dimanche 31 mai 2020

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Frenchmasks SGDG

, Guillaume Dimanche

Cent autoportraits nés dans la torpeur
Du confinement subit au printemps 2020

Dans la constitution de la réponse,
De l’absence de réponse plutôt,
Offerte par les gouvernants,
Par les discours et les images
Produits par les organisateurs
De la gestion de la vie quotidienne,
De la vie politique, dont nous sommes
Forcément dépendants, astreints,
Par choix, par nécessité, par contrainte,
Nous avons été commandés de rester
À résidence.

Ce temps, enfermé, face à nous-même,
Face à nos vies, face à nos envies,
Face à nos besoins, réduits, simplifiés,
Entre les regrets, les colères,
les peines, les peurs aussi,
mais des joies,
Nous étions obligés par défaut.
Il a fallut inventer.
L’État était absent.

Il a été débordé par un événement,
Un virus, réel,
Accentué par ceux, virtuels,
Qui parcourent nos écrans sous nos yeux.
Né trois mois avant son arrivé
Sur le territoire qu’on nous disait
Ouvert et partagé avec d’autres
Pour plus de puissance et de sécurité.

Le château s’est écroulé.
Tous les discours d’assurance
De pouvoir, d’autorité, de grandeur,
Dans les mots et les images,
Les appels à l’histoire,
À l’unité nationale,
Sous le maquillage et les éclairages
Des communicants,
Ont sonné creux.

Nous avons lus les mensonges.
Ces propositions de protections,
La tapette à mouche, le pissenlit,
le soulier, les déchets, le charbon,
Derrière la première dose
D’humour et de caricature,
Posent évidement des questions
Plus lourdes de sens,
Qui n’ont de réponse que dans
Une civilisation agonisante.
Les normes ont interdit des envois,
Privés,

Depuis des amis chinois.
La loi exige des formats, des dessins,
Des intermédiaires, des routes,
Des dépenses contrôlées.
Une économie contrôlée.
Et puis sont apparues les individus.
Leurs inventions, leur travail.
Mais déjà les habitudes reprennent.
On tente d’oublier dans des plaisirs
Lucratifs,
Ces instants imaginaires.

Le chemin est contrôlé.
Toujours contenu. Imposé.
L’invention nécessaire est devenue
Contrôlée, illégale, interdite.
Le marché a repris la main sur la liberté.
La culture sera le dernier des sauvés.
Sur le Titanic ce sont les musiciens
Qui ont joué les derniers.

L’art est un jeu.
Il n’est pas utile.
Il n’est pas économique.
Il ne peut pas être utile à l’économie.
Il est un contre pouvoir.
L’art n’est pas un jeu.
L’art ne peut pas être intégré

Dans un tableau Excel.
La vie est plus rentable sans esprit,
Sans création, sans invention, sans joie.
Le cerveau ne peut pas être seulement
Disponible pour acheter des produits,
Il doit être aussi vide
Pour fabriquer et vendre.
La consommation est l’économie
qui remplit l’esprit vacant.
La communication est l’outil
Qui réconforte des informations
Effrayantes, exacerbées, épinglées,
Prononcées, télévisées, réseautées.
Le contrôle de l’individu,
De sa pensée,
Semble être un modèle
Qui courre pour permettre l’agrandissement
Infini, croit-on,
De la richesse, inutile, de quelques-uns.
Les questions, vitales pour tous,
Sont contrées par la distribution
Submergeante,
De biens de plaisirs futiles.

L’art, la pensée, l’intelligence
Sont dangereux.
C’est pourquoi,
On attire quelques grands artistes,
On aveugle l’économie
Avec des étoiles trop brillantes,
Pour simplifier les discours,
Pour simplifier les esprits.

J’ai tiré cent autoportraits,
Vains.