Egon.a la Pangolémie

Mais que faut il penser sur toute cette histoire virusiek ! on est mortel ho ! la belle vilaine affaire $ !
un oxymore donc mortel celui là !
de rire
d’un rire sardonik
à souhait comme il se doit !
une video que je nomme :
Le professeur Van CHAARL HöTTE te parle
m’a fait éclater de rire !
brave médicament indispensable !
évidemment !
dans le milieu introduit (sic)
on nous dit qu’il n’y aurait pas de médoc
rien nada !
koi que !
ha ! ça ira ça ira !
allo ! Marseille ? klorokokine !
ainsi le rire devient la seule médecine disponible autorisée
à prendre en auto médication sans effet secondaire garantie ! à moins que l’on nous borde encore un peu plus
avec l’injonction ministérialisiek :
défense de rire
français encore un effort !
alors rions ! sans forfait !
remontées mécanik gratis du nirvana de la rigolade !
merci professeur enfin Xavier Numa Borloz
prenons l’ordonnance joyeusement !

AW

Xavier Numa Borloz - Egon.a la Pangolémie from TK-21 on Vimeo.

Nous connaissons des secrets qui ne se révèlent que dans cet endroit, la grotte, l’endroit où les Corps se rejoignent à l’infini.
Transmetteur / La maturité de notre expression artistique le permet.

A plusieurs voix, par notre corps émerveillé, — dans ce contexte, l’attention se tourne vers nous —, visionnaires, nous incarnons chacun.e.s nos scènes en simultané, cette nuit-là, au passage d’une saison à l’autre. Je lévite dans ma chambre, nue, je suis en mouvement continu, je suis Bodygirl, je suis l’entraîneuse. Mes concrétions céramiques sous mon dos, ça me fait mal, mes poupées piétinent mon corps, mon bloc en verre crisse sur le sol de ma chambre, je me perche dessus et je tourne, en équilibre, bien droite.
Thomas Laroppe traverse Paris ou prend son bain, traverse les images d’un film projetées dans son salon, s’agenouille sur sa terrasse, son corps à nu, nous tournant le dos, nous offrant les mille lumières de Paris éclairant une ville vidée de sa faune terrienne, il est accompagné de son ami-invité à suivre ses mouvements en le filmant avec son téléphone à main.
Pascal le Gallois peint avec la lumière, il est ventriloque, d’une perche agite un masque au sourire sardonique et la tête enfantine d’une poupée clown, le serpent rouge feu tournoie, cartomancien, lecteur, approfondisseur vocal, les fesses découvertes vêtu de son sur-pantalon pour sa lecture cowboy. J’éclate de rire, je viens de découvrir sa tenue en levant le nez vers l’écran. Sa voix, sa musique traversent et créent le temps. Ses gestes de magicien s’auto-génèrent et rebondissent pendant que nous déroulons Egon.a ensemble.
Xavier-Numa Borloz, porte attention à nous, à chacun de nous, se donne la parole, il devient notre porte-parole tout comme de la sienne propre, il émet Le message, il syncrétise.
Les gouttes sonores de Jeffrey Louis-Reed ruissellent, il est chez lui à Hastings face à son piano, Johanna à ses côtés, pendant que Maya Arbel à Tel Aviv devient blanche, se poudre la peau du visage en gros plan face caméra, elle efface ses lèvres, ouvre sa bouche qui devient, le temps d’un instant continu, la bouche absolue, le trou noir (j’associe avec Not I - Samuel Beckett).
Soline de Warren s’encorde, avec des lianes fraîches et feuillues rapportées du jardin, elle s’est mise dans la baignoire pendant que son enfant dort dans la pièce à côté, des images en parallèle représentent les racines d’un arbre prodigieux couché à terre auxquelles elle s’accroche. « Retrouver la sensation, l’espace de l’Instant visible, entre souvenir projeté et grotte intime, du toucher Matière, enroulement Réconfort de la forêt, de l’essence-Terre-Sève de ce paysage inaccessible, en temps confiné, confinement d’un souvenir vivant, vivifiant. » S de W.
La voix de Anna Ten re-dessine mes gestes, je l’entends lorsque je remue dans ma pièce, elle me porte.

Notre ensemble est d’une absolue justesse, du fil qui se déroule en se tendant légèrement pour pointer l’horizon de la nuit. Nous émettons.
La liberté de nos gestes en simultané, avec la joie que cela suscite en nous, rejoint ce que j’imagine que John Cage imaginait pour ses cosmogonies successives.

Nous sommes autant de fenêtres sur la Vie-Vivante, nous émettons du cœur du Volcan Egon, volcan insulaire d’Indonésie, c’est également le prénom d’un peintre familier qui voit aujourd’hui l’image de sa peinture être censurée dans l’espace public, elles aussi des images du secret, celui-là même qui retourne le circuit interne de la vie vers l’extérieur, mort de la grippe espagnole et son père, lui, de la syphilis.

Et un .a pour la féminité redoutablement contagieuse qui n’en finit pas de nous transporter.

Nous rappelons le Corps à nous, universellement, par le corps de l’Artiste, c’est lui qui peut l’incarner, c’est lui qui parle de par son intérieur, le Corps-vibrant de vie, le Corps non-contraint depuis la grotte —nous émettons chacun de l’intérieur de notre espace— par les Corps que la vie prend pour raconter l’histoire singulière des êtres humains, l’artiste, celui qui fait circuler l’espace et le temps en versions illimitées.

Je réunis autour de moi mes amis artistes, visionnaires complices, poètes, des authentiques. Ceux que l’on perçoit même s’ils sont silencieux. Ceux qui ne sont pas invités dans les grandes salles et les white cubes, ce sont les amis de l’intimité et du merveilleux, les plus précieux. Nous sommes chacun.e des personnes traversées et qui l’ont toujours été par le fait d’années à avoir laisser parler ce qui nous transforme.

Sarah Cassenti, le 14 décembre 2020, La Ciotat