mardi 21 août 2012

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L’arbre universel

Margot Buffet

, Jean-Louis Poitevin et Margot Buffet

Démarche picturale, le travail de Margot Buffet tend à la capture de ces phénomènes qui échappent souvent à la perception lorsqu’il s’agit de paysage.

Elle tente ainsi, à travers des collages d’intensités variables de capturer ces vibrations qui hantent l’arbre solitaire comme la forêt.

Comme un pommier au milieu de la forêt

Son ambition, de créer des paysages dans des lieux uniques qui soient aussi des mondes et des atmosphères, la conduit à composer ses œuvres à partir de lignes se recouvrant, de surfaces laissant émerger un peu de visible, d’aplats offrant des vibrations.

Le paysage s’offre à elle comme un jeu sans fin éveillant aussi une excitation intense liée à la manipulation d’une certaine forme d’éternité.
Face au paysage, c’est toujours la lente histoire de la confrontation entre la vie brève des hommes et la vie longue, si longue, des montagnes et des fleuves, des arbres aussi. Absenté, l’homme n’est pourtant jamais loin lorsque l’on pense paysage. Toujours il semble être déjà passé par là. Et chaque fois il ne peut s’empêcher de laisser ici ou là des signes, manifestes ou discrets, entailles dans le visible ou vibrations dans l’air.

Margot Buffet conçoit sa démarche comme une étude attentive de la matière et de ses métamorphoses, ce que le collage pour elle rend seul possible en ce qu’il permet d’explorer des possibilités infinies. La texture engendre des effets de résonance, ses aspérités rendent sensible des effets de profondeur, alors, débarrassé de toute anecdote, peut paraître dans toute sa splendeur « l’arbre » universel. Aller à sa rencontre, pénétrer son univers, éprouver sa présence intense et discrète, c’est accompagner une réflexion sur la puissance de sa participation à notre existence. Témoin tranquille du passé lointain, spécimen résistant à la pollution urbaine, l’arbre, mais aussi la forêt évoquent pour nous des puissances incommensurables comme des paniques aliénantes.

Seul, l’arbre est silhouette aux feuillages riches, aux couleurs caressantes car il se tient droit comme en un défi quotidien à la gravité. Familier encore, il est riche de sa stabilité et l’idée que nous nous faisons de son éternité nous rassure. L’autre visage de la forêt, c’est la profusion de formes végétales, souvent squelettiques qui s’étalent à perte de vue.

Le collage permet de se détacher du sujet jusqu’à n’en voir plus que les formes. Oui, les rugosités des papiers et leur accumulation libèrent le trait. Le contact direct avec la matière ouvre sur des sensations tactiles instaurant aussi un rapport de force et de séduction provoquant une expérience vibratoire de la lumière.

Margot Buffet plonge dans la matière pour lui insuffler une énergie, en inventant des paysages. Lorsqu’elle réussit à rentrer dans l’espace de l’arbre, elle prend conscience de cette force particulière, sœur du sentiment intime qui nous lie à la réalité de l’existence et nous conduit avec elle à réfléchir sur la genèse du vivant.

Voir en ligne : Peintre de papier