Dans ce numéro 56, TK-21 LaRevue poursuit son défrichage des pratiques liées à l’image qui ne sont pas comme on le sait limitées à la photographie mais incluent, comme on le verra ici, des pratiques liées au dessin, par exemple, ou encore au cinéma et évidemment à l’écriture.
Pour la Logiconochronie VII, Jean-Louis Poitevin a choisi de publier Le sourire du hérisson, une conférence faite en 1997 à Jena dans la maison des frères Schlegel et qui évoque non seulement le fragment théorisé par les romantiques allemands mais des œuvres ou des pratiques artistiques du XXe siècle pouvant se rattacher à l’usage décapant de l’ironie. Déjà se déchirait le voile de pudeur dont nous recouvrons notre si mal nommée conscience, comme chaque jour nous en apporte la preuve.
Avec L’aube de fleurs, TK-21 LaRevue poursuit son investigation du monde des jardins en publiant la première partie d’un entretien vidéo avec Mark Brown et un texte précisant le sens de sa démarche. Son projet est de reconstituer le jardin d’avant l’histoire, une sorte de « jurassic park » des plantes qui existaient avant que n’existent les fleurs. Ici, pour nous, se déploient les liens entre technologies génétiques de pointe et monde enchanteur du jardin, cette image miniature de nos rêves les plus fous.
Jean-Denis Bonan revient pour la deuxième partie de l’entretien vidéo monté par Hervé Bernard qu’il nous a accordé, dans laquelle il parle de ses films et des liens discrets qui les unissent à sa vie et à l’époque qui les a vu naître. Jean-Louis Poitevin prolonge d’un court texte les questions essentielles qui sont évoquées, le statut de l’image dans le monde de la marchandise et de l’allégorie, au cœur du nœud signifiant qui relie images et mots.
Des images d’Hervé Bernard viennent nous donner à revivre le moment unique de la destruction de la totalité de ses œuvres sculptées par Gérard Gartner, un événement évoqué ici à plusieurs reprises et qui trouva le 16 Janvier à Douarnenez sa conclusion festive, joyeuse, vitale, vivante.
François Daireaux entame avec TK-21 LaRevue un travail de décryptage de son œuvre actuelle, des photographies et des films qui trouvent aussi à se montrer à travers des installations et des sculptures. Il présente un extrait de Suite, un work in progress de deux heures dans lequel il montre des gestes du travail tel qu’il reste pratiqué dans les rues des pays encore hantés par le monde d’hier. Jean-Louis Poitevin prolonge ce questionnement sur notre situation matérielle et mentale qui rejoint des préoccupations esthétiques fortes dans lesquelles images et forme, film et sculpture se rejoignent effectivement.
TK-21 LaRevue accueille aussi de nouveaux artistes, jeunes ou non, connus ou pas, et de nouveaux auteurs dont la réflexion accompagne leurs œuvres de manière constructive et forte.
TK-21 LaRevue présente un premier texte sur le travail d’un grand artiste allemand méconnu en France, Joachim Bandau. Il est de Katja Blomberg et a été traduit en français par Daniela Goeller. Les œuvres récentes de Joachim Bandau, des aquarelles noires fruit d’un travail d’une rare puissance, sont visibles à la galerie Maubert, rue Saint-Gilles à Paris. Ces œuvres à l’encre sur papier, qu’accompagnent aussi quelques sculptures, sont le prolongement d’un questionnement inlassable sur les formes matérielles issues de la modernité guerrière qui transforma l’Europe en un champ de ruines il y a finalement à peine plus d’un demi-siècle et dont nous rendrons compte ultérieurement.
TK-21 LaRevue ne pouvait pas manquer de présenter le travail d’une jeune artiste, Farah Khelil, et d’une jeune critique d’art et commissaire d’exposition, Sonia Recasens, qui déploient et prolongent en effet dans le champ de la création comme dans celui de l’écriture des réflexions essentielles autour de l’œuvre de Gilbert Simondon. Visible à la galerie Mamia Bretesché, 77, rue Notre-Dame de Nazareth, ce travail nous fait comprendre comment il est possible de créer dans la lignée d’une pensée sans que ce travail soit ni allégorique ni illustratif. Bienvenue donc dans le monde de la transduction.
Nicolas Momein expose à la Galerie White Project, 24, rue Saint-Claude, des œuvres centrées autour du bulgomme. « Vous souvenez-vous de ce que c’est que le Bulgomme ? C’est une sorte de molleton alvéolé, d’un côté plat, de l’autre doux, qui se cachait invariablement sous la nappe de votre grand-mère et que vous découvriez lorsque vous étiez curieux, ou que vous vous ennuyiez, pendant le repas de dimanche, en remontant les pans de la nappe bien repassée comme on regarde sous une jupe. » Ainsi commence le texte que Camille Azaïs, critique d’art et commissaire d’exposition, consacre à cette exposition. On comprendra aussi en la lisant que ce travail est tout autant politique que porté par une forte dose d’humour. Nous n’oublierons pas aussi que notre appareil perceptif n’est jamais indifférent aux matériaux et aux matières, sources de sensations qui sont la base de nos pensées.
Exposée pour la première fois, la série Marfa de François Delebecque a été réalisée en février 2013. Elle est visible à la Galerie Sit Down, rue Saint-Anasthase (vernissage le 12 avril). Ces clichés minimalistes en noir et blanc décrivent une réalité architecturale rigoureuse où les paysages désertés dégagent toute leur poésie. Il nous donne à voir à travers ces photos silencieuses une incroyable ville musée à ciel ouvert. Un texte de Natacha Wolinski décrypte avec une précision d’entomologiste le mystère de cette ville et de ces images.
Antoine Tricot revient dans TK-21 LaRevue en nous présentant cette fois quelques images glanées lors d’un voyage en Chine. Rien d’attendu dans ces images, au contraire, une méditation efficace sur les gestes, les corps, les gens qui hantent la ville en dansant. Ses propres notes liées à des réflexions de Jean-Louis Poitevin permettent de faire aussi remonter à la surface le grand livre de Lao She, Gens de pékin, où s’origine en partie ce travail.
Julie Chovin, elle, revient nous présenter ses American Lanscape, un voyage photographique et fictionnel accompagné d’un poème dont elle est l’auteur. Nous tombons tous dans le piège qui nous fait voir ce qui n’est pas, en regardant pourtant ce qui est devant nos yeux.
Avec Ateliers partagés, Lætitia Bischoff nous offre une méditation warburgienne dans laquelle elle confronte œuvres actuelles et œuvres du passé, une manière de défier fébrilement les lois du monde dans un espace autre que la vie.
Jae Wook Lee nous parle du travail d’Isla Hansen, un Solo Show, Play Dead, à la Three Four Three Four gallery à Brooklyn. Il nous conduit au cœur des pratiques les plus actuelles dont il décrypte comme chaque mois pour TK-21 LaRevue les déploiement paradoxaux. « Contemporary art understands life as being ever changing, like a flow of a river. Artists form a reciprocal relationship with the world. Their works often become part of developing currents of thought which are still taking form. From ongoing movements like those dubbed “net.art” and “new-media art” in the 1990s, to the more recent “post-internet art,” the continuing development of digital technology, and its affect on life, has altered the modes of production of art. »
Alain Nahum nous présente ses images les plus récentes grâce à la plume d’Hervé Bernard, un travail qui nous révèle les interrelations qui se créent en nous, c’est-à-dire que nous créons en nous, entre ce qui est visible par l’œil et ce qui est pensable par le cerveau. Entre les deux, le mécanisme si complexe de la projection, de l’attribution ou de l’inférence vient s’interposer et, en effet, des sacs en plastique gonflés par le vent peuvent devenir des formes humanoïdes et faire se lever en nous des émotions inattendues.
Joël Roussiez signe deux très courts textes qui nous entraînent au-delà des limites du pensable, au cœur de nos sensations les plus singulières. « Le pilote se posa enfin sur un tas de décombres et les pales cessant, j’entendis quelques paroles dans le brouillard des sensations : venez ici… Croyez-vous qu’il vit encore ?... Des voiles et des rideaux flottent dans ma mémoire comme le silence d’un bois à l’approche de la pluie… ».
De nombreux problèmes sont signalés par des utilisateurs de Safari. Nous ne sommes pas encore parvenus à en identifier les causes. Nous vous conseillons de lire TK-21 sur Firefox ou Opéra par exemple.