dimanche 31 mai 2020

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Corridor Elephant

Images Singulières

Marylise Vigneau

, Corridor Eléphant et Marylise Vigneau

L’article 19 de la Constitution de la République Islamique du Pakistan affirme :
"Liberté de parole : Tout citoyen a droit à la liberté de parole et d’opinion, parallèlement à la liberté de la presse, sous la seule réserve de restrictions raisonnables établies par la loi et ayant pour objet : le développement et la gloire de l’Islam ; l’intégrité, la défense et la sécurité du pays ou de toutes ses composantes ; la préservation de relations amicales avec les états étrangers, de l’ordre public, de la décence et de la moralité ; ainsi que la prévention de tout outrage aux tribunaux, délit ou incitation à commettre un délit."

Au Pakistan ces restrictions « raisonnables » sont utilisées contre les minorités, les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme, les athées, les homosexuels, etc. Elles sont interprétées comme une liberté de mépriser et de discriminer des croyances, des perceptions, des sexualités ou des opinions différentes et produisent de facto des parias. Le statu quo, les alliances régnantes et la soi-disant décence érigent un mur autour de ces parias fabriqués et les réduisent au silence. Ces dernières années, l’application des lois sur le blasphème et la diffamation au Pakistan demeure une préoccupation majeure, aggravée par de nouvelles lois visant à étendre les contrôles et à restreindre la liberté d’expression en ligne. Assassinats et attaques contre des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme sont endémiques et se caractérisent par une impunité persistante.

Cette série photographique est constituée de portraits de personnes vivant à Lahore et dont la façon de penser, de vivre et d’aimer se heurte frontalement au roman national. Des gens dont la vie est un combat parce qu’ils doivent dissimuler ce qu’ils sont sous peine de mort sociale ou même, parfois, de mort physique. Qui oscillent constamment entre espoir et désespérance.
Après de longues conversations, ces images ont été soigneusement mises en scène pour respecter la sécurité et donc l’anonymat des personnes photographiées.
Chacune est nommée "Noor", un prénom qui signifie “lumière” et est porté indifféremment par les hommes et les femmes.

Ce travail est dédié à la mémoire d’Asma Jahangir, avocate Pakistanaise qui a consacrée sa vie à défendre les minorités et est morte à Lahore le 10 février 2018.

Noor est une Ahmadie, membre d’une minorité religieuse persécutée se réclamant de l’Islam. Elle sait depuis l’enfance qu’elle doit dissimuler cette part de son identité pour se soustraire aux discriminations et aux violences verbales. Elle séchait l’école lorsque le chapitre sur les Ahmadis était au programme.
Le Pakistan est le seul pays à avoir officiellement déclaré les Ahmadis non musulmans. Lors d’une demande de passeport chaque citoyen doit signer une déclaration qui réitère ce fait.
En 2008, Aamir Liaquat, un célèbre présentateur de télévision, a permis à un universitaire invité de proclamer que les Ahmadis méritaient d’être tués en raison de la nature prétendument blasphématoire de leur foi. En deux jours, deux éminents Ahmadis ont été assassinés, l’un étant médecin et l’autre chef de communauté.
Noor est une jeune femme financièrement et mentalement indépendante. Fière d’une liberté chèrement conquise, elle aime lire, apprendre, danser et les plaisirs de la vie.

Noor est un artiste, un homosexuel et un athée.
Encore enfant, il a perdu son père militaire qui fut tué dans une altercation au Baltistan près de la frontière avec l’Inde et déclaré « shaheed ». Le mot provient de l’arabe coranique signifiant « témoin » et est également utilisé pour désigner un martyr. Le mot est devenu un titre honorifique pour les musulmans morts au service de l’Islam. Dans la mythologie musulmane, un « shaheed » est immortel. A la mort de son père, Noor fut informé qu’il n’était pas nécessaire de le pleurer, car « il était vivant pour l’éternité », déclaration extrêmement troublante pour son jeune esprit. Plus tard le souvenir de ces tortures mentales aidera Noor à répudier la foi dans laquelle il avait été élevé.
Adolescent, Noor pris conscience de son attirance pour les autres garçons. Il tomba passionnément amoureux et une histoire intense et douloureuse commença.
"Il y a en moi une profonde colère et un feu", dit Noor.
Il semble les porter avec une grande fierté.
Depuis son retour au Pakistan, après des études d’art en Finlande, il n’a pas d’amant. "Je me refuse à être le sale petit secret de quelqu’un” dit-il.

Ces deux amants ont 37 ans d’écart et on traversé bien des épreuves pour pouvoir vivre ensemble.

Lui exhale une sensualité douce et dense ainsi qu’un esprit aigu. Il est designer, écrivain et propose des cours de dessin. Il abhorre les religions et la façon dont les gens sabotent leur vie en se censurant.

Elle, jeune femme gracile et lucide, nous conte leur histoire :
« Enfant dans une famille religieuse patriarcale archétypale, je ressentais une absence. Cette absence a désormais un nom : c’est la rationalité.
Adolescente inquiète je lus avec ferveur. Un jour, en ligne, je rencontrai la prose ardente de celui qui deviendra mon mari. Je le contactai et c’est ainsi que commença une conversation qui perdure aujourd’hui.
J’aimai tout de suite la manière implacable dont il déconstruisait le roman national, exposait les mensonges officiels et les hypocrisies sociales. Sa pensée ne me quitta plus.
J’avais 22 ans mais je savais qu’il était l’homme avec qui je voulais vivre et je le lui dis. Il me mit en garde contre les hostilités qui ne manqueraient pas d’advenir. Je m’obstinais.
Nous nous mariâmes secrètement. Je savais ma famille farouchement hostile car persuadée qu’un mariage d’amour est une source de honte. Je quittais la maison familiale sans informer personne mais ils me traquèrent, m’enlevèrent et me séquestrèrent. Cela dura 16 jours et la seule raison qui les empêcha de me tuer est la méconnaissance de notre mariage.
Grâce à mon ordinateur dont ils ignoraient l’existence je pus alerter mon cher Noor. Aidé par un ami avocat, il intenta un procès contre ma famille et le gagna.
Nous dûmes quitter Lahore quelques années par sécurité.

C’était il y a 5 ans. Nous n’eûmes jamais aucun regret.”

Noor est un musicien, un satiriste et un vloggeur.
Il attaque régulièrement des institutions sacro-saintes, dénonce la corruption et la manière dont les minorités et les femmes sont traitées au Pakistan.
« Je veux évoquer les nombreux problèmes de notre société de manière drôle et satirique et ainsi initier une discussion sérieuse et pertinente. Je désire encourager une réflexion honnête et mettre en avant des sujets tabous. Je veux participer à la création d’une société où personne n’aura peur de parler franchement. Et je désire également divertir les gens », dit-il.
Il n’a pas répudié l’idée de dieu car elle lui est source d’inspiration musicale.

Noor fut un enfant brillant, curieux et observateur. Adolescent, l’omniprésence d’une religion qui contredisait tous ses élans le suffoqua. Sa vivacité, son éveil sexuel, ses observations le détournèrent d’un islam vindicatif qui appelait “idoles » les sculptures qu’il aimait et prônait leur destruction. Il est devenu athée sans doutes ni regrets. Il est donc aussi un apostat et cela le rend « wajib-ul-qatal » (méritant d’être tué) selon certains extrémistes. Il sait qu’annoncer son apostasie signifie prendre le risque d’être assassiné. Même épargné par les autorités gouvernementales et les tribunaux, une foule fanatique n’aurait certainement pas pitié de lui. Pour cette raison, nous avons choisi de le photographier enveloppé dans un linceul sur le toit au-dessus d’une ville qu’il aime et qu’il est triste de voir sombrer dans la corruption, l’intolérance religieuse, l’indifférence sociale et un capitalisme féodal.
Il est devenu photographe et dresse un portrait poétique et poignant de sa ville.

Noor est né à Karachi dans une famille aisée. Il y a 8 ans il est parti vivre sa vie à Lahore. Il s’éloignait surtout d’un passé trouble et douloureux. Selon les critères locaux il fut un très bel enfant doté d’une peau claire et d’immenses yeux. Cela en fit bientôt une victime. Lorsqu’il eu 6 ans, son oncle le viola. Un peu plus tard ce fut le tour du chauffeur de la famille puis un cousin le força à pratiquer des fellations. Il était trop petit et trop sidéré pour se plaindre et ces abus continuèrent tout au long de son enfance et de son adolescence.
Noor se considère comme homosexuel et sait que l’homophobie est profondément enracinée au Pakistan.
A 31 ans, Noor profite « du triste privilège d’être un homme dans une société qui dénie aux femmes presque toute forme de vie indépendante ».
Noor n’a jamais été amoureux mais ne désespère pas.
Il pose nu, voilé seulement d’une « Sehra » l’ornement traditionnel que revêtent les hommes lors de leur mariage. Ils l’enlèvent au moment de « prendre possession » de leur femme.
« C’était suffoquant » dit-il.

Noor est une militante. “Une militante pour la paix” comme elle se définit.
Elle organise souvent des manifestations contre les terribles événements qui ne cessent d’arriver. Contre le pillage d’un quartier chrétien, contre les discriminations sociales, sexuelles et religieuses, contre les lois sur le blasphème, contre la persécution de la communauté Ahmadi, contre l’enlèvement de blogueurs par l’Etat pakistanais et récemment, en mémoire de Mashal Khan lynché par la foule en colère de ses camarades dans son université, à cause de fausses allégations de publication de contenu blasphématoire en ligne.
Elle a reçu plusieurs menaces de mort et passé des nuits en garde à vue. Parfois elle traverse la nuit en voiture et s’en va tagger les murs de slogans en faveur de la paix.

La danse faisait partie de la vie au Pakistan jusqu’à l’avènement du dirigeant militaire Zia-ul-Haq mis en place par les Etats-Unis pour contrer l’influence soviétique dans la région. Sa politique d’islamisation radicale de la société a interdit les spectacles de danse classique et muselé les interprètes populaires de Kathak qui est l’une des formes majeures de danse classique indienne.
Noor est une jeune femme qui a décidé d’apprendre cette danse. Elle se considère "comme la plus belle création de Dieu" et prend plaisir à sa beauté, à son corps et à sa sensualité. Bien que religieuse, elle refuse de se cloitrer dans la cage grise destinée aux femmes par les imans et la soi-disant décence publique.
Elle est une des nombreuses femmes qui ont commencé à remettre en cause la place à laquelle la société les cantonne et qui se refusent à n’exister qu’en tant que mère, fille ou épouse.

En 1977, sous le régime militaire du général Zia-ul-Haq, le gouvernement pakistanais a décidé d’instaurer les « ordonnances Hudood » pour mettre la loi pakistanaise en conformité avec les injonctions de l’Islam, ce qui signifie notamment que les relations sexuelles hors mariage sont devenues illégales.
Cette photo a été prise sur le toit d’un jeune couple. Ils se sont mariés il y a un an mais vivaient ensemble secrètement depuis trois ans. Ils appartiennent à deux sectes différentes de l’Islam et ils ont du affronter préjugés et hostilité de la part de leurs familles.

Noor est l’épouse d’un homme qu’elle n’avait jamais vu avant leur mariage. Ce jour là elle était bien sûr vierge. Elle ignorait tout de ce qu’il est convenu d’appeler les choses de la vie et la sexualité lui était un continent sombre peuplé d’ombres inquiétantes. Sa défloration pris une semaine. Elle sait désormais qu’elle eu la chance de ne pas être violée pendant sa nuit de noces comme cela arrive trop souvent. Aujourd’hui, elle aime son mari corps et âme.
Poser nue devant une caméra fut pour elle malgré son immense timidité, une célébration de la vie et de l’amour.

Noor a grandi en Arabie Saoudite dans une famille très pieuse. A 17 ans, il devint membre de la tristement célèbre organisation Jamat-ud Dawah qui est le bras politique de Lashkar-e-Taiba, l’une des organisations terroristes islamiques les plus actives d’Asie du Sud, opérant principalement depuis le Pakistan. Il s’engagea passionnément et tint un blog. Un jour, il voulu écrire un article sur les défis posés à l’Islam par l’athéisme. Dans ce but, il se mit à lire certaines pages du Coran de manière objective pour la première fois. L’affirmation que le Coran ne saurait absolument jamais être mis en doute ou amendé lui apparu brusquement étrange. Il se sentit coincé dans une sorte d’impasse intellectuelle et dressa une liste des versets qu’il trouvait soudain incontestablement discutables. Il était terrifié car il se sentait devenir apostat. « C’était si brutal », dit-il, « Le matin je priais avec ferveur et le même soir, j’avais perdu la foi ».
Après une phase de sidération, il embrassa ces nouveaux paramètres et se compare à un oiseau échappé de sa cage. Depuis il a étudié la médecine et a décidé de devenir psychiatre. Il souhaite rester au Pakistan pour écouter ceux qui souffrent dans un pays où la santé mentale n’est pas une priorité.

Noor est le petit-fils de deux figures légendes du cinéma pakistanais. Il appartient à la communauté chiite mais est non-croyant. Sa femme et lui ont choisi de donner naissance à leur fils aux Etats-Unis afin qu’il possède un passeport américain et ne soit jamais coincé au Pakistan.
Il pose dans la piscine vide d’une maison qui sera bientôt détruite et remplacée par un centre commercial. Il est las d’une société qui pratique quotidiennement l’hypocrisie à cause de toutes sortes de peurs sociales et religieuses.
"J’ai peur de leur peurs car elle les fait agir de manière irrationnelle », dit-il.

Ce petit garçon dormait sur une courtepointe fleurie lors d’une fête échangiste. Ces dernières années, grâce aux réseaux sociaux, des fêtes sont organisées le week-end et des couples mariés de tous âges se réunissent. Certaines nuits sont plus sauvages que d’autres mais certains ingrédients restent les mêmes : l’alcool, qui est illégal au Pakistan, des lumières tamisées, des fenêtres aveuglées et de la musique accueillent les invités. Les femmes portent des hauts transparents, les hommes plaisantent et dansent avec leurs épouses.
« Nous faisons ce que vous faites en occident quand vous êtes jeunes, ces fêtes sont devenues essentielles, c’est un moment réservé à nous-mêmes, nous oublions nos responsabilités et nous voulons simplement nous amuser » explique un invité.
"Cela vous plait ? » demande un homme un peu gris. "Appréciez mais pas trop fort. Des enfants dorment dans la pièce voisine ", répond une femme.
Une maison dans la nuit sensuelle de Lahore, un moment d’innocence.

Noor est une jeune femme cultivée, drôle, intelligente et sensible Elle est célibataire. Elle n’a jamais accepté aucune demande en mariage et il est peu probable qu’elle ne le fasse jamais. Son mariage serait fondé sur un mensonge. Elle est athée et sait qu’il est inconcevable de le dire. Elle doit sans cesse faire semblant. "Je suis comme un fantôme parmi les autres. Je dois constamment cacher qui je suis”. Elle espère parvenir à quitter le Pakistan.

Noor est un jeune homme doté d’un grand désir de vivre et d’un solide sens de l’humour. Il a grandi près de Peshawar dans une famille pachtoune traditionnelle dont l’existence est dirigée par l’islam et l’ancien code d’honneur pachtouwali. Ce code gouverne et réglemente presque tous les aspects de la vie, allant des affaires tribales à "l’honneur" et au comportement individuels. Le code exige que les hommes protègent Zan, Zar, Zameen, que l’on peut traduire par les femmes, le trésor et la terre. La mère de Noor est morte lorsqu’était encore enfant et était une femme au foyer traditionnelle qui vivait de manière recluse.
Noor a quitté Peshawar pour faire ses études au National College of Art à Lahore. Il l’a fait sans l’approbation d’une famille qui ne partage ni ne comprend sa passion pour l’art.
Il vit dans une petite chambre et reçoit avec beaucoup d’enthousiasme les rares voyageurs étrangers qui passent par Lahore.
Il pose sur le toit de son appartement dans une buqua afghane qui orne d’habitude le corps de pastique du mannequin nu qui partage sa solitude.

Noor est professeur de sciences politiques dans une université de Lahore. C’est aussi un activiste et le compagnon de nombreux animaux, en particulier d’une quinzaine de chats. Il est heureux de voir que certains de ses étudiants ont d’autres ambitions que ce qu’il est convenu d’appeler la réussite individuelle. Il se réjouit également de voir que d’autres ont trouvé un travail et parviennent à survivre dans une économie sinistrée. Pour Noor l’activisme a certainement une saveur douce-amère. Il a connu des moments d’exaltation, d’unité et de communion dans les mouvements nationaux - en particulier, le mouvement pour la restauration de la démocratie au Pakistan. Mais certains de ses amis ont été enlevés, d’autres ont quitté le pays et bien des voix ont été étouffées. « Je travaille en marge, j’enseigne, j’essaie parfois d’éteindre certains incendies. Être trop visible, vous condamne tôt ou tard à disparaître. La patience est vitale ici. » Il note que « les révolutions ne sont pas une science, Lénine ne pensait pas en voir une de son vivant, deux semaines plus tard, il en était le chef ». Quant aux chats et autres animaux – « avec eux c’est toujours la communion, toujours l’unité ».

Noor est musicien . Pour faire plaisir à ses parents, il étudia en Angleterre une matière qui ne l’intéressait pas. Il quitta le Pakistan le cœur brisé et revint de même. Il failli accepter un mariage arrangé mais a échappa à cette impasse une semaine avant le mariage. Plus jeune il a essayé de se forcer à croire en dieu et à se comporter en conséquence. Il arrêta même un temps de jouer de la guitare et d’écouter de la musique. En vain puisqu’il est aujourd’hui athée. Il a étudié le marxisme et fut militant social mais abandonne lentement par découragement. « Tout est tellement foutu dans ce pays ». Désormais il trouve refuge et réconfort dans sa passion pour la musique.

Noor a grandi dans une famille d’artistes. Sa mère est écrivain et son père était peintre. Son enfance se passa au milieu des livres aussi bien sous continentaux qu’européens. Il est la seule personne rencontrée qui n’ait pas eu à lutter contre une famille religieuse et conservatrice. Dès l’enfance il fut libre d’être lui-même et cette liberté demeure une sorte de bulle mentale au sein d’une société extrêmement restrictive.
Il est cinéaste, flottant entre un riche monde intérieur peuplé par Tarkovski ou Abbas Kiarostami et le travail documentaire qu’il fait pour vivre.

Noor dont le nom d’animal de compagnie est Jupiter n’ignore pas n’être pas très populaire dans une nation musulmane et cela malgré ses yeux bleus et sa fourrure blanche, deux qualités pourtant hautement appréciées chez les houris censées accueillir les pieux et les fidèles au paradis. C’est pourquoi il revêt un masque de chat lorsqu’il s’aventure au dehors. Les chats sont réputés avoir été aimé du prophète Mahomet et ce masque assure sa sécurité.

Un dimanche après-midi d’hiver, des amis sont rassemblés dans une cour autour d’un feu. Ils viennent d’horizons différents mais ont quelque chose en commun : ils ont tous abandonné « le droit chemin de la religion » et échappé à la subjugation. Ils appartiennent à un groupe secret d’athéistes sur les réseaux sociaux.
Certains sont athées, d’autres sont agnostiques. La plupart ne souhaitent tout simplement pas suivre des normes sociales qui ne correspondent pas à leurs aspirations. Tous questionnent ce qui leur a été imposé dès le plus jeune âge. Ils vivent dans un schisme mental et ils sont passés par une phase d’aliénation et d’extrême solitude. Les réseaux sociaux leur ont permis de rencontrer des personnes partageant les mêmes vertiges et de briser un isolement douloureux. Le groupe croît et se rencontre régulièrement. Des couples sont nés.