LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue, n°59


Éditorial

Jamais trop tard pour lire ou relire les Sphères de
Peter Sloterdijk.
« On peut faire comprendre pourquoi, à l’instant même, une nouvelle globalisation, déclenchée par la circulation des images rapides dans les réseaux, mène à une crise générale de l’espace. Cette crise est désignée par le concept de virtualité, aussi courant qu’obscur. L’espace virtuel des médias cybernétiques est l’extérieur modernisé qui ne peut plus, en aucune manière, être présenté sous les formes de l’intérieur divin ; il est rendu praticable comme une extériorité technologique — et par conséquent comme un extérieur auquel, d’emblée ne correspond aucun intérieur. » (Bulles, Sphère I, p. 75)
Toujours aussi le moment de tendre l’oreille pour entendre l’une ou l’autre des Voix d’Antonio Porchia : « La peur de la séparation est tout ce qui unit ». (Voix p. 260)

Avec ce Numéro 59, TK-21 LaRevue poursuit et intensifie ses investigations autour du statut des images actuelles.

Jean-Louis Poitevin dans Logiconochronie XI pose la question de l’allégorie dans l’art contemporain. Il le fait à travers l’analyse d’Empires, œuvre que HUANG Yong Ping a réalisée lors de la dernière édition de Monumenta, qui se tenait au Grand Palais, en opposant les vertus du symbole et de la métaphore à la puissance faussement désinhibitrice de l’allégorie.

Nous publions la seconde partie de l’entretien réalisé par Hervé Bernard que nous a accordé en mars denier le professeur Maurice Mimoun, un entretien d’une grande force philosophique. Il évoque en particulier ce qu’il en est de l’image de soi et du conflit dont chacun de nous est l’otage mais qui affecte bien plus directement tous ceux dont les particularités physiques les soumettent aux jugements implicites qu’expriment malgré eux les regards des autres.

Nous publions la seconde partie de l’entretien, réalisé par Hervé Bernard, que nous a accordé en avril le professeur José-Alain Sahel. L’entretien tourne autour de la notion d’invisible qu’il aborde concrètement à partir de ce qui, dans le fonctionnement de la vue, fait que nous occultons de nombreuses choses pourtant visibles ou que tout simplement nous ne regardons pas et donc ne voyons pas. Il convoque aussi des artistes comme Poussin, Klee ou Pollock pour appuyer ses réflexions.

Clémentine Ader nous propose une réflexion sur Fichu Printemps, une œuvre sonore de Christine Renaudat dans laquelle la question du statut de la puissance émotionnelle transmise par le son est particulièrement sensible. Fichu Printemps choque par les sons eux-mêmes : des bruits qui dérangent, effraient, des coups de feu, des hurlements, des lamentations d’enfants et d’autres exclamations violentes, des tirs de kalachnikov… puis, plus rien. La musique de Messiaen reprenant le dessus…

Ciro Vitale et Pier Paolo Patti, deux artistes italiens, ont exposé à la Villa des arts en mai dernier. La vidéo de Ciro Vitale, une lecture des L’île des morts, célèbre tableau d’Arnold Böcklin, met en scène le principe de disparition qui affecte toute chose d’une manière métaphoriquement efficace. Les photographies de Pier Paolo Patti fait jouer sur un mode distancié des images des guerres actuelles captées sur des écrans de télévision, comme une manière de mettre en balance ce que nous tenons pour réalité et les modalités de notre croyance irréversible dans les images.

Jean-Louis Poitevin analyse certains des enjeux importants qui traversent le livre de photographies d’Hannibal Volkoff, Nous naissons de partout, que publient, début juillet, les éditions des Presses littéraires, un ouvrage dans lequel, entre autres choses, notre croyance en l’intériorité se trouve remise en question et une forme positive d’insouciance se trouve élevée à la hauteur d’une position existentielle forte. Les protagonistes de ces images sont des adolescents qui se livrent de facto à une forme singulière d’expérimentation sociale qui s’exprime à travers l’insouciance, la fête et le sexe. Une première signature aura lieu le 2 Juillet à la galerie Hors-Champs.

Jae Wook Lee poursuit sa réflexion sur des œuvres pluridisciplinaires contemporaines dans lesquelles le son joue un rôle majeur en publiant la seconde partie de son Treatise on Rhythm, Color, and Birdsong : « Contemporary art finds this interdisciplinary tendency in artists who constantly do research on other fields in order to find different ways of understanding the world ».

TK-21 LaRevue
accueille Ji-Min Park,, jeune artiste née à séoul, vivant et travaillant à paris. Ses vidéos sont comme des directs du droit dans nos espoirs d’une vie simple dans laquelle l’amour pourrait jouer le rôle de force efficace d’orientation. Les modalités de la vie extime qui s’impose à tous trouvent ici une expression moins douce que radicale.

Elizabeth Creseveur et Ursula Kraft se sont rencontrées, il y a vingt ans, lors d’une résidence d’artiste. Depuis, elles ont suivi leur travail respectif et un véritable échange s’est installé. Chacune est partie indépendamment au Japon pour réaliser ses projets, mais dans leurs œuvres issues de ces séjours, on perçoit une même sensibilité et des liens qui se tissent. TK-21 LaRevue publie un entretien entre les deux artistes autours de vidéos et d’images d’une justesse émotionnelle réelle.

Jean-Pierre Brazs poursuit ses investigations qui nous conduisent une nouvelle fois à faire avec lui L’hypothèse de l’île. Suivons-le donc dans sa résidence d’artiste, sur une île abandonnée aux flots, lieu où il souhaitait étudier les matériaux déposés sur les plages à chaque marée montante : « j’ai retrouvé mon atelier, situé assez loin à l’intérieur des terres ».

TK-21 LaRevue
accueille Laura Tendil qui, par trois courts textes, nous offre une promenade à travers trois expositions de photographies qui sont visibles en ce moment à Paris, celle de Josef Sudek au Jeu de Paume, celle de Louis Stettner au centre Pompidou et celle de Nobuyoshi Araki au musée Guimet.