lundi 1er mars 2021

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Inside The Museum

Fondation François Schneider

, Christian Globensky

« En ces temps suspendus et confinés, où le virtuel prend le pas sur l’actuel, et la vue sur l’expérience du corps, où les murs tombent au profit des images, la série Inside The Museum de Christian Globensky cède sa place au vide dont elle offre un plein aperçu. »
Marion Zilio – Christian Globensky, Inside The Museum 

Fondation François Schneider (the time withdrawal), Wattwiller. C-Print, 90 x 60cm, 2020

« J’essaie toujours d’aborder les centres d’art que je photographie en me laissant transformer par eux, sans offrir de résistance : c’est un lâcher prise qui oriente peu à peu les prises de vues. Je traque ainsi les recoins des musées, centres d’art et fondations afin de prendre littéralement conscience de ce qui se joue dans les marginalia de la monstration, c’est-à-dire de saisir ce que l’on voit quand on ne regarde plus œuvres exposées. C’est donc aussi une posture d’être présent au monde que je recherche à travers ces photographies, dans un suspens du temps censé ouvrir les portes à une autre perception du monde. D’entrevoir ainsi la possibilité de percevoir et de comprendre que ce que nous regardons est aussi une entité, vivante ou non, qui nous regarde. »

Christian Globensky – Voir ce qui nous voit, Fondation François Schneider, novembre 2020 *

Fondation François Schneider (the light hole), Wattwiller. C-Print, 90 x 60cm, 2020

 

MAMCO, CCCOD, K20, CAPC, K21, MAC VAL, MAMVP, MBAM, MUDAM, DOX, 21hauser, SALT, PS1,… les murs se ressemblent et, au fil des vues, se chevauchent, se superposent en un dédale de corridors et de parois ne semblant former qu’un seul museum, dont les Muses auraient quitté les lieux. Au total ce sont plus de 50 sites répartis sur une douzaine de pays que Christian Globensky a photographiés, en apparence vide. Étrange ironie, à l’heure où nos centres d’art et nos Musées sont condamnés à rester clos, et nous, à les visiter à travers des écrans, des « vues » d’exposition. 

Lorsque Yves Klein propose une première exposition vide en 1957, il ne s’attendait pas à ce que son geste devienne une ritournelle de l’histoire de l’art. Tantôt critique institutionnelle, mise à mal ou révélateur du contenant sur le contenu, approche conceptuelle ou minimaliste, le vide traverse l’histoire de l’art et définit, par défaut, le plein par le rien. De même, chez Christian Globensky, le White Cube ou la Black Box ne sont jamais que des espaces tramés par une multitude de forces — matérielles, idéologiques, historiques, économiques, et bien sûr esthétiques. Attentif aux lignes et aux courbes de l’architecture, à la frontalité de surface ou aux irrégularités des sols, aux plinthes, aux spots, aux jeux d’ombres et de lumières, le regard flotte dans un espace de tous les potentiels. Alors que des titres évocateurs – Hal 9000, The mindfulness, The man of futur, The wisdom, The relinquishmen, … – en prolongent la virtualité. De couloirs en impasses, de détails en abstractions, la banalité du point de vue s’éclipse dans sa partialité. Les prises de vues agencent les arcanes d’un labyrinthe dont on éprouve peu à peu l’expérience d’une déambulation autant physique que narrative.

« En ces temps suspendus et confinés, où le virtuel prend le pas sur l’actuel, et la vue sur l’expérience du corps, où les murs tombent au profit des images, la série Inside The Museum de Christian Globensky cède sa place au vide dont elle offre un plein aperçu. » **

Inside The Museum — Christian Globensky from TK-21 on Vimeo.

Voir en ligne : Marion Zilio Christian Globensky, {Inside The Museum}, octobre 2020 

https://www.fondationfrancoisschneider.org/christian-globensky/
** Ce texte fut publié la premier fois dans cadre de l’exposition personnelle de Christian Globensky, À l’angle du temps, à la galerie Des jours de lune, à Metz. Commissariat Viviane Zenner.