samedi 3 août 2019

Accueil > Les rubriques > Images > Art Orienté Objet à Lourdes

Art Orienté Objet à Lourdes

Des visions simplement artistiques ?

, Marion Laval-Jeantet et Pascal Pique

Le duo d’artistes Art Orienté Objet, formé par Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin travaille à retarder la fin du monde. Ils développent une œuvre singulière sur la nécessité de préserver la biodiversité à partir de leurs recherches en biologie, en éthologie ou en anthropologie.

Ils sont autant passionnés par les sciences du vivant et les nouvelles technologies que par les mondes visionnaires et les cultures traditionnelles ayant gardé un lien à l’Invisible. Ils ont été parmi les pionniers de l’art bio tech et de la défense de la cause animale à travers l’art contemporain. La jonction de ces domaines qu’ils expérimentent et transmettent avec leurs œuvres, représente aujourd’hui un horizon incontournable : celui d’un art de l’antidote du prendre soin et de la réparation fondé sur des processus de réenchantement. Pour le château fort musée pyrénéen de Lourdes ils ont conçu une double proposition qui parle de transhistoire, de survivance des espèces, de biodiversité biologique et de climat. Avec l’ambition d’un art responsable qui participe à l’invention d’une nouvelle culture de la nature et du vivant.

Art Orienté Objet, Andachtsraum, l’aigle et le brochet, 2019
Création pour In situ 2019 au Château fort-Musée Pyrénéen, Lourdes Néon bleu, 500 x 80 cm (photos Luc Jennepin)

Pascal Pique : Lourdes représente un endroit un peu particulier pour émettre une proposition d’art contemporain. Qui plus est depuis le Château fort – musée Pyrénéen qui surplombe d’un côté les sanctuaires de pèlerinage et de l’autre la ville profane. Quelles sensations avez-vous eues et comment avez-vous pris le problème d’une double intervention à la suite de votre première visite ?

Marion Laval-Jeantet : Lourdes est surtout une ville de grand passage, donc pourquoi pas d’art contemporain ? Du haut du château les sanctuaires semblent très lointains, c’est davantage le poids de l’histoire médiévale qui s’impose. Et la très importante collection d’objets régionaux et ethnographiques qu’abrite le château. Ce qui nous a d’emblée impressionnés était cette vaste fresque régionaliste qu’a développé Margalide Bondidier dans le musée, répertoriant non seulement les meubles et costumes pyrénéens, mais aussi les animaux, la géologie, les traditions populaires et ésotériques, jusqu’à l’architecture locale qu’elle a modélisée à l’extérieur du musée. Cet ensemble incroyable et foisonnant nous a conduits à nous repencher sur la question transhistorique : comment parler artistiquement des origines, du présent et du futur dans un cadre muséographique construit dans la première moitié du XXe siècle ?

Art Orienté Objet, Andachtsraum, l’aigle et le brochet, 2019
Création pour In situ 2019 au Château fort-Musée Pyrénéen, Lourdes Néon bleu, 500 x 80 cm (photos Luc Jennepin)

PP : Votre proposition fonctionne en diptyque avec deux œuvres dédiées au monde animal. Comment l’avez-vous échafaudée ?

MLJ : Notre proposition s’est d’abord échafaudée sur ce vertige premier d’un musée qui vous transporte à travers le temps. D’une part elle reprend la légende des origines du blason de la ville sur lequel un aigle tient un poisson dans son bec, qui remonte au siège de la forteresse par Charlemagne au début de son histoire ; d’autre part elle comprend l’intrusion de l’ère informatique qui dépasse la période de collection des pièces du musée, pour aller encore au-delà, dans une anticipation darwiniste décalée.

Art Orienté Objet, Andachtsraum, l’aigle et le brochet, 2019
Création pour In situ 2019 au Château fort-Musée Pyrénéen, Lourdes Néon bleu, 500 x 80 cm (photos Luc Jennepin)

PP : La première œuvre présentée sur le donjon du château est très belle avec ce dessin de l’aigle de cinq mètres d’envergure tracé au néon bleu associé à un poisson qui semble tomber ou fondre du ciel. Il nous renvoie à la légende fondatrice de Lourdes, mais pas seulement ?

MLJ : D’abord l’aigle du blason de Lourdes, Andachtsraum, l’aigle et le brochet, est venu d’un moment où sortant de l’espace intérieur très fourni du musée, nous nous promenions sur la grande terrasse du cavalier et là, levant les yeux, nous vîmes trois grands milans qui planaient au-dessus de la ville et du château. Il n’y a que très peu de villes de cette importance en France où de tels rapaces volent en se sentant chez eux. Aussitôt je revis le moment où des montreurs d’aigles, non loin de Lourdes, se faisaient voler la viande qu’ils tendaient à des rapaces captifs par des aigles sauvages pyrénéens mieux aguerris. C’était fascinant, pour moi, là était le « pyrénéisme », la capacité qu’avait cette région à permettre encore la présence d’une nature sauvage qui résistait, là où elle disparaissait partout. L’inertie temporelle de ce château ayant survécu à tout, devenait le symbole parfait de cette résistance sauvage pyrénéenne, mais il fallait aussi alerter sur les dangers qui guettent si on n’y veille pas. Le titre Andachtsraum, qui signifie « espace de contemplation », est un terme forgé par l’historien d’art Aby Warburg en 1923, pour signifier que la technologie nous faisait déjà faire un pas en arrière quant à la contemplation du monde naturel qu’elle mettait en danger. De ce concept, nous avons entamé une série de néons d’animaux mis en danger par la pression technologique. Et, forcément, il fallait que la grandeur de cette présence sauvage et légendaire, l’aigle et le brochet pyrénéens, se retrouvent sur la façade du donjon, comme une alerte visuelle et électrique pour nous rappeler l’attention que nous devrions toujours leur porter. Car comment vivre si les symboles mêmes de notre culture disparaissent ?

Présentation des cires filées au Musée Pyrénées dans l’esprit de la muséographie de Margalide Le Bondidier

PP : Le second volet est composé du « Camelus Post-humanus » avec le squelette d’un curieux chameau à quatre cornes qui semble garder une déchetterie informatique dans l’ancienne poudrière en contrebas du château. S’agit-il d’une vision post apocalypse ?

MLJ : Après, le Camelus Post-humanus dans la poudrière, questionne la nécessité de poursuivre la collection au-delà de son point d’arrêt dans les années 70, à la mort de Margalide Bondidier. Tout en demandant ostensiblement si nous n’avons pas perdu de vue la question de l’histoire et de la perpétuation, avec l’aberration d’un monde contemporain en obsolescence continuelle. Non sans humour, la bête présentée selon les critères muséographiques des collections d’histoire naturelle n’a encore jamais existé, comme le spécifie son nom « Chameau post-humain »… elle est du reste réalisée avec des squelettes trouvés et recyclés de 6 ou 7 animaux différents, dont forcément celui d’un chameau. Mais elle n’est pas reconstituée comme une pure fantaisie, elle suit les préceptes évolutionnistes du zoologue Dougal Dixon qui a imaginé scientifiquement les critères d’évolution des espèces après la disparition de l’homme. Sauf étrangement celui du chameau. Nous y avons pallié en poursuivant sa logique scientifique. C’est de la pure anticipation, et le matériel informatique épars est là pour le rappeler : une époque où les restes de la technologie humaine du 21e siècle deviendraient restes archéologiques. Alors bien-sûr, ça a l’air post-apocalyptique, sauf à se dire que la vie a eu toutes sortes de formes sur terre, et peut-être que nous aussi…

Art Orienté Objet, Camelus Post-humanus, 2019
Création pour In situ 2019 au Château fort-Musée Pyrénéen, Lourdes Os, débris technologiques, fer, 200 x 250 x 100 cm (photo Luc Jennepin)

PP : Votre mobilisation pour la cause animale est connue depuis de nombreuses années. Vous avez été dès les années 1990 parmi les précurseurs du Bio art. Quel message livrez-vous en particulier ici à Lourdes ?

MLJ : La cause de l’animal est aussi celle de l’homme. Les animaux sont de grands réservoirs pour quantité de sous-espèces, bactéries, parasites, virus… en détruisant leur présence naturelle, nous nous exposons à devenir leurs hôtes futurs. L’humain pense souvent en terme culturel, voire idéologique, plutôt que scientifique, ici ces œuvres sont étrangement des rappels pour notre conscience. Il nous a semblé absolument essentiel de revenir ici, à travers le contraste de visions chaotiques, sur l’importance de l’histoire littéraire d’un pyrénéisme exploratoire, qui a fait débuter des livres comme Robinson Crusoé de Daniel Defoe ou Cinq semaines en ballon de Jules Vernes ici. Sans l’espace imaginaire du monde sauvage et animal, aucune mythologie, aucun rêve humain ne saurait tenir.

On parle souvent de la proximité entre créativités artistique et scientifique, mais la proximité entre ces deux approches nous semble surtout tenir à leur capacité de prendre une distance analytique salutaire avec le réel. Faire de l’art revient pour nous à penser le réel, en prendre conscience et bouger les limites de la sensibilité contemporaine. Et cela nous porte depuis plus de vingt ans à nous interroger sur l’éradication du monde sauvage, mais aussi sur la modification du Vivant biologique et environnemental par l’homme. Une ville comme Lourdes semble excentrée et décalée dans l’histoire actuelle, et pourtant, du fait de sa proximité avec le réservoir naturel des Pyrénées, elle pourrait s’avérer dans le futur être un lieu éminemment utile à l’étude de la diversité biologique, à l’environnement, au climat…

Art Orienté Objet, Camelus Post-humanus, 2019
Création pour In situ 2019 au Château fort-Musée Pyrénéen, Lourdes Os, débris technologiques, fer, 200 x 250 x 100 cm (photo Luc Jennepin)

PP : Il y a une autre dimension de votre travail qui transparaît dans l’aigle de lumière bleue. C’est votre rapport aux cultures de l’Invisible. D’ailleurs l’une de vos premières propositions, « la montagne des esprits », qui n’a pu être réalisée, renvoyait à la mystérieuse tradition des cires de deuil qui est exposée dans le musée. Que représente la lumière pour vous ?

MLJ : La lumière est un outil passionnant pour nous. Inévitablement elle évoque la rémanence de la vie, la présence d’une dimension autre, difficile d’accès et pourtant à proximité. Même si l’aigle venait à disparaître, sa présence évocatoire demeurerait. Dans de nombreuses cultures chamaniques, avec des plantes sacrées, on atteint cette vision irréelle et pourtant si marquante de l’aura des êtres vivants, et certaines auras d’êtres qui ne sont physiquement pas là apparaissent. Elles semblent bleutées, et produisent les contours d’animaux ou de personnes, de plantes parfois, qui annoncent une existence ignorée hors de cette connexion très particulière. L’aigle de lumière et son brochet s’annoncent comme le souvenir renouvelé d’une présence mythique qui fut peut-être réelle…

Art Orienté Objet, Les Tambours apotropaïques ou la machine à conjurer la fin du monde,1994-2018,
Courtesy galerie Les filles du calvaire

PP : A l’image du château de Lourdes, votre travail ne se situe t-il pas à la jonction du sacré et du profane ? Si le sujet est encore assez tabou il est important de l’aborder. Ce à quoi vous vous employez d’ailleurs depuis plusieurs années. Quels sont les enjeux de ce positionnement pour vous ?

MLJ : Personnellement, j’ai du mal à comprendre la question du sacré et du profane… elle implique des interdits, des lois, des conceptions culturelles qui ne me sont pas familières.

PP : Vous faites partie de ces personnes qui percevez des formes de messages ou de visions. Un peu comme Bernadette. Comment adviennent vos propres visions ?

MLJ : Je ne pense pas du tout percevoir des messages ou des visions « comme Bernadette ». D’autant que je vis dans une culture contemporaine très différente de la sienne. J’ai peut-être une sensibilité particulière qui me permet de percevoir des instantanés du monde, des constructions, des structures. J’ai cela depuis que je suis petite, mais je suis aussi une artiste depuis que je suis petite, et ces visions sont peut-être à proprement parler simplement artistiques. Et peut-être que la seule différence qui existe entre moi et d’autres personnes est que, du fait de ma culture familiale, cela n’a jamais été considéré comme une bizarrerie, mais au contraire comme une réalité assumable par certains.

Art Orienté Objet, Ursae lacrimae, 2011,
Installation au Château de Foix, exposition « Quelle histoire » Collection Les abattoirs, Frac Midi-Pyrénées

PP : Dès lors comment s’articulent ces visions du monde et la mise en œuvre de votre art. En d’autres terme vos œuvres ne sont pas que des imageries ou des illustrations de visions ni de concepts. Mais elles sont littéralement chargées et potentiellement actives. Comme dans certaines cultures de l’Invisible tel que le mazzerisme corse dans lequel vous avez des attaches. Quelle est l’importance de concilier aujourd’hui ouvertement ces diverses dimensions : artiste, chercheur universitaire et anthropologue du chamanisme ?

MLJ : Habituellement, les visions artistiques surgissent avec un caractère très finalisé. Je peux à chaque fois décrire précisément ce que j’imagine, ce que je perçois et pourquoi. Mais elles ont aussi quelque chose d’inabouti, c’est pourquoi nous travaillons à deux avec Benoît Mangin, chaque vision est étudiée, discutée, énoncée et lorsqu’elle ne fait pas encore sens, nous la laissons tomber. Cette dialectique est très importante dans notre travail. Elle permet d’écarter le danger, l’anxiété, certaines représentations très négatives du monde, elle permet l’avènement d’une certaine justesse du sensible, dans les meilleurs des cas. Quand nous atteignons cette justesse, quand nous entrons en résonance, alors les œuvres ont effectivement une activité particulière sur la conscience de ceux qui les regardent. Elles sont actives, dans la mesure où elles transmettent quelque chose. C’est cette transmission qui fait dire parfois que nos œuvres sont chargées [sourire]. Pour certains la charge est un concept négatif, pour nous, c’est un concept extrêmement précieux, à l’image de ce que les anciens appelaient l’efficace des images. La charge est la dynamique du sensible, ce qui permet aux esprits de bouger leurs positions, c’est une magnifique activité de l’art, que je place personnellement très au-dessus d’une simple vision. Dans les systèmes chamaniques aussi, la vision est loin d’être l’élément le plus important. Qu’un bon chaman voit est une évidence, mais pour être bon, il doit d’abord être capable de transmettre et de négocier avec les esprits, autour de lui et dans un autre monde. Le chaman change la réalité, il ne se contente pas de voir. Ces processus très anciens, que j’ai étudiés en anthropologie, mais aussi sur le terrain dans de nombreux groupes chamaniques traditionnels, ont véritablement quelque chose à nous apprendre à l’heure où le monde se noie dans sa complexité. Ils nous apprennent l’évidence, la responsabilité, la conséquence de nos actes sans entrer dans une idéologie moralisatrice.

Art Orienté Objet, La peau de chagrin,
Courtesy des artistes, 2009-2010

PP : Vos visions peuvent être redoutables, sévères, réalistes, mais également empreintes d’une dimension particulière. Parfois même d’une certaine douceur. Quelles énergies mettez-vous en œuvre à ces niveaux ?

MLJ : Excusez-moi, je ne comprends pas la question. La transmission simultanée d’une chose et de son contraire est une nécessité ontologique quand il s’agit d’art, selon moi. C’est à celui qui regarde de placer son propre curseur entre ces deux pôles opposés et de voir si le curseur bouge avec le temps, si sa conscience sensible évolue.

Art Orienté Objet, Pioneer World 2, 2001

PP : Vous pensez donc que l’art puisse réellement avoir une dimension prophylactique ou réparatrice. Si c’est le cas c’est un enjeu extrêmement important d’un point de vue individuel et collectif. Dans ce cas, comment nourrir et développer non seulement la vision, mais aussi la culture d’un monde visionnaire qui serait en quelque sorte auto-réparateur ? Et que nous dirait l’Invisible sur le sujet si vous voulez-bien le questionner pour nous ?

MLJ : Oui, au niveau des consciences, forcément davantage individuelles que collectives, l’art peut réparer par la prise de conscience du caractère toxique de certains événements, et par leur sublimation. Peu d’artistes toutefois revendiquent une dimension visionnaire. Car il s’agit d’un concept empreint d’un archaïsme qui a été balayé au siècle des lumières, puis avec la modernité, où soudain il n’était plus envisageable d’évoquer des notions telles que l’inspiration, historiquement inscrite dans la perception d’un autre monde. Si déjà certains artistes reviennent sur cette position, il ne sera pas si difficile de développer la conviction d’un pouvoir réparateur de l’art chez un public très demandeur. En revanche, je n’aurais pas la naïveté de transmettre une vision univoque de l’invisible. Dans le chamanisme, un seul invisible ne parle pas. Ce sont véritablement des milliers d’invisibles qui parlent, et ils sont loin d’être tous amicaux. D’une certaine manière l’autre monde y est décrit comme le miroir du nôtre… Il faut savoir y faire son chemin, ne pas écouter tout le monde, négocier, toutes sortes de raisons pour lesquelles le christianisme s’est éloigné des traditions chamaniques qui précédaient son apparition. Ces pratiques pouvaient s’avérer très dangereuses, comme le montre la culture de l’exorcisme. Il m’est arrivé de croiser des chamanes qui d’un jour à l’autre passaient d’une grande bienveillance à une véritable nocivité, selon les esprits avec lesquels ils devaient négocier pour tel ou tel besoin. Penser que la voie visionnaire serait la voie la plus juste en art, ce serait croire qu’il n’y a qu’une vérité ailleurs, or ce n’est pas le cas. L’art existe surtout pour permettre à chacun de comprendre où placer sa sensibilité pour faire avancer sa conscience émotionnelle. La force de l’art est de revendiquer cette intelligence très particulière qui est celle du ressenti, une intelligence propre à notre incarnation dans un corps sensible qui, selon toutes les traditions mystiques, permet de changer de niveau de conscience d’un monde à l’autre. Et n’est-ce pas déjà incroyable ?

Remerciements : les artistes et le commissariat de l’exposition tiennent à remercier Rachel Suteau, Conservatrice du patrimoine, Directrice du château fort - Musée Pyrénéen, pour sa précieuse collaboration.

IN SITU Patrimoine et art contemporain - 2019
21 juin > 29 septembre 2019
Château fort – Musée pyrénéen - Lourdes
Horaires d’ouverture : tous les jours — De 10h à 19h

https://patrimoineetartcontemporain.com/

Illustration couverture : Art Orienté Objet, Andachtsraum, l’aigle et le brochet, 2019, Création pour In situ 2019 au Château fort-Musée Pyrénéen, Lourdes, Néon bleu, 500 x 80 cm (photos Luc Jennepin)