Luboš Plný, marqueur du temps

Luboš Piný, discobole, tirage argentique

prise de vue par Vladimir Pansky 2003 courtesy de l’artiste et de christian berst art brut

Luboš Plný, modèle académique

l’artiste tchèque Luboš Plný, né en 1961, a depuis sa plus tendre enfance une véritable fascination pour l’anatomie qui lui inspire ses premiers dessins. À l’occasion de son service militaire, il est diagnostiqué schizophrène et cherche à approfondir ses connaissances dans la littérature médicale et psychiatrique. Il gagne sa vie en devenant fossoyeur et pose parfois comme modèle à l’Académie des beaux-arts de Prague en Tchécoslovaquie, ce qui lui permet de signer, non sans humour, « Luboš Plný, modèle académique ».

L’anatomie comme un champ expérimental

Il cherche à pousser davantage sa connaissance sur l’anatomie humaine en offrant son corps à des expériences multiples : une approche empirique autant que théorique le pousse à la mortification, une façon personnelle de sublimer la douleur en acte de purification. Ses propres organes deviennent les sujets de ses œuvres, photographies, dessins ou techniques mixtes.
Luboš Plný aime aussi scruter son visage et le photographier en le déformant.

Autoportraits de Luboš Piný

Topographie précise de ses œuvres

Ces expériences — parfois douloureuses — sur son propre corps constituent une manière très personnelle de méditer, en utilisant un protocole créatif immuable dans l’espoir de ponctuer ou scander le temps : il mesure en temps réel le temps utilisé pour les parcelles qui constituent ces œuvres ainsi que l’instant de ses créations.
 Ainsi, comme des données topographiques, apparaissent des chiffres, comme autant de codes référençant avec précision l’instant de création et la durée nécessaire à la réalisation des zones de l’œuvre, délimitées par des lignes qui ne représentent ni les coordonnées, ni l’altitude d’un lieu, mais sa place exacte dans le temps.
 C’est un journal qu’il poursuit au quotidien explique Luboš Plný. 
L’artiste inscrit soigneusement le nombre de jours qu’il a à la date du début de l’œuvre et son âge — toujours en jours — à la fin de l’œuvre, comme le rappel d’une inexorable approche de la Mort.



Luboš Piný, sans titre, objet érotique

Entre 2012 et 2015 techniques mixtes 118 x 31 5 x 75 cm courtesy de l’artiste et de Christian Berst art brut.

Éros et Thanatos
 


Paradoxalement, ses sculptures — qui portent, elles aussi, des références temporelles propres à l’artiste —, évoquent plutôt des attributs sexuels, symbolisés sous forme de tuyaux divers : métal, bois sculpté ou PVC, d’inspiration surréaliste, exaltant une sexualité assez étrange, plutôt baroque et hétéroclite.


Plný a été le premier artiste d’art brut acheté par le Centre Pompidou pour commencer sa collection d’Art brut, alors que l’artiste exposait déjà depuis 2008 dans des galeries, salons ou lieux institutionnels.

Luboš Piný, vagina dentata piège a renard

125 x 46 x 32 cm, 2013, courtesy de l’artiste et de Christian Berst art brut