LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue, n°66


Éditorial

« Pour rentrer dans la question principale et essentielle, qui est de savoir si nous possédons une beauté particulière, inhérente à des passions nouvelles, je remarque que la plupart des artistes qui ont abordé les sujets modernes se sont contentés des sujets publics et officiels, de nos victoires et de notre héroïsme politique. Encore le font-ils en rechignant, et parce qu’ils sont commandés par le gouvernement qui les paye. » Baudelaire, Salon de 1846.

Avec ce numéro 66 TK-21 LaRevue fête son 1000e article ! Sautez bouchons ! « Et ensuite on fit apporter de nouvelles bouteilles, pour tuer le temps qui a la vie si dure, et accélérer la Vie qui coule si lentement. »
Comment ne pas mieux commencer l’année !

En effet, Alexander Kluge, l’immense cinéaste et écrivain trop méconnu en France, qui a publié l’an passé chez P.O.L Chronique des sentiments, nous avait accordé de manière généreusement spontanée un entretien passionnant — et terriblement actuel puisqu’il y est question de la manière de s’orienter dans la pensée — dont nous publions aujourd’hui la première partie.

C’est avec celui qui est sans doute le plus grand « jardinier » de France que se poursuit ce numéro. En effet, Louis Benech nous accordé un entretien, dont nous publions la première partie, dans lequel il raconte comment il vit et pratique la poétique créatrice qui est la sienne.
Les deux entretiens ont été réalisés par Hervé Bernard et Jean-Louis Poitevin.

Ce numéro est ainsi axé sur des questions essentielles que prolongent et déploient d’autres articles.

Jean-Louis Poitevin poursuit avec sa Logiconochronie XV sa réflexion à la fois sur l’œuvre de Guy Debord et sur les enjeux restés à ce jour trop peu précisés au sujet de ce phénomène qui traverse, hante et engloutit le XXe siècle, celui de la « désontologisation » qui s’amplifie à mesure que se crispe le refus de voir dans la question de l’être la dimension fantomale qui la hante.

Il revient sur ce sujet dans un texte intitulé Infini dispersé, relatif aux images d’un jeune photographe, Enrico Di Nardo. Ces images accentuent de manière radicale la dimension fantomale du visible et nous font percevoir combien il nous faut croire pour voir.

C’est cette question qu’il poursuit dans un texte théorique, Image et désontologisation, qui accompagne la présentation des œuvres de trois photographes, Jean-Guy Lathuilière, Olivier Perrot et Martial Verdier, qui seront exposées à partir du 14 février à la Galerie Mamia Bretesché.

Games People Play is a group exhibition curated by Katia Krupennikova. The exhibition focuses on how language games reflect different aspects of human society. Underlying this theme is how humans play with signs in every aspect of our society. Imagine a dog… pour découvrir la suite il faut se plonger dans le comme toujours remarquable texte que notre correspondant à New York, l’artiste et critique Jaewook Lee, nous a envoyé comme il le fait chaque mois.

TK-21 LaRevue
accueille les œuvres d’un nouvel artiste vidéaste appelé à revenir régulièrement, Frédéric Atlan. Ses images proposent une lecture singulière des comportements urbains. « En ville, le débusquage joue un jeu plus complexe : là aussi il fait émerger la présence forte, animale et massive, tragique parfois, des corps déambulant dans la ville. »

En une succession de regards croisés, Virginie Rochetti présente Andrea Weber qui nous invite à une balade poétique, sous la lumière si spéciale de l’Islande. Mettant en relation le fond photographique du village de Skagaströnd (400 habitants) avec les travaux des artistes venus séjourner à la NES Artist Residency, elle met à jour, avec une douceur et une finesse fracassante, la rencontre étonnante de la vie artistique actuelle et mondiale, avec le monde rural de ce village perdu à 40 kilomètres du cercle polaire.

Nous partons ensuite à nouveau vers la Corée à la découverte des œuvres de Hong Sungduck « who is an unique artist in many aspects. » Spécialiste de tirages de très haute qualité, sur des papiers qu’il prépare spécialement. Il déploie un travail multiforme qui prouve à sa manière combien le trait et donc le geste est inhérent à la fabrique des images, fussent-elles absolument techniques.

Jean-Louis Poitevin revient sur l’exposition de groupe organisée par TK-21 LaRevue à la galerie Mamia Bretesché en janvier et qui, outre de proposer un choix ouvert d’œuvres et d’artistes, a constitué un moment joyeux de mise en perspective de questions relatives au paysage et aux images qui sont parmi celles qui nous importent le plus depuis longtemps.

TK-21 LaRevue,
comme l’a montré avec rigueur le numéro 65 publié en Décembre, s’est lancée dans de nombreuses activités nouvelles en vue de s’inscrire aussi dans le paysage des acteurs culturels en France comme à l’étranger.


TK-21 LaRevue,
est donc aussi un éditeur qui a publié un livre de l’artiste Nicole Sottiaux dont nous donnons à lire un extrait et à voir quelques œuvres. Le texte est de Jean-louis Poitevin.

Fidèle à la revue, Laetitia Bischoff est là avec ce mois-ci une sorte d’éloge de la fuite à sa manière. Elle nous fait ainsi découvrir des œuvres et nous renvoie à des auteurs singuliers dont Arto Paasilinna qui souligne combien sa dynamique a pris appui sur son expérience personnelle : « J’ai connu quatre états différents dans ma jeunesse. La fuite est devenue une constante dans mes récits, mais il y a quelque chose de positif dans la fuite, si avant il y a eu combat ».

Hervé Bernard nous propose aujourd’hui un texte d’une conférence portant sur une œuvre de Markus Raetz analysée à partir d’une méditation sur une approche calviniste de l’image en se référant à un texte de Jean-Jacques Rousseau.

Le Numéro 66 se clôt sur la suite du long texte en cours d’Alain Coelho, Voyage à Leipzig, qui cette fois nous conduit à Dresde mais aussi par un de ces raccourcis que seul l’art rend possible sur les rives du Nil à une époque déjà lointaine mais peuplée d’ombres sibyllines qui naviguaient sur un bateau à aubes nommé Time Machine.

Photo de couverture : Enrico Di Nardo
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