vendredi 1er décembre 2023

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Ça marche

Hamish Fulton, Walking Artist

L’art de la marche

, Martial Verdier

La marche est une expérience artistique et un processus créatif. Hamish Fulton ne modifie pas le paysage, il laisse sa perception être modifiée. Ce qui est modelé, ici, n’est pas la nature, mais la perception du marcheur.

Hamish Fulton 2019, 35 Walks 1971 2019
© Hamish Fulton et 1 Mira Madrid

Depuis le début des années 1970, Hamish Fulton parcourt de nombreux pays à pied. Il a réalisé plusieurs centaines de marches sur des milliers de kilomètres, qui constituent à elles seules l’ensemble de son œuvre. Ces expériences artistiques solitaires intègrent une diversité de pratiques qui traduisent et transmettent l’expérience de ces marches : peintures murales, photos-textes, dessins, livres d’artiste, lectures publiques...

Hamish Fulton ne cherche pas à transformer la nature mais à montrer que c’est la nature qui vous transforme. Marcher est pour lui un acte militant, politique. Dans une démarche humaniste, sa pratique engagée qui s’est élargie à des pratiques de marches collectives, nous interpelle sur nos liens d’interdépendance avec la nature et sur notre modèle de société productiviste.

Il ne se revendique ni comme artiste du Land Art, ni comme performer ou poète :

« Souvent, on me considère comme un sculpteur ou comme un artiste du Land Art. Cette méprise est le fait des historiens de l’art et critiques. Ma philosophie et ma pratique occupent une position totalement opposée à toute forme de land art ou de sculpture en extérieur. Je suis un artiste qui a fait de la marche sa spécialité. Le land art contredit l’art de la marche. »

Hamish Fulton, exposition Frac
© Martial Verdier

« Ne prendre que des photos, ne laisser que des empreintes. »

Fulton, comme les artistes conceptuels et les land artists, découvre la photo dans les années 70. Il commence lors d’une marche avec Richard Long dans les Rocheuses. Les photographies qui en découlent n’ont pas vocation à représenter un paysage mais plutôt à témoigner d’un processus de parcours non seulement géographique et temporel, mais aussi mental. Les photographies « documentaires » en noir et blanc des débuts sont aujourd’hui devenues des objets graphiques en couleurs, des photos-textes, en accord avec les phrases-slogans et graphiques peints directement sur les murs et les installations, panneaux, agencements d’éléments simples (bois, papier, clous, règles graduées)…

Hamish Fulton, exposition Frac
© Martial Verdier
Hamish Fulton, exposition Frac
© Martial Verdier

Les objets créés fonctionnent comme des balises, des documents mémoriels, jalonnant ses œuvres : les marches.

Hamish Fulton, exposition Frac
© Martial Verdier

Une démarche politique et écologique.

Il prend partie pour les opprimés des régions explorées, comme au Tibet colonisé par la Chine, comme l’illustrent les grands textes peints sur les murs des expositions.
Ses marches le conduisent aussi à sentir la dégradation des milieux naturels et à militer pour la prise de conscience écologique.
Depuis 1994, il organise également des marches collectives. Comme en 2002, au Domaine de Chamarande, ou en 2010 à Boulogne-sur-Mer. En 2017, il réalise l’exposition « Walking without a Smartphone » à la galerie Häusler Contemporary (Munich).

Hamish Fulton lors d’une performance réunissant 1400 personnes dans le cadre de l’exposition Walking on and off the Path, Fundación Cerezales Antonino y Cinia Cerezales del Condado Castille et León, Espagne, 2017. Photo Jean Marc Manson

Voir en ligne : http://www.hamish-fulton.com/

ARCHIVES :
Exposition mars-octobre 2023 au Frac - plateau explorations, commissariat
Muriel Enjalran. https://fracsud.org/Hamish-Fulton