interagissent pour recréent ce monde intérieur de l’artiste.

L’échelle / Monter dans la brume, 2009
Matin tranquille
Poussière nette
On attend l’aube
Une croix tachetée
Une personne éloignée depuis longtemps
Une scène romantique d’un thé d’après-midi
Il a raté le passé
Là où il est déjà allé dans l’avenir
Exister dans l’absence
Disparaître entre les entités.
Penser dans l’invisibilité
S’accompagner dans la solitude

La serre relâchée dans la nature-08- La table ronde, 2015

« Images de mémoire bizarres »
Je me souviens du moment où j’ai regardé les images que j’ai faites. La composition et les couleurs de ces bâtiments abandonnés et vides, sont simples, mais les images peuvent cependant exprimer le contexte entouré avec une potentialité.
En essayant d’incorporer et de donner ces nouvelles images, des images intérieures représentant ce qui se passe dans mon cœur, j’espère dialoguer avec les objets et les intégrer dans le fantasme des images.
Fantômes étranges de la mémoire-hors du champ, 2009

CHANG Chung-Liang「台北 - 巴黎蒙太奇及其複象」
« Taipei-Paris Photomontage et son double »

Paysage urbain- « métropole et maison ancienne »


Il vit et travaille en France. Sa série Fenêtre miroitée transparente rassemble des œuvres réalisées de 2009 à 2015. Cette série a été exposée et est présente dans les collections de nombreuses institutions culturelles publiques et privées françaises. Elle a aussi été exposée en 2014, lors du Festival International de la Photographie, au Musée des Arts de Chine à Shanghai ainsi que lors de la foire internationale d’art photographique et au Centre Culturel de Taipei à Taïwan, « Fenêtre, miroitée, transparente », ces mots décrivent brièvement une attitude ou un comportement du regard. La « fenêtre » peut être interprétée comme l’ambiguïté même entre les espaces intérieurs et extérieurs,comme la manifestation de l’intimité, comme une extension de la vision infinie. Elle constitue comme une scène de la « théâtralité ».
Le « double » est non seulement la caractérisation de l’interprétation et de la représentation de l’œuvre elle-même, mais également un élément composite qui reflète l’esprit de l’artiste.

On est qui on est, bien que l’on cherche, on se perd, et on se retrouve.
La chose la plus intéressante c’est qu’on laisse plus ou moins des traces à l’aide de la photographie.
Elle est un média et un langage culturel nous permet de représenter, mémoriser, communiquer… qu’importe la réalité ou la virtualité, la subjectivité ou l’objectivité.

Wei-Shiuan Sun est docteur en Arts et Sciences de l’Art, spécialité études culturelles et art contemporain chinois à l’Université Paris I Panthéon- Sorbonne.
Actuellement, chercheuse de l’Institut ACTE (Arts-Créations-Théories-Esthétiques, UMR 8218).
Membre du conseil de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA).
Secrétaire générale de la Société de la photographie et de la culture de Taïwan et professeur assistant adjoint à la Ming Chuan Université.