dimanche 2 juillet 2023

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Images Mirages

, Martial Verdier et Virginie Rochetti

Martial Verdier et Virginie Rochetti inventent des réalités plurielles, aux marges de la perception, jouant des propriétés de la lumière et des techniques de la photographie.

Paysages aux couleurs réfractées, personnages entrevus, reflets confinant à l’abstraction, ils nous invitent à une promenade pensive, intérieure, dans une réalité troublée, un entre-deux indécidé. Ces images liminales d’une psycho-géographie infrarouge, enchâssées, intriquées, projetées en technicolor, brouillent les limites de l’argentique et du numérique.

Martial Verdier met ainsi en mouvement une pensée récursive du paysage et de l’imaginaire se bouclant elle-même, se produit alors un décalage de la vision, un mirage ouvrant un jeu, une place virtuelle, dans laquelle la réalité peut se créer diversement…

Plutôt que l’image d’une réalité brute qui ne restitue qu’une partie du monde, ces photographies sont celle d’un monde mental générant sentiments et sensations se détachant de la vision mécanique imposée par les appareils tels que les téléphones. Elles introduisent une vision intérieure, personnelle tant chez le photographe que chez celui qui regarde.

Réelles autant qu’irréelles, interprétées, aux marges des couleurs, aux franges des lumières, apparait alors un spectre différent.
Pour Virginie Rochetti photographier non pas l’objet, mais sa trace mouvante, les grains 
dansants de la lumière, est une manière de regarder non pas la forme, mais sa contre-forme, de donner à voir par le vide, l’absence, les ombres et les reflets, un réel augmenté non pas mécaniquement ou mathématiquement, mais bien par lui-même. Récursivité encore.
À l’instar de Morel et de son invention, elle réinvente une réalité plus souriante dans laquelle s’insérer afin de s’étonner encore et toujours de ces paysages interpénétrés, images dans l’image, tautologie, poésie simple, ordinaire et joyeuse.

L’objet est absent, changeant, réitéré à l’infini dans sa représentation 
accidentelle, sa projection déformée, son reflet, autant de simulacres évanescents, une vie légère, ancrée, marquée dans le caillou, la pierre des murs.
Lumière et matière, onde et corps, encore et toujours indécidables.
L’image sauvage, non domestiquée.
Songe, mirage