LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue, n° 54


Éditorial

Une manière comme une autre de faire connaître un peu cette énigme de la littérature qu’est Antonio Porchia (1885-1968), argentin d’origine italienne, « écrivain secret » découvert en 1940 par Roger Caillois, son premier traducteur en français, qui a dit à son sujet : « j’échangerai contre ces lignes tout ce que j’ai écrit. » Les Éditions érès ont eu la bonne idée de publier l’intégrale des « voix », titre unique donné par Porchia aux quelques ouvrages publiés de son vivant, sous le titre Voix réunies. Faisons, pour cette année, de ce livre sans pareil une source à laquelle puiser, en écho ou en contrepoint de l’actualité ou du drame de toujours que constitue l’existence et laissons-nous percuter par quelques-unes de ces « voix ». La numérotation et la traduction (Danièle Faugeras) sont celles des Éditions érès.
Pensez à qui vous voulez :
« L’homme, quand il sait qu’il est une chose comique, il ne rit pas . » (151)
« En pleine lumière nous ne sommes pas même une ombre. » (119)

Pour cette nouvelle année, TK-21 LaRevue entend poursuivre son questionnement sur les images et conduire sa réflexion sur des territoires nouveaux, ceux qui relient image et pratiques numériques en particulier.

Dans ce numéro 54, Jean-Louis Poitevin poursuivant sa lecture de Platon, propose de revenir sur l’exclusion des poètes de la cité en y voyant l’une des premières manifestations de cette « psychose ontologique », source d’un drame « existentiel » dont nous sommes toujours les acteurs.

Clément Borderie, artiste singulier travaillant essentiellement à partir d’installations « productrices » d’œuvres plastiques, présente ici sa première vidéo, Sarabande, un ballet de pattes bovines irrésistible soutenu par l’accordéon implacable d’Estelle Lannoi et présenté par un texte de Ghislaine Rios.

Martial Verdier nous livre une passionnante interview de Francis Dagnan qui dirige aujourd’hui les studios Harcourt. On y découvre comment une entreprise mondialement connue pour un certain type d’image est parvenue à continuer à exister en étant plus qu’une marque de fabrique, un « style ».

Gert Wiedmaier, un artiste allemand vivant à Stuttgart, nous offre une série d’images inédites qu’il a réalisées à La Havane l’an passé et dont l’aspect mystérieux et magique est en partie dévoilé par un texte de Jean-Louis Poitevin.

Xavier Pinon dont nous connaissons déjà les majorettes (N° 53) et la saisissante Vie formidable (N° 29 à 31) écrit ici, avec Une vie dans une décharge, une sorte de poème visuel à partir de déchets appréhendés comme autant de montages dus au hasard et qu’illumine ce titre ironique.

Yannick Vigouroux, dans sa quête d’images à bas bruit relevant d’un art brut photographique, nous emmène dans ses déambulations urbaines, à Paris et Marseille, mais aussi dans ses souvenirs et nous livre des images « hérisson » faites avec son nouvel appareil-jouet japonais, un Harinezumi 3.0.

Jean-Pierre Brazs revient avec un long extrait d’un texte en cours portant le titre L’Hypothèse de l’île, des pages abordant des questions d’images et de disparition et parlant « encore » d’une histoire d’horizon !

Jae Wook Lee, notre correspondant de New York, nous propose de repenser la position active de l’artiste comme curateur à partir d’une double posture d’innovation et de devenir. ”This essay proposes an existing but still forming concept – the fundamental role of an artist who takes the curatorial innovation as her or his primary medium, because contemporary art finds this emerging tendency of an artist who is constantly becoming new other being.”

Laëtitia Bischoff qui vit en France échange avec une photographe qui vit à Dakar. Les images de Laure Gilquin trouvent dans les courts poèmes de Laëtita une résonance juste.

TK-21 LaRevue
poursuit sa collaboration avec Joël Roussiez. Pour ce numéro 54, son texte nous conduit en Chine, dans le hors-temps d’un monde dans lequel la question rend toute réponse obsolète autre que celle de poursuivre le chemin.