lundi 1er avril 2019

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Approche met un pied devant l’autre devant

Sororal de Claire Renier

, Claire Renier et Virginie Gautier

En réalisant Sororal, une vidéo faite à partir d’images de feu les cabines téléphoniques, ces boîtes de verre condamnées à la disparition, Claire Renier nous livre une méditation sur la mémoire et sur la manière dont elle nous trouble, nous trompe, nous enivre et nous fait voyager dans un passé proche et déjà effacé.

Sororal - Claire Renier from TK-21 on Vimeo.

Une video à voir en plein écran.

Approche met un pied devant l’autre devant la pointe déjà posée. Pose la plante la semelle selon un tracé (quel tracé) le rebord d’un trottoir un joint entre les dalles. Relie l’une à l’autre des feuilles oblongues mouillées collées aux plis aux pavés. Avance à la vitesse de qui cherche sa boucle (un très petit bijou) une mesure inversement proportionnelle aux tracés des longues trajectoires. Ne devance rien au contraire exécute ce qui se présente l’infime aventure. Ou porte des outils et mesure. Allonge peut-être un bras pour sentir au passage la forme fraîche d’un arbre avant de le toucher. Et qu’ombre se précise que contact se fasse attendre. Qu’attendu il surprenne quand-même demande adaptation assouplissement de chacune des parties. Main dans l’air a le temps d’y penser. Avant de s’appuyer au tronc d’adosser sa pointure de plier déplier genou le pantalon les bandes réfléchissantes. D’ouvrir ciseau des jambes déménager brise molécules regards (à leurs regards des passants s’interrogent). Quels gestes quels théâtres-là cet arbre la rue la rambarde qui conduit aux cabines jumelles ? Quel est-ce ralentissement et pour qui cette ébauche ce vide autour ? Pas vraiment une danse une avancée souple feston brodé sur quelle musique inaudible retenue dans les écouteurs ? Voilà que maintenant lève un bras une jambe s’arc-boute. Crochète loin devant fait un pont avant d’agripper un rebord. Hésite encore cherche prise et tangue. Hisse l’architecture souple du corps au-dessus des cabines creuses à cette heure quelle transparence ! On peine à voir cinq parois de verre tant lumière s’aiguise. Accroche la silhouette perchée combinaison flamme haute-sécurité (les cheveux dans les feuilles là-haut il tourne sur lui-même). Profite de la vue de la hauteur. Premières circulations rondes piétonnes cortèges espacés des voitures lever du jour. Tourne sur lui-même avant de replier genou s’accroupir aux quatre coins pour manipuler les anneaux les sangles puis se décider à quitter. Lentement battre en retraite redescendre. Désescalader la paroi translucide vers sol empreintes choses scellées. Ordre des jours va-et-vient citadin. Et se décider à s’éloigner à quitter le décor. Tandis que les cabines soudées décollent centimètre par centimètre. Balancent et flottent se retirent par les airs.

“Approche met un pied devant l’autre devant” pour « Sororale », Virginie Gautier – février 2019