LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue, n° 51


Éditorial

L’époque où la pensée se produisait sur la scène en brandissant son glaive et prononçant des anathèmes semble révolue.
Ou bien avec moi ou bien contre moi !
Difficulté d’un autre mode d’approche de l’exercice de la pensée puisque l’ennemi est partout et sa circonférence nulle part. Et chaque jour un peu plus nous découvrons que nous sommes ses meilleurs bataillons.
Alors lui ou moi ?
Mais déjà les caméras de télévision sont en route pour le lieu du prochain accident.

Avec ce numéro 51, TK-21 LaRevue s’affirme comme un lieu où diversités des sources et des regards peuvent dessiner un peu de la carte du monde changeant.
Avec sa deuxième Logiconochronie, Jean-Louis Poitevin plonge dans la trame mentale d’un XVIe siècle commençant en tentant, à partir d’une approche de certains panneaux du retable d’Issenheim, de déplier un peu l’écheveau de nos inavouables attentes relatives aux images.

TK-21 LaRevue
plonge dans les archives deJean-Francis Fernandès et en revient avec un nouveau film, Les mal aimés, en fait un projet qui n’a point abouti mais dont reste un ensemble de rushs qui constituent à eux seuls plus qu’un témoignage, une œuvre puissante, ironique et drôle sur la vie, parfois heureuse de jeunes vivant dans un foyer dans les années 80.

Dans ce numéro TK-21 LaRevue accueille, outre de nouveaux artistes, cinq nouvelles personnes dont le regard et l’écriture nous propulsent dans des univers nouveaux et dont nous espérons qu’elles reviendront de manière régulière nourrir nos réflexions.

Marie Cordié-Levy, dont nous avons présenté le livre sur l’autoportrait dans les débuts de la photographie américaine dans le numéro 43 de la revue, nous propose aujourd’hui une analyse détaillée de deux grandes œuvres, Le Radeau de la Méduse de Géricault et Dead Troops Talk de Jeff Wall, texte à lire comme un écho à son exposition Smaller Pictures qui se tient à la Fondation Cartier-Bresson jusqu’au 20 décembre 2015.

Carine Mosca met son écriture précise et fluide au service des œuvres du peintre cubain Rubén Fuentes, qui travaille directement sous l’influence de techniques orientales, comme la procédure chinoise du pomo (l’encre brisée) alliée à sa voisine japonaise hatsuboku (l’encre éclaboussée). L’artiste cubain, signe avec Les Sens du Paysage, sa première exposition personnelle à Paris qui sera inaugurée le 5 novembre prochain à la Galerie Felli.

Virginie Balabaud était présente comme artiste sous le nom de Globuline dans le numéro précédent. Psychologue clinicienne, elle revient cette fois avec un texte témoignant de l’état actuel de la psychiatrie en France et au-delà à travers son intérêt pour les liens qui unissent les personnes et les objets, à l’une des sources de son œuvre de vidéaste.

JaeWook Lee is an artist, writer, and sometime curator. Nous avions présenté son travail dans le numéro 43 de la revue. Il revient cette fois en vue d’une collaboration régulière comme écrivain et critique. Coréen vivant aux États-Unis, il nous fait profiter de ses nombreux déplacements, ici en décryptant pour nous des œuvres de la XII Baltic Triennial qui se tenait à Vilnius, cette année.

Nous accueillons un nouvel écrivain, Étienne Diemert pour un texte inspiré relatif aux photographies d’une artiste que nous présentons aussi pour la première fois Julie Chovin. Elle a, ici, photographié les entrées des boîtes de nuit de Berlin, mais à des heures où les portes sont closes et où plus personne ne danse. « Cette multiplicité de vues partielles dessine une cartographie recomposée de la ville : il s’agit d’un « plan déchiqueté » à la manière d’Abe Kobo ou d’une carte imaginaire, comme l’envisage Alain Milon ».

Nous retrouvons à l’occasion de sa magnifique exposition à Issy-les-Moulineaux, le travail magique de l’artiste coréen installé en France depuis plusieurs décennie, Chong Jae Kyoo, travail singulier aux marges de la photographie qu’il sait découper et tisser d’une manière unique et dont il nous livre les arcanes dans une vidéo détaillée et constructive.

Le photographe et cinéaste Pol Lujan revient avec une petite vidéo d’animation réalisée à partir des photographies qu’il a faites lors de l’abattage d’un arbre immense dans le jardin de l’immeuble parisien dans lequel il habite. Avec cette œuvre qui pourrait sembler anecdotique, il décrypte avec force la manière dont pour une grande part notre mémoire à la fois fonctionne et déraille. Et l’on comprend ici en quoi mémoire et rêve sont tissés dans la même étoffe.

Virginie Rochetti, dont nous avons présenté le travail de dessin et de broderie dans le numéro précédent, revient à travers la présentation de l’atelier TK-21 qui lui a été consacré lors de son exposition à la Ville a des Arts. Elle y développe les thèmes et les questions qui portent sur son travail en remarquant par exemple que du « dessin à la broderie assistée par ordinateur, de la vidéo au rétro projecteur de conférence en passant par la performance dessinée, c’est cet entrechoc que je recherche. Le rapport entre le sujet et le médium crée un trouble, une transcription de la violence de ce monde que nous avons créé. ». Un film dHervé Bernard.

Réalisé il y a plus longtemps déjà, c’est aussi à travers un atelier TK-21 que nous revenons, en deux épisodes, sur l’exploration de l’œuvre de la photographe Carol Müller, filmée par Alain Wagner, qui avec brio déplie les strates de son approche sensible et trouble du paysage.

Du lointain des montagnes où elle vit, Laëtitia Bischoff revient avec un court poème par lequel elle nous ouvre la porte sur des œuvres de Paul Wallach.

François Helt publie la quatrième et dernière partie du texte qu’il a écrit spécialement pour TK-21 LaRevue et qui porte sur les conditions techniques qui président à la monstration des images cinématographiques à travers l’histoire.

Joël Roussiez quant à lui persiste et signe. Il poursuit la publication dans TK-21 LaRevue de ses proses énigmatiques aux accents des lointains et aux relents singuliers qu’exhalent les entrailles de la langue.