Météores

Ses images, abstraites, voient le jour sans appareil et sans film négatif et sont le fruit d’un travail direct du papier photosensible, uniquement en chambre noire. A l’instar d’un photogramme, mais cette fois sans objet, et où seule la lumière joue. Laure Tiberghien, compose ainsi couches par couches, parfois détails par détails, comme des peintures mais dont le matériau ne serait plus l’huile ou l’acrylique mais la lumière elle-même. Le travail de la chimie est central et permet à l’image finale d’apparaître, mais celle-ci naît en premier lieu d’un geste - une manière de sortir le papier à la lumière, de l’éclairer, de le recouvrir - que l’artiste décline en général à travers plusieurs tirages qui forment par là-même une suite de variations autour d’un même thème.
 
La série aujourd’hui présentée à la Galerie Javault, intitulée Météores, a été pensée pour l’espace de la galerie et marque pour l’artiste l’utilisation d’une technique nouvelle. Produite avec un papier ancien et rare à la brillance et au rendu des couleurs très particuliers, cette série est le fruit d’un jeu de surdéveloppement mécanique de certaines parties d’un même tirage et se veut un travail sur le temps et l’accumulation du temps dans le processus chimique d’apparition de l’image. La série est construite à partir d’un premier tirage monochromatique dont la teinte est obtenue par solarisation et dont l’artiste vient dans un second temps travailler les bords. Viennent ensuite les tirages successifs qui prennent pour fond ce premier monochrome - répété aussi fidèlement que possible, chaque tirage étant unique - et dans lesquels les formes, les strates, sont obtenues uniquement par le développement.