mardi 27 novembre 2012

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Dirty Western

Laurent Boudier

, Laurent Boudier et Rafaël Carneiro

DIRTY WESTERN
Rafaël CARNEIRO
Du 8 novembre au 22 décembre 2012
Galerie Withe projects
24 rue Saint Claude, 75003 Paris

Bagnards hâbleurs, cow-boys branleurs, escortes dédiées au plein emploi du coït ou fugitives orgies en pleine action, il est peu dire que les sujets de ce rigolard « Dirty Western » semblent dissoudre les précédentes préoccupations de Rafaël Carneiro. Vintages, ces images exhumées de l’iconologie salée des films X, icônes libertines des années 70 sorties des salles obscures spécialisées, tranchent en effet avec tout ce que l’on savait jusqu’alors du jeune artiste brésilien. On ne parlera pas de rupture, mais d’inclinaison.

Sans titre | huile sur toile | 200 x 140 cm | 2012

Nourri au pixel et à la digitalisation des écrans, Rafaël Carneiro fait en effet partie de cette génération qui pille sans grande vergogne les codes sources de l’imagerie contemporaine. Ainsi, on pourrait dire qu’à la suite d’un Richter qui a réintroduit de façon pendulaire avec des œuvres abstraites la figuration par un fort réalisme photographique, le jeune artiste brésilien s’est révélé par une suite d’expositions signalant son grand attrait pour la peinture et la figuration entre pigment et pixel. Contemporaine en cela, sa peinture est mission et mixtion : ses récentes toiles prenant appui par exemple sur des clichés de caméras de sécurité installées dans des laboratoires scientifiques, ont offert des paysages lunaires, blanchâtres, où alternaient précision du détail et absence de précision par de légers sfumatos du pinceau. Plutôt que de produire une suite d’images banales, ce cycle de peintures insistait davantage sur le moirage de scènes autant énigmatiques qu’anxiogènes.

En avril 2011, il fait partie de l’exposition organisée par Rejane CINTO, Sans titre | huile sur toile | 200 x 300 cm | 2012

Son nouveau rodéo au merveilleux pays de la partouze chevaleresque emprunte un tout autre chemin et pourtant (on verra pourquoi plus loin) une même voie. On retrouve bien ici les mêmes précisions picturales, la semblable suavité des jeux de cadres ou de perspectives tout comme le jeu savant des flous ou des détails apparents. Mais, on quitte le terrain presque neutralisé des sujets pour rejoindre au contraire la saga de cinéma, dont tout corps et geste, cadré au plus près, sature les images et les paysages. Entièrement peuplées de prisonniers hardeurs ou de cow-girls qui ont tout le temps le feu, les peintures de Rafaël Carneiro travestissent avec brio l’action figurante : sa peinture révèle l’ambigu figurant, chair ou silhouette toujours disponible sur un plateau au désir du réalisateur et du spectateur, pour nommer, une fois encore, le sens et les troubles d’une figuration kitch, fictive et si immatérielle ».

Sans titre | huile sur toile | 50 x 70 cm | 2012

Voir en ligne : www.whiteproject.fr

Laurent Boudier
Critique d’art et directeur artistique de la SLICK.

Rafaël CARNEIRO vit et travaille à São Paulo.
Né en 1985 à São Paulo au Brésil.
Diplômé en 2006 de l’école de communication et des arts de l’université de
São Paulo, il expose dès 2008 pour les galeries brésiliennes Luciana BRITO,
Artur Fidalgo à São Paulo et à Rio.
Sa peinture est également présentée dans de nombreuses institutions et
centres culturels brésiliens. (Centre culturel de São Paulo, centre
universitaire Maria Antonia...)
En avril 2011, il fait partie de l’exposition organisée par Rejane CINTO,
commissaire au CAB Art Center à Bruxelles.
cf. : http://www.cab.be