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Docere — Placere, les machines aux Tuileries
Sur des images d’Hervé Bernard
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Herve Bernard a fait du jardin des Tuileries le champ d’une œuvre monumentale dont il extrait ici des images sulfureuses puisqu’elles dévoilent les dessous de la vie des statues, ces êtres qui hantent nos rêves plus encore que les morts et qui les ensemencent de visions extatiques.
« Les machines et les décors sont un sujet qui aura passionné Le Nôtre, à l’instar de toute sa génération pour qu’il crée aux Tuileries un théâtre de verdure et à Versailles un théâtre d’Eau et une salle de Bal, tous trois véritables salles de spectacles en plein air. » [1]
« L’érection de la salle du palais Cardinal et la représentation de Mirame [2] le 14 janvier 1641, pour son inauguration, avait créé chez le spectateur un véritable renouveau dans l’émotion ressentie. » [3]
« On ne se contente plus de docere [4] prôné par les humanistes, on aspire à une esthétique liée au plaisir (placere) [5]. » [6]
« L’action l’emportant sur le récit, les effets et leur renouvellement jouent désormais un rôle central, la perspective un rôle fondamental, et le jardin est appelé à revenir sans cesse dans les thèmes retenus pour les décors spectaculaires qui s’enchaînent sur Le Nôtre à raison parfois de cinq représentations. » [7]
[...]
« Dezallier [8] a décrit un de ces groupes sculptés que l’on distingue parfaitement sur le tableau de Pierre-Denis Martin et qui "a toujours été l’énigme du Sphinx pour ceux qui ont essayé de deviner le sujet. » [9]
« Il représente deux hommes : l’un porte un squelette sur ses épaules, et l’autre tient un marteau ; près de ce dernier on voit une enclume et un soufflet. » [10]
« Là, c’est Prométhée se rendant à la forge d’Héphaïstos, portant sur son épaule le squelette d’argile qu’il a modelé ; plus loin, Énée fuit Troyes en flammes portant son père Anchise sur ses épaules, son fils Ascagne à ses côtés. » [11]
Le groupe de Persée délivrant Andromède n’est pas moins impressionnant que celui de Méléandre consumée par les flammes. » [12]
Notes
[1] André Le Nôtre, Patricia Bouchenot-Déchin, éditions Pluriel p 252
[2] Tragicomédie écrite par Jean Desmarets de Saint-Sorlin sur une idée et avec une large contribution de Richelieu
[3] idem p 252
[4] instruire
[5] plaire
[6] idem p 252
[7] idem p 252
[8] Antoine Joseph Dezallier d’Argenville 1680-1765, sa Théorie et pratique du jardinage connaît en France une grande popularité et est traduit en anglais en 1712 et en allemand en 1731. À partir de 1751, les travaux qu’il a entrepris pour réaliser cet ouvrage lui permettent de devenir l’un des contributeurs majeurs à l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, pour laquelle il rédige plus de 540 articles sur le jardinage et l’hydraulique.
[9] idem p 296
[10] idem p 296
[11] idem p 296
[12] idem p 296
