jeudi 29 décembre 2022

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Sacré nom de Dieu

Patrick Dekeyser

, Patrick Dekeyser

Avec "Sacré nom de dieu", Patrick Dekeyser nous fait découvrir la « vidéo princeps », celle où s’originent toutes celles que nous avons présentées jusqu’à ce jour.

C’est ainsi que vont les nouvelles qui s’égosillent de trop brûler le coeur des hommes, d’une réclamation face à un silence dont nul ne peut prédire s’il est, chaque fois, le résultat d’une mauvaise audition ou l’effet d’une cacophonie intersidérale brouilleuse d’onde.
La prolifération des questions et des interjections insistantes conduit à prendre fait et cause, en silence, pour ce silence, au point de l’exalter jusqu’à l’indicible et l’incommunicable. Ceci révèle tant et si bien le parti pris qui n’est pas celui des choses mais celui des bipèdes sans plumes munis d’un organe vocal insatiable, c’est-à-dire tous, à savoir qu’il leur est préférable indéfiniment d’interpeler plutôt que de ruiner leur souffle à l’avaler sans bruit jusqu’à se transformer en ballons.
Qui, ayant entendu le silence, sera prêt à parier qu’il existe vraiment et à risquer sa place dans le chœur ? Il affirmera qu’il n’en est rien et que oui bien sûr quelque chose loin a craché dans sa conque mais si fort qu’il a oublié de se souvenir de ce qui a été dit ou murmuré ou même tu.
Il y a loin de la voix qui se fait entendre dans les nuages de Troie au silence qui résulte de ce qui fut reçu à proximité de la synagogue comme un message sanguinolent. Cet écart semble s’écarteler plus encore à chaque tentative de contact entre les pôles des aimants désaimantés lors même que dans chaque cœur unique qui bat dans chaque corps unique ronronne jusqu’à atteindre la zone rouge du compte tours une exigence inconsolable. Parler, entendre, écouter, dire, s’enivrer du silence, s’épuiser dans le cri : même combat !
Impossible de dire par où commencer quand on commence sinon par ce qui déjà fait autorité, fut-elle, cette autorité, à la fois confirmée et conspuée, attaquée et moquée autant que vénérée et choisie. Il y a loin jusqu’au lointain. Il y a tout aussi loin jusqu’aux séismes à répétition du cœur. Les sentiments s’évertuent malgré nous à nous monter la voie, alors que les voix du ventre s’évertuent, elles, à cracher leurs scorie jusqu’au ciel, ou du moins à essayer un peu sans trop y croire, car qui sait ce qui vous retombe sur le coin du nez et au creux des oreilles de ce que l’on a au loin vomi ?
Loin n’est jamais assez loin et près est toujours trop près. C’est "là" que s’entrelacent encore et encore dans l’imminence du souffle d’un chacun, le commencement du rien et la faim de la fin.