Rêves de Magie

Il y a trente six ans, en mars 1982, Roma Napoli et Dow Jones fondent à Paris une entité artistique qui va développer une intense activité en synergie avec des galeries, des centres d’art et des lieux alternatifs aussi bien en Europe qu’aux États-Unis. Ils séjournent à Milan, Berlin, New York pour préparer leurs interventions in situ.

Vanité

En janvier 1983, après un semestre de travail acharné, les artistes inaugurent leur installation Le premier supermarché d’art, à l’Atelier/Galerie 74 rue de la verrerie, sur le plateau Beaubourg à Paris. L’entier de leur démarche est déjà présent lors de cette première intervention où ils transforment la galerie d’art en supérette et placent en rayons sur deux étages les 4.000 peintures réalisées sur carton de récupération qui figurent les produits de consommation courante disponibles aux prix habituellement pratiqués en magasin. Le quotidien Libération annonce l’événement le matin même de l’ouverture accompagné de six reproductions, José Arthur de France Inter les invite dans son émission culte du Pop Club.

Genèse

Proposer une exposition présentant des vitraux est une idée que les artistes ont longtemps différée. Il est avéré que dès leurs premiers travaux, les aplats de couleur vive qu’ils privilégient montrent un goût assumé pour une luminosité dont les prémisses sont à chercher aussi bien du côté des couleurs acidulées et cathodiques des téléviseurs que de la fréquentation des édifices où la figuration gothique expose en majesté ses verrières polychromes.

C’est bien cette luminosité transperçante qui est sollicitée pour faire advenir ici, par le prodige de la peinture, le sentiment propice à la venue sans fard de la fantasmagorie.

Superman & Daleilama

Le flux lumineux précipite au devant de lui la couleur qu’il emporte sans pour autant la soustraire à la matière du vitrail et chaque particule ainsi colorée transmet l’onde singulière qu’elle exprime le temps de son éclairement en déployant la présence continuée d’un scintillement qui toujours fascine en instituant le requis du magique.

Par cette suite picturale représentant l’esprit mystérieux des vitraux, les artistes interprètent de manière éminemment contemporaine la mythologie esthétique déclinée dans les enclaves où se loge les arcanes du religieux.

Roma Napoli et Dow Jones ont bien compris que sous les couches profondes de notre mémoire collective subsiste la quête inassouvie et toujours réactualisé du désir nécessaire de magie.