samedi 29 octobre 2022

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Aldo Caredda #31

Lost in the supermarket #31

, Aldo Caredda et Jean-Louis Poitevin

Aldo au Musée Carnavalet

La déposition de l’empreinte, puisque nous savons que c’est de cela qu’il s’agit dans cette saga infinie de l’exploration des rayons de la grande boutique de l’art, est à la fois plus et moins qu’un prétexte. Elle est le vecteur de l’accomplissement du geste artistique pris en charge en fonction de son devenir : un très-court-métrage avec un scénario connu.
Pourtant, à chaque fois, une strate des rayons de ce supermarket est explorée de manière renouvelée, complète et insidieuse.
Aujourd’hui, c’est la tentation irrépressible de l’évasion qui est en jeu. Le blanc et noir, l’escalier, le bord du cadre du tableau à gauche, tout tend à faire de l’image-cadre dans laquelle la déposition va être accomplie, un tableau.
Alors, oui, il y a mouvement de l’ombre noire qui s’avance et monte l’escalier, s’agenouille et repart à l’assaut de sa propre disparition. Si le mouvement importe, c’est qu’il désigne, tel une esquisse sublime, l’enjeu de ce qui advient : entrer dans le cadre, intégrer le tableau et y disparaître.
Rien d’autre ?
C’est que l’art n’est rien d’autre que cela : la mise en scène d’une espérance, celle que l’œuvre, absorbant le désir de l’artiste, lui permette, enfin, de s’y perdre, corps et âme.
Depuis longtemps, des peintres-poètes chinois disent que cela s’est déjà produit, comme aujourd’hui, sous nos yeux.