lundi 28 août 2017

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Hyeon-Suk KIM - Atta Kim

L’Esthétique de dix milles photographies superposées

, Hyeon-Suk KIM et Martial Verdier

La série Indala d’Atta Kim, mille photographies emplies, superposées, est pleine de couleur grise, mais elle semble vide sans une image précise. Elle représente le monde invisible qui appartient au monde visible. En analysant les œuvres d’Atta Kim, particulièrement la série On-Air Project, nous allons observer le rapport entre apparition et disparition, entre visible et invisible, entre vide et plénitude.

Hyeonsuk Kim, L’Esthétique de dix mille photographies superposées chez Atta Kim, 36:17 from TK-21 on Vimeo.

Toute chose fini par disparaître

La série Indala d’Atta Kim, mille photographies empilées, superposées, est pleine de couleur grise, mais elle semble vide sans une image précise. Elle représente le monde invisible qui appartient au monde visible. En analysant les œuvres d’Atta Kim, particulièrement la série On-Air Project, nous allons observer le rapport entre apparition et disparition, entre visible et invisible, entre vide et plénitude.

Sur le thème du colloque, Face au déferlement des images, Comment artistes et photographes en Europe et Asie réagissent aux méga data, j’ai choisi de parler d’Atta Kim, l’artiste, photographe coréen.

Nous allons observer On-Air Project : la série Superposition, Monologue de glace, Longue exposition, et plus particulièrement Indala. La série Indala (2008-2009), les dix mille photographies emplies, superposées, est pleine de couleur grise, l’apparent « nuage gris ». Elle semble vide sans une image précise. Elle représente le monde invisible qui est enseveli sous le monde visible. Comme l’artiste revendique que « Toutes choses finissent, néanmoins, par disparaître » [1], alors nous allons savoir sur l’esthétique de dix mille photographies superposées chez Atta Kim et quel est le sens de ce titre, Indala, et le sens du vide de l’Extrême-Orient. Atta Kim affirme : « Ce qui est visible réellement n’est pas tout » [2]. En effet, quelque chose invisible est là, sous l’apparent « nuage gris ».

Pour observer le rapport entre apparition et disparition, entre visible et invisible, entre vide et plénitude dans la série Indala d’On-Air Project, nous allons d’abord parcourir rapidement tous les projets précédents d’Atta Kim. Atta Kim a photographié en noir et blanc de 1984 jusqu’à 1995, sous plusieurs thèmes comme The Portrait, In-der-Welt-sein (Être dans le monde), et Deconstruction. Et à partir de 1995, ses photographies sont en couleur sous le thème, The Museum Project, On-Air Project, On-Nature.

Dans ces séries en noir et blanc, Atta Kim a pris ses photographies comme documenter des images des êtres du monde. Et il a tenté rendre l’esprit des êtres du monde. En 1991, lorsqu’il a photographié Geum-hwa KIM, chamane, patrimoine culturel vivant N°82, à l’époque, Atta Kim a cru qu’il a choisi le meilleur moment pour la photographier. Car il a capturé pleinement l’énergie et le ki (chi) de cette chamane. Mais vingt ans après, il s’est rendu compte que cette photographie n’était pas une photographie réussie. Il confie dans son ouvrage, Jangmieui yeolban (Nirvana de la rose) qui a été publié en 2014 en Corée, à la page 37, que le sommet de l’esprit n’est pas le sommet de ki (chi). […] Le sommet de l’esprit, c’est l’état de l’âme et du ki (chi) qui est le perfectionnement purifié. La meilleure forme de l’énergie ou le ki (chi) apparaissent au Jeongjungdong : le mouvement dans le calme. Et le sommet de l’esprit est le Jeongjungdong [3].

Quand il était petit, son père lui a appris que toute existence est précieuse. Et toutes choses, même toutes petites choses sont à sa place dans ce monde. Le dialogue avec son père entre 1986 et 1990 a fait tourner une recherche sur soi et sur l’essentiel qui ont fait avancer vers ses nouveaux projets. Lorsqu’il a réalisé la série The Portrait, il a pris le temps de connaître sur les personnes en passant avec eux au moins une journée ou parfois une semaine. Avec ces personnes, il a appris sur leur vie, leur sagesse et leur estimation de la valeur du métier, etc.

Dans la série de Deconstruction (1991-1995), les hommes et les femmes nues sont exposés dans un champ perdu, un fond désert. Leurs corps immobiles sont dispersés. Mais la vie (une forme sacrée) dégage dans le champ déserté [4]. Atta Kim a tenté de photographier en mettant cette forme sacrée et cet espace (pour lui, l’espace est en quatre dimensions) en deux dimensions. Les corps sont allongés comme des morts, mais ces corps suggèrent « une nouvelle vie en sommeil ».

Avec The Museum Project (1995-2002), Atta Kim a crée son propre musée et son espace privé avec des êtres vivants, dans un lieu public pour leur faire vivre éternellement. C’est sa première série en couleur. Les gens qu’ils soient debout, assis, pliés ou suspendus, sont casés dans une boîte transparente de plexiglas. Toutes les personnes de divers milieux, dans divers métiers de la société sont comme des objets des collections du musée (Fig. 1). Dans The Museum Project, Atta Kim a classé ses photographies en intitulant ; Champ (1995), Holocauste (1997), Mandala (1998), Gents (1999), Prostituées (1999), Vétéran de la guerre (1999), Sexe (1999), Suicide (2000), Nirvana (2001), Salvation (2002), etc. Ce n’est pas les modèles professionnels qui posaient pour lui, mais les gens ordinaires participaient à son projet. Ces gens qui ont leur propre valeur préservée sont exposés comme le trésor contemporain. Ils ressemblent à une collection du musée. D’ailleurs, ces gens sont catégorisés dans The Museum Project tout comme dans un musée.

Fig.1

Un enfant, la tête rasée assis autour des petites figures de Bouddha en paraffine, ou une femme nue, pliée en courbe et suspendue en forme de fœtus devant un mur de paraffine de Bouddha, nous évoque la naissance de la vie, mais aussi la pureté ou la nature de Bouddha. Atta Kim n’est pas bouddhiste, mais nous pouvons percevoir son influence de la philosophie du bouddhisme dans tous ses projets. En 2006, son exposition personnelle à ICP (International Center of Photography) a fait connaître ses photographies dans le monde. Dans New York Times, Holland Cotter a décrit sur la partie de The Museum Project comme la transformation des corps humains en objets « inorganiques », et sa photographie est « efficace : calme, minimaliste, légèrement surréaliste » [5]

En 2002, il commence On-Air Project ; la série Superposition, Monologue de glace, Longue exposition et Indala ; les dix mille photographies superposées. Dans la première série Superposition dans On-Air Project, nous pouvons apercevoir le processus de ses Superpositions par 15 Bouddhas en 2004. Dans la série Superposition, par Auto-Portrait, N° 047-1 (Fig. 2), nous voyons une image d’un homme. Mais cette image n’est pas un seul visage de l’homme. Cette photographie est un résultat à l’aide d’un logiciel spécial d’une Superposition de cent visages d’hommes de différentes origines qui viennent de cent pays. Ces cent visages constituent une seule photographie. Nous constatons clairement ces 100 visages par le détail de la préparation de la série Auto-Portrait [6] 047-2. Par la Superposition de ces cent visages, nous entrevoyons la technique de la base de la série Indala ; la Superposition de dix mille photographies. Par la même technique, en superposant chaque fois cent visages pour une seule photographie, Atta Kim a réalisé une photographie de cent visages coréens, une photographie de cent visages coréens, ainsi de suite, de japonaises, de japonais, de chinoises, de chinois, de tibétaines et de tibétains, etc. Cette série Auto-Portait nous fait remarqué que « ce qui est visible réellement n’est pas tout » [7].

Fig. 2

En 2009, cinq ans après Atta Kim, David Trood opère ses séries en reprenant la même technique et le même sujet : Le Visage masculin (ou féminin) de l’humanité, Le Visage féminin) de l’humanité, etc. David Trood réalise aussi toute une série de différents âges comme dans la Fig. 3.

Fig. 3

Entre 1992-1996, Lawick et Müller [8] nous exposent le processus de changement de l’un à l’autre par leur série La Folie à deux. (Fig. 4). On voit la fusion de deux personnes et l’apparition d’un être androgyne. Lawick et Müller font ressortir les différences et les ressemblances de chaque individu. Ils sont ainsi liés l’un à l’autre, et ils sont « un », en couple. Leur série La Folie à deux nous dévoile quelque chose de commun entre ces deux personnes, ou un fondement essentiel de nous ou de tout le monde.

Fig.4

En fait, la technique de la Superposition a été utilisé auparavant en 1975 par Krzysztof Pruszkowski, sans aide d’une nouvelle technologie d’un logiciel. L’artiste polonais invente le développement d’une nouvelle méthode de la photographie en appelant, « Photosynthèse » qui signifie de multiples surimpressions. Lors de son séjour à Paris, Krzysztof Pruszkowski a photographié tous les passagers du métro, la ligne 4, Clignancourt - porte d’Orléans, le 8 juin 1985, entre 9 h et 11 h. Dans sa photographie (Fig. 5), 60 passagers de 2e classe du métro. Ligne : Clignancourt-porte d’Orléans, les visages sont capturés instantanément sous l’éclairage du métro. Cette photographie est prise par chevauchement de tous les visages de passagers, lui, elle, toi et moi, qui passent tous les jours dans ce métro. Ce visage est le notre et celui de tous les passagers qui sont autours de nous. Ses multiples surimpressions superposent plusieurs visages de passagers et donnent un résultat d’un visage fantomatique. Sa photographie, 60 passagers de 2e classe du métro, Ligne : Clignancourt-porte d’Orléans nous suscite des réflexions sur nos identités à travers l’apparition de nouveaux visages sous l’effacement de l’individualité, sous le chevauchement de pluralité. Comme Krzysztof Pruszkowski qui a attrapé le visage des fantômes sous le tunnel, le visage de 60 passagers de 2e classe du métro nous crée une inquiétante étrangeté, un « visage en devenir ».

Fig. 5

Atta Kim est le nom d’artiste de Kim Seok-jung. Dans ce pseudonyme Kim Atta (en coréen le nom précède le prénom), Atta est composé en deux mots ; « A » qui signifie « je () », moi, et « tta »,« autrui () », toi, vous. Alors Atta voudrait dire que toi et moi, nous ne sommes pas différents. Le concept de « toi est moi, nous ne sommes pas différents » se trouve aussi par plusieurs projets de Jean René. JR (son nom d’artiste [9]) a photographié les palestiniens et les israéliens. JR les a imprimées en grand format et les a mises côte à côte. Ses immenses portraits, la taille d’affiche, sont collés sur les murs de séparation des huit villes, le côté palestinien ou le côté Israélien.

Dans Fig. 6, le jeune homme, avec un regard violent dans un environnement des mûrs tagués, on est sûr de voir que ce jeune homme a un fusil dans ses mains, surtout en intitulant, Braquage. JR a pris son ami en s’amusant. Regardez bien sans préjuger, alors vous verrez bien ce qu’il a dans ses mains…, vous l’avez vu ? C’est seulement un appareil de vidéo-caméra. Les hommes sont divisés par la nation, par la religion, par la politique, par la race, par la classe de la société, etc. Parfois, c’est notre opinion qui divise. Et c’est notre préjugé qui les classe, différencie et distingue.

Fig.6

La distinction vient de nous. C’est nous qui faisons la différenciation. Mais le monde, tout est unis comme dans Indala (un filet d’Indra, selon l’Inde ancienne), le titre de la série dix mille photographies superposées. Le yin et le yang sont unis dans un cercle du taegeuk, mais nous voyons leur extrémité et nous les différencions. Le yin et le yang sont des termes provisoires. Leur situation peut changer à tout moment. D’ailleurs, avant la naissance du yin et du yang, ce yin et ce yang vient d’un cercle vide, l’origine du monde (Fig. 7). Ce cercle vide rappelle une forme de wonsang, le symbole du vide du bouddhisme qui se trouve dans un temps bouddhiste, particulièrement dans la salle de méditation [10]. Comme le fond d’un cercle vide, le fondement est commun pour tout le monde. Tout homme, toi et moi, nous ne sommes pas différents sur terre. Tout vient de la terre et tout y retourne.

Fig.7

Nous savons bien que tout homme va disparaître. D’ailleurs, Atta Kim présente la série Monologue de glace qui est figurée en Mao, en Pyramide, Parthénon, en Bouddha, etc., la deuxième série dans On-Air Project (2002-2008). La série Monologue de glace montre le processus de changement physique sous forme du solide au liquide. Par le statut de Mao en glace fondue, nous percevons le symbole du pouvoir et toute vanité du monde qui disparaissent. Par disparition de la forme de statue bouddha [11] en glace, Atta Kim nous inspire la disparition de notre ego. L’artiste dévoile l’instant éphémère, mais splendide ; la beauté de la transparence de cette glace et la beauté de l’instant où la glace fond suggèrent notre vie éphémère.

D’ailleurs, l’été 2006, il installe mille blocs de glace à Boeun en Corée. Ces mille blocs nous rappellent des tombes ou « l’armée de terre cuite » du mausolée de l’empereur Qín Shǐ Huáng Dì ( ), mais aussi le Mémorial de l’Holocauste à Berlin. Mille blocs de glace fondent et disparaissent durant 72 heures [12]. Ces blocs tombaient alternativement en grondant dans la nuit d’été. La résonance du grondement peut être impressionnant comme si le monde s’écroulait sur nous. Ces blocs désignent la disparition d’une vie ou des vies. L’eau de ces mille blocs de glace fondue dans la température ambiante est ramassée et mise dans mille bols. Le nombre de « mille » représente mille blocs, mille tombes, mille vies, mille rêves, etc. Atta Kim les a installés dans un champ, en mettant des grains de lotus dans ces bols, la fleur sacrée du bouddhisme. Un mois après, il a repris la photo avec les pousses dans ces bols.

Les formes du bloc et de la statue en glace disparaissent. Mais l’eau de la glace fondue aide à faire pousser le grain de lotus. Selon le bouddhisme, la vie tourne sans cesse, s’incarnant et se réincarnant dans le temps de la métempsychose, dans la roue du temps, comme le nom de ce mandala, Kalachakra désigne la roue du temps. L’installation d’Atta Kim ne représente pas une réincarnation de la vie du bouddhisme, ou autre. Elle nous inspire qu’une vie peut aider ou donner une autre vie. Pour Atta Kim, le temps est une continuation du cycle :

Le temps transforme la masse d’un rocher en poudre afin de devenir la terre et des poussières. La terre devient à nouveau une pierre et un un rocher à l’auberge du temps. L’ombre du temps le fait. Avec le temps, avec l’ombre du temps bien longue, le roc parvient de la terre, et la terre se transforme à nouveau en un solide rocher. Toutes choses font un long voyage avec le temps. La légende de Maha et de Prajna devient un rocher et la terre, et la terre parvient à un rocher, ainsi de suite, c’est une continuation du cycle [13].

Cette installation d’Atta Kim, cette continuation du cycle peut s’apercevoir dans l’installation de Wolfgang Laib, lors de l’exposition à New York de Grain of Emptiness : Buddhism inspired (Grain du vide : Inspiré du bouddhisme). Wolfgang travaille avec les pollens du noisetier ; le pollen en symbole de la pureté et du commencement de la vie.

Dans la série Longue exposition, par la technique de Longue exposition ; la durée d’une heure, de Huit heures ou de vingt-cinq heures, tous les images de nos instants disparaissent. Dans la série Sexe, Atta Kim photographie durant une heure d’un couple qui fait l’amour, les diverses différentes poses de ces deux corps sont superposées. La Superposition du corps peut se voir déjà par la photosynthèse, Dolorès nue de Krzysztof Pruszkowski, en 1985. Dans Longue exposition (N° 152-8), il a photographié la glace fondue durant vingt-cinq heures. Tous nos instants, tous les instants sublimes, tous nos instants historiques sont fondus dans l’air comme le brouillard ou dans la lumière.

La série de la ville dans Longue exposition, est la troisième série dans On-Air Project. Et sa durée de la photographie est en Huit heures. Atta Kim a photographié tous les quartiers de quatorze grandes villes du monde comme New York, Washington, Moscou, Tokyo, Pékin, Berlin, Rome, Venise, Prague, Athènes, Delhi, Londres, Séoul, Paris. Tous les mouvements ont disparus comme des poussières dans l’air. Toutes les rencontres d’Atta Kim a fait durant Huit heures, tous les mouvements de la ville ont disparus et, il ne reste que le bâtiment de la ville et des poussières noires dans l’air. Ces poussières noires sont nos traces, nos mouvements de la vie. Atta Kim a fait disparaître dans le temps de Huit heures ou dans la lumière toutes choses qui ont été en mouvement.

La série DMZ [14] est la photographie de la zone démilitarisée entre Corée du nord et Corée du sud. Atta Kim a photographié ce lieu en hommage de tous les soldats morts durant la guerre de la Corée. 800.000 morts de militaires coréens, nordistes et sudistes et 57.000 morts de militaires des forces de l’ONU. Aujourd’hui, c’est le calme qui règne dans cette zone.
Par ce projet, Atta Kim a voulu dire que « Ce qui bouge précipitamment disparaît rapidement, ce qui bouge lentement disparaît doucement » [15]. « All thing eventually, however, disappear. Toutes choses finissent, néanmoins, par disparaître », dont la phrase qu’il a mise entre son nom et son prénom en première page de son site [16]. Dès que l’on touche son nom ou son texte avec un clavier, la phrase disparaît comme une fumée.

Atta Kim a photographié durant Huit heures en se référant Joseph Nicéphore Niépce (1765-1833), l’inventeur de la photographie. L’été 1826, par la fenêtre de son domaine du Gras à Saint-Loup de Varennes, Nicéphore Niépce a laissé l’obturateur ouvert durant Huit heures pour fixer une image sur une plaque (spécialement préparée avec du bitume de Judée). Mais aujourd’hui, Atta Kim photographie durant Huit heures pour effacer des mouvements. La durée du temps pour lui est aussi le temps de la légende de Maha et de Prajna :

Le temps transforme la masse d’un rocher en poudre afin de devenir la terre et la poussière. La terre devient à nouveau une pierre et un un rocher à l’auberge du temps. L’ombre du temps le fait. Avec le temps, avec l’ombre du temps bien longue, le roc parvient de la terre, et la terre se transforme à nouveau en un solide rocher. Toutes choses font un long voyage avec le temps. La légende de Maha et de Prajna parvient d’un rocher et de la terre, et la terre devient un rocher, ainsi de suite, c’est une continuation du cycle [17].

Cette technique de Longue exposition ou surexposée a été déjà utilisée par d’autres photographes. Par exemple, Michael Wesely a photographié son bureau ou la ville de New York durant deux ou trois ans. Nous voyons la trace d’effacement dans une seule photographie. Première vue, dans la série Théâtre de Hiroshi Sugimoto, on voit juste l’écran blanc et l’architecture de la salle de cinéma. Mais, Hiroshi Sugimoto a photographié durant le déroulement du film long métrage. Nous voyons tout effacement du film d’une heure et demie ou deux heures. Je cite Hiroshi Sugimoto : « les histoires, ces impuretés humaines, s’évaporent au milieu de la lumière, et ce qui reste est précisément zéro » [18]. Hiroshi Sugimoto n’a pas été intéressé la photographie du lieu ou de l’architecture, mais il a photographié le rien, le vide. Toute l’histoire du film s’est évaporée. Et sur la photographie ne reste qu’un écran blanc lumineux. Cet écran blanc évoque la lumière comme écrit Léonard de Vinci dans son ouvrage, Traité de la peinture : « Le blanc équivaut à la lumière » [19]. L’artiste a photographié le blanc, vide qui représente la lumière.

La série Indala (2008-2009) est la dernière série On-Air Project. Tous les êtres vivants dans la ville disparaissent et nous ne voyons que des nuages gris (Fig. 8. Delhi-10000). Il a photographié tous les coins de la ville, puis il les a superposés : « La ville urbaine complexe, la ville chaotique et toute rencontre dans la ville ont disparu. Et sur la photographie, il n’y remplit que la couleur grise qui ressemble à la couleur de cendre ». Les mouvements de notre vie, la trace des êtres vivants et les bâtiments de la ville qui étaient dans la série Huit heures, ne sont plus là. Il ne reste que le brouillard gris ou des poussières noires dans l’air que nous avons vu auprès de la terre dans la série Huit heures.

Fig.8

La série Indala est créé par un processus physique à l’aide d’une nouvelle technologie. Atta Kim a conçu la série Indala en 1998, mais la réalisation de la série Indala était impossible par le processus analogique. Mais en 2007, l’évolution numérique lui a permis de réaliser cette série. La nouvelle technologie lui a aidé à élargir le champ de la représentation [20]. D’habitude, la photographie a servi comme document de l’histoire de notre passé ou comme la trace des événements du monde ou de notre vie qu’ils soient grands ou petits. Mais la photographie d’Atta Kim désigne quelque chose d’invisible au-delà du réel. Elle nous représente le monde invisible. « La photographie est reconnue comme une représentation du phénomène du monde visible. Alors photographier ce qui est invisible n’est pas un langage photographique » [21]. L’artiste ne considère pas que la photographie n’est une reproduction de l’apparence du monde visible, ni la représentation de la surface des choses. D’ailleurs, il confirme dans son ouvrage, Le Nirvana de la rose : « Je ne suis pas enfermé dans le cadre photographique » [22]. De même, il a élargi le champ, le langage photographique par la série Indala. Lee Ju-hyang, professeur de philosophie a donné une critique en appuyant sur les photographies d’Atta Kim :
« La photographie n’est pas un enregistrement de la mémoire ou du souvenir, ni l’histoire, un moyen de dénonciation, mais c’est une trace de la recherche de la vérité ou de la voie pour éveiller le sens du monde invisible à travers la photographie, par l’image visible » [23].

Toute forme de la ville a disparu, poussiéreuse. Indala est remplie par un brouillard gris tantôt sombre, tantôt clair. Pourtant, tout est dedans, les dix mille photographies sont dans ce brouillard « physiquement » [24]. À la fois le rien (mu) et les myriades d’éléments sont fondus dans Indala en abstrait. Toute vie, toute énergie, toute émotion, toute tension, toute légèreté, toute gravité, toute profondeur, toute pensée réfléchie, irréfléchie, toute superficie, etc., tout a disparu comme l’effacement du mandala Kalachakra lors de la cérémonie bouddhique. La série Indala est une nécessité pour Atta Kim, parce que « Indala représente le monde invisible, car le monde invisible est aussi un des phénomènes du monde » [25].

Atta Kim explique le mot Indala, le titre de la série : « Indala et Indra’s net sont les mêmes mots, et l’univers est interconnecté comme un filet » [26]. Comme son explication, le mot Indala équivaut à Indra’s net [27] qui signifie le filet d’Indra ou un réseau d’Indra. Indra est le roi des dieux et seigneur du ciel, l’inventeur de l’univers védique. Selon l’Inde ancienne, les hommes sont dans l’univers d’Indra, dans le réseau d’Indra. Toute existence a tout en relation dans le filet Indra. Ce filet d’Indra qui est l’univers d’un réseau d’interconnexions et d’interdépendances évoque la vie du karma, selon la chaine de Yeunki du bouddhisme qui crée la cause et l’effet par cause directe et indirecte. Atta Kim confirme cette pensée Indala, Indra’s net : « Tout ce qui existe est interconnecté » [28]. Cet Indala rappelle les douze maillons, sibizi yeonki [29] du bouddhisme. Tout est lié dans le réseau, interconnexions et interdépendances, dans Indala, dans ce réseau Indra, en créant la cause et l’effet comme dans le réseau numérique où le méga data d’images s’explose et se croise.

Fig.9

L’univers est un monde d’un grand univers en rencontrant tout homme qui est un petit univers avec avec d’autres personnes, d’autres univers (Fig. 9.) L’illustration de David Parrotte [30] représente bien cette pensée du bouddhisme que chaque bijou reflète dans l’univers avec d’autres. Tout est lié. Tous sont liés. Fig. 10 Une autre métaphore d’un "filet d’Indra" par Rajiv Malhotra [31] nous fait apercevoir l’univers Indra. Tout ce qui existe dans le filet d’Indra implique tout ce qui existe.

Fig.10

Nous ne voyons pas toutes ces connections avec les autres, d’ailleurs, nous ne voyons pas tout réellement. Car, la capacité de nos yeux est limitée. Nous voyons simplement la couleur grise dans Indala, mais nous ne sommes pas capables de voir les dix mille photographies superposées. Dans Indala, la couleur grise ressemble à la couleur de cendre. Nous savons que cette seule couleur n’est pas une seule couleur, ni une chose, ni un seul paysage de la ville. Ce nuage gris représente plusieurs couleurs de toutes choses, de tout paysage de la ville. Il me revient le Dao de Laozi, 42e dans Daodejing : « le Dao engendre un, un engendre deux ; le yin et le yang, deux engendre trois ; le yin, le yang et le vide ou le souffle, trois engendre les dix mille êtres » [32].

Pourtant nous le savons très bien que même ce qui est invisible, nous ne pouvons pas dire qu’il y a rien comme dit Bouddha historique : « Le vide est comparable au vent. Car la forme du vent est invisible est insaisissable, mais il ne signifie pas qu’il n’y a rien. De même, on ne peut pas voir la forme du vide, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien » [33]. Dans cette image, 5 290 mots de Daodejing de Laozi superposés. « Cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien » (Fig. 11). Tous les mots de Daodejing ont disparus et devenus un nuage ou tout comme barbe à papa. En voyant le résultat de Daodejing, Atta Kim s’est dit que : « Je suis enfin libéré d’un énorme poids de Daodejing » [34]. Atta Kim a dessiné ses sentiments par une illustration, Teungurum japneun saram (L’homme qui attrape le nuage flottant) dont il a attrapé ce nuage gris ; 5 290 mots de Daodejing dans sa main. Il en va de même pour Analectes de Confucius (Gongzi, non-eo), 15 817 mots, et pour Prajna-Paramita Sutra (Banysasim kyeong), les précieux enseignements de Bouddha en 260 mots sont devenus un nuage gris, ou un dessin flou, gribouillé. Le Prajna-Paramita, Banya, c’est être libéré du cycle de la métempsychose et atteindre à la haute sagesse.

Fig.11

Ces enseignements qui sont devenus une forme de nuage m’évoquent une anecdote d’une barque à la rivière. Une barque est un outil qui nous amène à une autre rive. Après traverser la rivière, si on part pour un long voyage de la terre [35], on ne l’emporterait pas cette barque sur le dos. Cette barque est une métaphore de tous les enseignements que vous trouverez dans toute votre vie. Toute rive possède sa barque, on rencontrera une nouvelle barque dans toutes les rivières. Tout est vide, « il n’y a même pas l’esprit-cœur alors où se poserait la poussière » dont le poème de Hui-neung, sixième patriarche me revient. Indala est une indication pour trouver le sens du monde invisible.

La série Indala évoque la fameuse phrase de Bouddha : « La couleur est donc le vide, le vide est donc la couleur » [36] : saekjeuk sigong, gongjeuk sisaek dans Prajna Paramita Sutra (Sutra de la sagesse suprême). Les dernières paroles assemblées de Bouddha historique ; 260 mots. Atta Kim interprète ainsi : « Ne pas trouver la couleur dans la lumière, mais trouver la lumière (la nature) dans toute couleur (la chose) » [37], tout comme les œuvres de James Turrell. Dans l’œuvre Guzfied Apani de James Turrell, la lumière éblouissante remplit pleinement la salle, et nous constatons cette lumière par nos yeux, pourtant nous ne pouvons pas la saisir par la main. Guzfied Apani de James Turrell nous inspire ainsi la fameuse phrase : « La couleur est donc le vide, le vide est donc la couleur ». C’est comme Atta Kim a dit « Ne pas trouver la couleur dans la lumière, mais trouver la nature dans toute chose ». Atta Kim confirme dans son ouvrage Nirvana de rose (Jangmieui yeolban) : « La lumière existe dans toutes couleurs. La couleur d’ici est la chose et tout ce qui existe » [38]. Cette couleur grise d’Indala est comparable à la couleur de terre lorsque les moines Namgyal effacent le mandala Kalachakra : toute couleur de poudres colorées, tous les symboles de la divinité et du monde deviennent en couleur de terre, des poussières.

Atta Kim nous propose « Entrez dans la photographie ». Une seule image, une seule photographie de Indala s’imprègne de tout sens. Indala est « un vide éternel » de Laozi : « Le Tao est tel un puits : sans cesse utilisé mais jamais tari. Il est comme le vide éternel : empli d’infinies possibilités. Il est caché mais toujours présent. » [39]. D’ailleurs, Atta Kim explique sur Indala dans une interview avec un critique d’art, Hong Kyoung-han : Tout n’est pas visible, mais tout est là, présent, dedans. 

Tout ce qui est invisible ne peut pas dire qu’il n’existe pas.
Si on entend le bruit de l’eau auprès de la chute, ce n’est pas seulement le bruit d’eau qui existe, lorsque le bruit d’eau de la chute disparaît, on entendra le chant des oiseaux.
Même le chant des oiseaux disparaît, à ce moment là, on ressent l’existence des insectes frêles.

Tout ce qui est invisible ou inaudible ne peut pas dire qu’il n’existe pas » [40].

Atta Kim révèle et fait émerger ce qui est invisible, le monde invisible. Indala semble comme un monochrome gris où certains verrons comme un vide, l’absence de matière. Pour les occidentaux, la série Indala peut représenter le vide comme l’absence de matière, mais pour les Extrême-orientaux, Indala évoque le vide immatériel, le vide (gong, ku en japonais) du bouddhisme. Le vide du bouddhisme ne signifie ni néant, ni absence d’être, ni plein qui est opposé au vide. Ce vide désigne le véritable vide : « Là où il y a la forme, il y a le vide ; là où il y a le vide, il y a la forme ». Ce véritable vide est comparable à la lumière de la sagesse, au Tao. Laozii insiste sur le fait que « Toutes choses naissent de l’être. L’être naît du non-être » [41]. Cet non-être ne signifie pas le néant ni l’absence de matière.

Dans la vie contemporaine, on consomme les images, mais aussi on les produit dans l’époque du réseau numérique. Dans ce réseau, dans le monde virtuel, dans le monde où circulent les méga data images, tout accès est libre. Tout le monde peut publier librement leur image de tout instant, tous leurs mouvements intentionnels ou non (parfois provoquant le problème du droit d’auteur). Dans ce monde du méga data, tout tourne en vitesse, Atta Kim nous propose de ralentir ; au lieu d’absorber toute image, lire attentivement le mouvement dans le calme, le Jeongjungdong, comme écouter un chuchotement dans ces cris de déferlement d’images. La série Indala nous fait découvrir une rareté. C’est cette attention rare qui nous indique le chemin pour trouver notre nature et être nous-mêmes face à ce déferlement d’images et d’informations.

Un journaliste écrit que Atta Kim a expliqué que le titre d’Indala serait les deux mots composés ; Indra + mandala. Sa suggestion est convainquante, car ces mots représentent : univers d’Indra (dieu céleste) + mandala (le chemin de la recherche vers le véritable vide ou de la sagesse). Avec tous ses projets et les séries, Atta Kim poursuit son chemin de la recherche vers soi, la lumière de la sagesse. Cette lumière de la sagesse se trouve au fond de chacun de nous.

Atta Kim a photographié un bouquet de roses durant 17 jours. Toutes les roses sont complètement séchées, alors il les a jetées dans la poubelle. En regardant les roses dans la poubelle, par curiosité, il les a reprises et les a brûlées. Mais alors le parfum de la rose était si fort, imaginable, il se sentait comme paralysé [42]. Tout est effacé, on ne voit qu’une image grise et floue comme un brouillard. Pourtant tout est présent « dedans », dans ce nuage gris. Regardez bien sans pensée, patiemment, vous verrez le mouvement dans le calme, dans le silence, une petite voix qui est au fond de vous chuchote en vous, dans ce monde du déferlement des images.

Notes

[1La première page du site officiel d’Atta Kim : <http://www.attakim.com/main.html> .

[2Atta Kim, Jangmieui yeolban (Nirvana de la rose), Bakha, 2014, Paju, p. 59. Sauf mention contraire, les traductions du coréen sont de mon fait

[3Atta Kim, Jangmieui yeolban (Nirvana de la rose), op. cit., p. 36-37

[4La série Deconstruction (1991-1995) est les photographies en noir et blanc, comme la suite d’une catastrophe. D’autres critiques ont estimé que son utilisation du corps comme un objet reflète « le sens de l’être sacré » qui est présent en toute chose (animée ou inanimée), et « les éléments composants » de toutes les choses sacrées.

[5Holland Cotter, le 12 juillet 2006, The New York Times, consulté le 24 mars, 2017, <http://www.nytimes.com/2006/07/12/a...>  : « The pictures that resulted were effective : quiet, miminalist, mildly surreal. They placed bare bodies where they would not otherwise be found, but also made the bodies as untouchably inorganic as antique sculptures in a gallery or expensive machines in a showroom ».

[6Ses portraits ressemblent aux portraits de Thomas Ruff en 1988 comme les photos d’identité prises dans une machine de photomaton.

[7Déjà cité à la page 1 : Atta Kim, Nirvana de rose (Jangmieui yeolban), op. cit., p. 59.

[8Lawick & Müller, Consulté le 4 mars 2017 : <http://www.artmag.com/galeries/c_fr...>  : « Loin de juxtaposer simplement les portraits des deux personnalités, Lawick & Müller effectuent une synthèse de ces portraits par ordinateur pour aboutir à une personnalité unique fictive qu’ils baptisent "métaportrait" ».

[9JR comme le nom initial John Ross Ewing II (rôle de l’acteur Larry Hagman) apparaît dans la série américaine Dallas.

[10Plusieurs maîtres du bouddhisme le dessinent pour leur pratique zen. Ce wonsang est un des mille sept cents gongan (koan en japonais). Gongan ou koan, peut se traduire par « la clé du songe ».

[11Atta Kim a exposé plusieurs fois la statue bouddha sculpté en glace, en reproduisant le bouddha de la grotte de Seokguram (751-774, conçu par Dae-sung Kim), le fameux statut de dynastie Silla de Corée du sud.

[12D’habitude, la statue de glace fond dans la température ambiante durant une semaine, mais la chaleur d’été de la Corée du sud a fait fondre plus rapidement.

[13Atta Kim, Jangmieui yeolban (Nirvana de la rose), op. cit., p. 298.

[14Zone minée (on estime le nombre de mines à 1 million) et surveillée par 700 000 soldats nord-coréens et 410 000 soldats sud-coréens. Elle est créée le 23 mars 1953 : d’une longueur 248 km pour envions 4 km de large, située à la frontière entre les deux pays. Elle coupe la péninsule coréenne approximativement au 38° parallèle. La guerre a été déclenchée en 25 juin 1950 et a fini le 27 juillet 1953.

[15Ibid., p. 23.

[16Le site officiel d’Atta Kim : <http://www.attakim.com/main.html> .

[17Atta Kim, Jangmieui Yeolban (Nirvana de la rose), op. cit., p. 298.

[18ARTiT, Vol. 3, N° 4, automne/hiver, Tokyo, The Asia pacific art scene, 2005 : Shimizu Minoru, « Sugimoto-Guardian of the Void » dans Sugimoto : Spatial Perspectives, p. 64.

[19Léonard de Vinci, Traité de la peinture, traduit de l’italien par Joséphine Péladan, Paris, Librairie Delagrave, 1910, p. 210.

[20Atta Kim, Jangmieui Yeolban (Nirvana de la rose), op. cit., p. 59-60.

[21Atta Kim, Jangmieui yeolban (Nirvana de la rose), op. cit., p. 59.

[22Ibid., p. 59.

[24Interview avec Hong Kyoung-hna : Atta Kim Special Talk (3-4) durée 13 mn 23 : ChangwonMBC 20110627 : <https://www.youtube.com/watch?v=GCe...> ,1 :29 .

[25Ibid., p. 59.

[26Atta Kim, Jangmieui Yeolban (Nirvana de la rose), op. cit., p. 267.

[27Rajiv Malhotra, « Indra’s net » 2014, consulté le 20 mars 2017 : <https://en.wikipedia.org/wiki/Indra...> .

[28Ibid., p. 269.

[29Maître Seong-Cheol, Baekil beopmun, sang (Enseignement de cent jours, Tome I), Heinsa, Hapcheon, 1987, p. 96-104. In., Hyeon-Suk Kim, L’art et l’esthétique du vide, p. 77 et p. 225. Le yeonki : la loi de la causalité. Douze maillons de sibizi yeonki (dvadasanga pratityasamutpada) : 1. mumyeong (avijjã), l’ignorance, haeng (sañkhãra), l’acte, sik (viññãna), la distinction, myeongsaek (nãmarpa), les formes et les noms, yukcheo (salãyatana), les organes de cinq sens : l’œil, l’oreille, le nez, la langue, le corps, et esprit-cœur (ma-eum) ou la conscience, chok (phassa), l’impact par le toucher ou la perception, su (vedanã), la sensation ou la réception, ae (tanhã), le désir ou l’amour, chwi (upãdãna), l’attachement, ou la préhension yu (bhava), la possession, saeng (jãti), la naissance, nosa (jarã – marana), le vieillissement et la mort.

[30L’illustration trouvée dans Indra’s net, Huayan school édité, consulté le 20 mars 2017 : <https://en.wikipedia.org/wiki/https...>

[31Rajiv Malhotra, The Védic of Indra’s Net dans Dharma Today, publié le 2 octobre 2016 : <http://dharmatoday.com/2016/10/02/v...> .

[32Noja, Do deok gyeong (Dao de jing), interprété par Lee Min-Su, Séoul, 1994, p.148. Laozi Lao Tseu, traduit par Daniel Nazir et Marc Haven, Paris, Dervy-Livres, Mystiques et Religion, 1991, p. 66, le 42e : « le Tao a produit un, un a produit deux, deux a produit trois, trois a produit les dix mille êtres ».

[33Maître Seong-Cheol, Baekil beopmun, sang, Baekil beopmun, sang (Enseignement de cent jours, Tome I), citant Bouddha, op. cit., p. 129.

[34Atta Kim, Nirvana de rose (Jangmieui yeolban), op. cit., p. 287.

[35Vous utilisez pour traverser la rivière, mais lorsque vous arriverez à une autre rivière, vous trouverez à nouveau une autre barque (un autre enseignement). En supposant que dans toutes les rivières, vous trouverez une barque parfois magnifique ou simple. Lorsque vous avez traversé la rivière avec une belle barque et débuté le long chemin sur terre, quelle que soit la beauté de barque, vous ne partira pas dans votre voyage en terre en portant cette barque sur votre dos. Pour dire que tous les enseignements qui sont déjà imprimés en nous.

[36Shakyamuni Bouddha, Prajna Paramitra Sutra, Sutra de la sagesse suprême), interprété par Gongyeon mudeuk, Séoul, 1991, p. 63, 64 et 68.

[37Atta Kim, Nirvana de rose (Jangmieui yeolban), Bakha, 2014, Paju, p. 162.

[38Ibid. p. 162.

[39Lao Tseu Laozi, Tao Te King Dao De Jing, traduit du chinois par Stephen Mitchell, traduit de l’anglais par Benoît Labayle, Paris, Synchronique, 2008.

[40Atta Kim Special Talk (3-4) avec Kyoung-han Hong. 2011.6.27 (durée 13 mn 23 : ChangwonMBC 20110627 : <https://www.youtube.com/watch?v=GCe...> , texte affiche entre 2 :35 4 :12.

[41Lao Tseu Laozi, traduit du chinois par Stephen Mitchell, traduit de l’anglais par Benoît Labayle, Paris, Synchronique, 2008, p. 40.

Hyeon-Suk KIM est artiste, docteur en Esthétique, sciences des arts et enseignante-chercheuse associée TEAMeD/AIAC, à l’université Paris 8. Ses domaines de recherches sont l’art contemporain et la philosophie de l’Extrême-Orient, particulièrement « le vide » et le zen.