vendredi 1er novembre 2019

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Pauline Sauveur

Les chaises sont des fenêtres comme les autres.

, Pauline Sauveur

Ensemble avec le paysage, autour, avec un objet de tous les jours, avec l’absence des absents, avec soi-même, avec le regard, les souvenirs, les sensations. Les chaises sont des fenêtres comme les autres.

Une chaise d’intérieur transposée à l’extérieur, devient ce corps docile et anthropomorphe qui dit dans un même élan la présence et l’absence et l’échelle – humaine. Elle révèle l’action de l’inaction et l’attente assise de celle-celui qui est, avec son mystère premier, assis le cas échéant, qui réfléchit qui parle pleure ou sourit, dont l’esprit s’échappe et reste libre, impossible à définir avec certitude.

La chaise inscrit une position dans l’espace, elle dialogue avec les lieux. Je l’ai adoptée pour récolter un fragment de relation, la marque infime.

Une chaise blanche.

Après avoir soupesé chaque objet chaque élément décider d’une vie entière d’objets trier tout répartir et choisir trancher s’y tenir s’obliger décider quoi pour qui et pourquoi à donner à garder à ramener à offrir à jeter à jeter tant pis à jeter, tu le veux ? Je le prends ? Ça te va ? C’est trop grand non tant pis donne on donne laisse on donne c’est pas grave c’est comme ça laisse c’est très bien tant pis c’est comme ça c’est dans le cœur aussi les souvenirs on ne peut pas tout prendre on ne peut pas tout garder ça ne rentrera jamais c’est pas la peine c’est pas nécessaire c’est pas possible c’est trop il y en a trop ah non ça non je ne l’ai jamais aimé c’est fou toutes ces affaires les trucs dans les boîtes les petites dans les grandes toutes ces choses un caillou une couleur une pierre une feuille une plume regarde là, non ! Ne jette pas. Les cailloux. Je vais les mettre. Dans le jardin. Ça je le prends ça tu le gardes ? Aller on jette on donne on donne on donne.

Il me reste. Une chaise. Blanche.

Texte extrait de « Ce qui reste / Nos route amputées des maisons perdues », titre provisoire, écriture en cours.