mardi 27 mai 2014

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Vice Versa- V

, Sandra Fastré et Yannick Vigouroux

Peu à peu chacun se livre. L’histoire devient plus intime au regard de l’image reçue. Nous savons que cette correspondance va prendre fin. Il n’y a point de nostalgie pour chacun de nous, juste l’envie de continuer à partager. Nous clôturons ce dernier épisode, mais sachez que nous avons décidé de poursuivre cet échange. Nous espérons que vous avez pris du plaisir à nous suivre, et vous avoir donné, peut-être, l’envie d’écrire et de photographier ?... et de lire, bientôt, la suite de notre correspondance artistique.

Jour 16- Image de Sandra Fastré

Texte de Yannick Vigouroux
" La nuit est silencieuse. Tant d’ombres impalpables enveloppent la ville endormie ; il y a aussi de minces et fragiles éclats de lumière par endroit, une épicerie de nuit ou un bar encore ouvert, une station-service, la fenêtre d’un noctambule... Mais contrairement à la campagne profonde, la nuit n’est jamais complète en ville, surtout dans les grandes métropoles. Impossible de faire totalement le noir. Et puis ici, plus qu’ailleurs, la nuit semble hantée par sa mémoire : quels secrets muets habitent un immeuble, depuis des années, des siècles parfois ? Quelles histoires banales ou « défrayant la chronique » se sont-elles déroulées ? Combien de vies heureuses ou malheureuses ? Qui a habité les lieux, et quand ? La nuit est silencieuse, parfois, mais jamais amnésique. C’est un écran immense où s’écrivent et s’effacent tant de visages, de gestes, de paroles passés, du présent, et à venir... "

Jour 17- Image de Yannick Vigouroux

"Seul le bruit de la mer contre la roche vient perturber cette quiétude. Je suis assise sur ce banc patiné par l’air salé. Il m’offre une vision de dégradé de couleur. Le ciel bleu azur fait écho aux volets pales de la grande maison. Au fond le port offre aux bateaux un peu de répit à l’abri des vents et marées. Le sol pavé brille. Ce sont des ruelles où l’on imagine aisément le déroulé d’un roman. Comme si le temps s’était arrêté-suspendue entre cet ici et cet ailleurs- mon esprit vague vers une autre histoire que la mienne. Tout à coup une silhouette blanche se détache de l’ombre. Il traverse ce tableau presque irréel. C’est le héros qui s’engouffre dans mon récit. Que fuit-il ? Quelle est son intention ? Quelle intrigue puis-je -écrire ? Je n’ai peut-être pas envie d’imaginer la suite car finalement n’est-ce pas mon errance que je trace par ces mots ?"

Jour 18- Image de Sandra Fastré

Texte de Yannick Vigouroux
"La courbe d’une épaule ressemble tant, parfois, aux rondeurs hésitantes ou assumées d’une colline ; un visage à un bloc de pierre. Les branches d’arbres et brindilles tordues par le vent, croisées par accident ou volontairement par des enfants avec des ficelles de fortune fabriquées avec des herbes, te fascinent. Tu songes à tous ces secrets et ces silences qui nous entourent, remplissent nos existences infinitésimales ; ces mots plus légers qu’une brise, juste murmurés ; ces formes pleines ou vides, ces matières paradoxales qui crient leurs silences. Tous ces éclats de silex et d’ombres au bord du chemin sans fin. Ces bras croisés au lieu de s’ouvrir qui vous refusent leur étreinte ou au contraire vous acceptent et vous enveloppent... "

Jour 19 & 20- Images de Yannick Vigouroux et Sandra Fastré

Texte de Yannick Vigouroux
"(Micro)-histoires de regards et sensations croisées où chaque photographie et texte, comme autant de matrices à errances, se répondent dans un écho flottant répété. Des échanges entre deux univers qui se répondent sans se citer, en décalé et en pente douce vers la fin de l’été 2013 et le sud-ouest de la France."