samedi 1er avril 2023

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Lost in the supermarket #36

Aldo Caredda #36

, Aldo Caredda

Aldo au Palais des Beaux-Arts

Descendre et remonter, non sans faire une brève génuflexion sur le chemin qui mène vers les sommets, ainsi vont les montagnes qui constituent du Palais l’armature secrète, montagnes moins russes que rusées, elles qui proposent un trajet qui ne cesse d’user ceux qui le font et le refont sans souci de ce qui peut et advenir d’eux et advenir de ceux qu’ils ont éduqués jusqu’à en faire, d’eux-mêmes, des clones trop aisément perfectibles.
Le porteur de l’empreinte d’un pas alerte, n’est pas dérangé par le possible aveuglement solaire qui attend les prétendants à la gloire qui auront osé gravir l’escalier. C’est sans doute en cela que réside sa force, ne pas craindre la gloire !
Pour ne pas la craindre, il suffit de ne pas la chercher, étant entendu que ce qui compte ici c’est le NE PAS !
Les marches du palais ne sont jamais que des marches dans un palais. Qu’elles constituent l’accessoire nécessaire à toute tentative d’accès à la garde partagée des enfants du talent ne les rend pas inaccessibles. C’est au contraire leur évidente fadeur de marches qui les rend si faciles apparemment à gravir. L’ignorer, c’est confondre le projet et le but. Et d’ailleurs qui persiste à demander : Les gravir ! Mais pour aller où ?
Pour le savoir, il n’en reste pas moins que les gravir est peut-être le meilleur moyen.
Ainsi fait, il apparaît qu’au lieu de se faire absorber par le miroir aux alouettes, au lieu de se dissoudre dans la lumière du secret, le génuflecteur porteur d’empreinte semble se jouer de ces reflets du temps inscrits à même la pierre. Il les traverse avec la légèreté d’un fantôme et d’un glissement latéral irrésistible, il trouve immédiatement la sortie. Car elle est là au sommet de l’escalier de la gloire. Pour la trouver cependant, il faut parvenir à Ne PAS se faire avaler par la lumière et de simplement se laisser expulser et d’accepter de se fonde dans le véritable néant celui qui hante tout ce qui tient, palais ou cathédrale et qui en constitue l’armature secrète et vitale.
Il suffit d’accepter le fait si évident, si inaccessible pourtant à la chair vibratile, que le véritable Palais est tramé par le silence des mots retenus et des empreintes scellées dans le silence du NE PAS.