samedi 1er octobre 2016

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Algorithme et image — 2/2

, Hervé Bernard et Jean-Louis Poitevin

L’entretien que nous a accordé Frédéric Guichard, directeur scientifique de DXO, se poursuit pour la seconde partie autour de questions à la fois très techniques et absolument passionnantes sur la fidélité, l’exactitude et la reconnaissance des images.

Qui en effet « sait » exactement ce qu’il se passe dans son appareil qu’il soit uniquement photographique ou aussi téléphonique, lorsqu’il fait, comme on le dit si mal finalement aujourd’hui, une photo ?

Frédéric Guichard nous entraîne dans une sorte de visite guidée des « entrailles » informatiques de nos appareils. Alors, médusés nous le sommes, moins par les beaux résultats, les images parfaites ou presque que nous avons prises, que par le fait qu’une image est avant tout le résultat du travail informatique et algorithmique effectué par les programmes que les fabricants ont installés dans les appareils.

Avec le chiffre de 2000 opérations par pixel sur chaque image qui en comprend quelques millions, on prend la démesure de ce qui se passe dans les fractions de secondes durant lesquelles l’image se fait.

Mais la relation entre programme et photographe a beaucoup évolué puisque l’on tente d’intégrer aux programmes ses intentions, de les deviner, des les anticiper. C’est le traitement numérique de l’image qui fait la différence et autour duquel les grandes marques se livrent à une concurrence acharnée.

Il y eu le temps où l’on travaillait exclusivement sur la définition des images. Est arrivé le temps où l’on travaille sur les formes au moment même où elles sont captées.

L’appareil bientôt reconnaîtra l’objet ou le visage que vous photographiez avant de l’enregistrer et le modifiera en temps réel en fonction de paramètres culturels implicites ou explicites aussi divers que variés.

Mais qui les déterminera ?
Et dans quel but ?

Nous le pressentions. Aujourd’hui nous le savons. En tant que commanditaires de ces programmes puisque nous les désirons et les acceptons avec joie quand ils nous sont proposés, nous en sommes les auteurs. Mais aujourd’hui nous travaillons à annuler la distinction entre ce qui autrefois relevait de l’objectivité et de la subjectivité. En effet nos intentions sont désormais partie intégrante des programmes comme les choses que nous visions pour les photographier étaient donc avant le déclic, déjà dans nos intentions.

Avant même d’exister chaque image est le fruit d’un traitement informatique bien antérieur à celui auquel nous nous adonnons ensuite avec nos ordinateurs, et c’est ce traitement qui constitue l’enjeu majeur de la recherche pour les fabricants d’appareils photographiques.