mercredi 25 mars 2015

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Peau-de-photo®

Une invention de Valérie Legembre qui se réfère au procédé, à la matière et aux œuvres crées.

, Laëtitia Bischoff

Dans l’atelier de l’artiste, par raclage, la gélatine se détache du papier. La découpe du visage de Gwladys ne fait plus que 4,5 microns d’épaisseur.

Fabrication

En salle blanche d’ST Microelectronics, Valérie Legembre, artiste et opératrice salle blanche, photographie le visage de Gwladys. Celui-ci est développé plusieurs fois en argentique. Dans l’atelier de l’artiste, par raclage, la gélatine se détache du papier. La découpe du visage de Gwladys ne fait plus que 4,5 microns d’épaisseur. Elle flotte dans l’eau. Elle est déjà Peau-de-photo®, une matière translucide, une texture photographique. Hors de l’eau, posée sur une chiffonnette de salle blanche, matière à laquelle la Peau-de-photo® n’adhère pas, c’est l’air chaud du sèche-cheveu qui vient la modeler. L’air caresse délicatement la texture-image. Celle-ci se cambre, se recroqueville, se tresse en ses bords. Valérie Legembre dompte, aiguille, manœuvre l’image en un volume. Puis, en une boîte de verre, elle dépose la peau-de photo® sèche et figée. Une touche d’eau et l’adhérence au verre est parfaite.

Connaissance empirique et nouvelles technologies

À la fois simple et nouveau, ce procédé de fabrication breveté en 2007 garde entre ses lignes son secret. « Boîte de verre 1 » (figurant le visage de Gwladys) a été réalisé en 2002. Alors et depuis le travail de Valérie Legembre est celui de l’expérimentation. Pour ses créations, elle ne suit jamais de filons. Bois, métal, résine, lumière, javel, température, pression, degrés, dosages sont les acteurs de ses protocoles. En 2009-2010, les Peaux-de-photos® pénètrent les laboratoires du CEA. Que deviendra l’image de pure gélatine soumise aux rayons X ? Quelle symbiose inventer pour asseoir l’image avec les nouvelles ressources photovoltaïques ?

Un épiderme visuel

Cette image entièrement texture porte bien son nom. Elle est une peau. Une double face, un « entre » à plusieurs couches. Forte, réactive et souple. Elle est un épiderme visuel.

C’est avec ces visages, aux yeux dépassant le masque blanc, que le nom de Peau-de-photo® est venu à Valérie Legembre. Par ses plis, ses dévers, cette matière offre une identité graphique et sculpturale à ce qu’elle couv(r)e. Ainsi les peaux-de-photos® incarnent de manière photosensible et texturée, nos avatars nés d’un clic.

Peau-de-photo®, invention de Valérie Legembre, se réfère au procédé, à la matière et aux œuvres crées.