vendredi 31 décembre 2021

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Je ne travaille pas de façon volontariste, je me contente d’ accompagner cette chose un peu étrange qui se construit devant mes yeux et d’amplifier simplement le mouvement ou tout simplement de ne pas le contrecarrer et de me rendre disponible pour lui, à toute heure du jour et de la nuit.

Etat de réceptivité

Comme un alien qui pousserait dans mon ventre, mais pas un alien négatif et monstrueux... Juste une création intérieure et virtuelle qui se matérialise peu à peu... C’est vraiment étrange car il n’y a aucune volonté de ma part, si ce n’est juste la volonté de ne pas m’y opposer... L’acte de création peut se manifester de différentes façons. Parfois il me suffit de juste me poser quelque part avec une feuille de papier et un stylo et tout vient dans un flux sans ratures... Pour la peinture aussi parfois juste de la peinture fluide et un pinceau... Parfois, l’impression que je ne suis pas en état de « réceptionner » et dans ce cas, je ne le tente même pas... Mais dès que je me sens en « état réceptif » même si c’est dans un café très bruyant, les choses viennent d’elles-mêmes... dessin, peinture ou écriture…

Et puis ensuite il y a les aléas qui entourent la création... mais qui restent indispensables ... Ne serait-ce que penser à l’achat des toiles, préparer l’espace etc...) Mais pour les projets plus globaux, c’est étrange car on active des régions différentes du cerveau et c’est très agréable de sentir qu’une partie du cerveau activée dans telle circonstance permet à une autre partie du cerveau non sollicitée de se relaxer de façon à devenir plus performante à une autre occasion... Une espèce de gymnastique intérieure...

Catherine Belkhodja

Jubilantes

Du 30/01 au 11/02 Vincent Lampérier nous accueillait à la galerie Cornucopia (21, rue Cujas) pour une exposition des œuvres de Catherine Belkhodja intitulée : « Jubilantes »

On connaît tous quelques facettes des multiples talents de Catherine Belkhodja (pour rappel, architecte diplômée elle est aussi scénariste et autrice, actrice, reporter, réalisatrice, documentariste, plasticienne, productrice). Son travail dans le domaine du cinéma, celui pour lequel elle est la plus connue, ne se cantonne pas à une longue complicité/ collaboration de plus de 30 ans avec Chris Marker, elle a développé ses propres productions artistiques dont certaines ont d’ailleurs été intégrées à l’œuvre de Chris Marker (« Zapping Zone ») mais nous allons ici parler de l’œuvre picturale de Catherine Belkhodja.

Une fois passé la porte de l’espace d’exposition, l’œil est accroché par la diversité des œuvres exposées, le regard ne sait plus où se poser, raison pour laquelle il s’attarde d’abord sur les grands formats acryliques : la Jubilante, bien sûr, qui donne son nom à l’exposition : grand monochrome (201x300cm) qui se déploie généreusement sur un mur mais aussi La Clé des Songes (150x150 cm) et puis des œuvres plus petites, exubérantes, colorées, généreuses comme l’artiste ; des séries qui, à l’instar de celle Les 3 Yeux (gravure, peinture) témoignent d’expérimentations formelles (de décadrage par exemple), certaines œuvres rappellent que Catherine Belkhodja est passée, pendant son parcours de formation long et varié par l’école des icônes orthodoxes russes...

L’huile, l’acrylique, les peintures broyées, le collage, la gravure... appartiennent à sa panoplie mais toutes ces techniques sont à un degré ou un autre l’expression du caractère de l’artiste.

Un nouveau tableau, bien central, attire cependant l’attention, il paraît être l’expression d’un autre talent et pourtant, non. Ce Portrait de Jeanne Moreau, datant de 1974, est bien l’œuvre de Catherine Belkhodja, attestant des mues successives de l’artiste qui, non contente d’exceller dans différentes formes d’art, nous administre ici la preuve qu’au sein même de la peinture elle a su se renouveler, transformer et sa perception et son art.

Si vous ne connaissez que les talents cinématographiques de Catherine Belkhodja, il est grand temps d’explorer les productions de ses autres vies, vous n’êtes pas prêts d’épuiser le sujet : comme les chats qui lui sont chers, elle en a 9, et même si vous connaissez ses autres talents, elle sait se renouveler de manière si radicale que c’est une découverte sans cesse renouvelée.

Anne Marie Poucet

Catherine Belkhodja, quel temps fait-elle ?

Que ce soient des figures de femmes endormies à six pieds sous terre ou bondissant rayonnantes à travers la galaxie, ou des triptyques se recomposant à partir de lettres, ou encore qu’elle nous présente d’étonnants assemblages d’algèbre et de poussière d’étoiles - les peintures de Catherine Belkhodja font co-exister l’énigme avec le sourire, le jeu de mots avec le calcul et l’aléa météorologique, et la solitude ultime des corps qui sont, en dépit de la protection des arbres, livrés à la présence d’une lune pâle – elles nous proposent une œuvre délicate, spirituelle et légèrement ironique.

Mc Questerbert (389 Galerie, Avril 2021)