vendredi 1er décembre 2023

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Ça marche

La marche partagée

Démarche photographique

, Christophe Galatry

« Je me pose depuis longtemps la question de qu’est-ce qu’un artiste marcheur. »

Aujourd’hui les artistes sont soumis, ainsi que leur œuvre, aux lois du marché et des cotes. L’artiste marcheur, lui, échappe à cette emprise et représente le monde en toute liberté.

Tout d’abord, je pratique la marche en groupe, avec d’autres artistes ou/et avec des spécialistes des lieux traversés et des sujets traités, urbanistes, historien-nes, ingénieur-es, chercheur-euses… et souvent un public qui profite des récits, descriptions et analyses.
Les pratiques artistiques peuvent prendre plusieurs aspects. S’inscrivant, pour certains, dans l’action et dans une pratique de partage, dans l’instant, pendant la marche, dans l’espace traversé et par la compréhension de ce paysage sans qu’aucune trace ne soit produite par lui-même, autre que ses empreintes.
Pour d’autres au contraire, l’intention est de témoigner de sa façon de voir et d’interpréter cet espace à travers des dispositifs plastiques.

En tant que photographe depuis la fin des années 1980, je me situe plutôt dans la deuxième posture. Au cours d’itinéraires urbains ou péri-urbain et dans des lieux post-industriels, des friches ou en voie d’industrialisation, je cherche à révéler les paysages par des images fixes, des vidéos ou des cartes.
La cartographie peut être préparée ou reconstruite, souvent à l’aide des traces GPS. Ces parcours sont préparés, mais laissent aussi une part à l’improvisation, soit pour suivre une envie, une impulsion, soit pour s’adapter aux modifications du terrain par la nature ou par l’industrie.

Je pratique cette notion de marche partagée en collaborant avec deux artistes marcheurs urbains que je présenterais dans un second volet, Hendrik Sturm, récemment disparu, et Denis Moreau.

La marche a donc plusieurs sens pour moi selon qu’elle est un partage de connaissances et de données paysagères avec d’autres, ou qu’elle sert plutôt un processus de déroulement photographique.

Les territoires qui m’attachent se situent dans un périmètre proche de mon lieu de résidence, entre Marseille et le Rhône, lieux riches en histoire et toujours en évolution.
Mais je profite aussi de voyages et de rencontres pour élargir aussi mon cercle d’exploration.

Comme je le sous-entendais plus haut, les marches sont des moments intense activité intellectuelle et pas seulement physique.
Dans une « promenade », partagé ou photographique, le regard et l’esprit restent en éveil. Il faut croiser à la fois l’aspect plastique et iconique avec des considérations historiques, politique, environnementales, mémorielles…

La marche partagée

Balade exploration « Les mas de Crau et l’effleurement de la nappe phréatique »
Octobre 2014. Nous marchons environ 6 à 7 kilomètres à travers une forêt peu dense puis une steppe appelée Coussouls de Crau. Voir image d’en tête de l’article.
Dessin schéma de la balade d’octobre 2014
Une façon pour moi de rendre très lisible et facilement compréhensible un parcours dans un territoire. Une traversée du Coussouls de Crau dans sa longueur croisant zones industrielles et steppe.
La balade comme exploration de soi-même et de l’activation de ses sens.
Moments où l’on prend le temps de s’arrêter et échanger pour croiser le sensible. La marche la nuit est particulièrement propice à cet exercice.
Ici autour de l’Étang de Berre à Martigues sur le GR2013 en 2016.

La marche photographique

Le Jarret
Un de mes derniers projets photographique incluant le déroulement d’une marche le long d’un cours d’eau traversant la ville de Marseille, Le Jarret. Ici, j’inclus dans la restitution les points photographiés et leurs directions cartographiées.

Marche partagée, avec Denis Moreau,
sur un tronçon du parcours d’un sentier préfiguré, appelé SMGP (Sentier métropolitain du Grand Paris) en 2019.