LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue, n° 35


Éditorial

Il devient de plus en plus manifeste que la photographie n’enregistre pas tant une bien translucide réalité qu’elle n’en révèle la dimension fantomatique. Nous ne voyons que des ombres, des fantômes, des spectres et c’est sans doute pour nous rassurer que nous essayons de nous convaincre que nous voyons dans ces images, des choses, des paysages, des hommes.
Nous nous tenons sur le seuil d’une révélation, non celle d’un sens ou d’une énigme, mais celle d’un drame. La réalité, ce dieu tutélaire tant invoqué par tous, n’est que la fragile étoffe dont sont tissés nos rêves, nos attentes, nos vies. Les images constituent une part presque partageable de cette vérité finalement inacceptable.

   

Le numéro 35 de TK-21 LaRevue poursuit son travail de défrichage en vue de donner à voir et à lire des œuvres actuelles mais aussi des œuvres oubliées.

Après avoir présenté dans le n° 32 quelques-unes de ses photographies, nous entamons la présentation des films de Jean-Francis Fernandès avec le premier d’entre eux, « Et après », un film connu des aficionados qui fut primé mais qui est tombé dans l’oubli. Ce film est une parabole sur ce qu’était être jeune dans certains milieux difficiles, dans les années soixante.

Anja Braun et Wendelin nous proposent un travail qui est à la fois publication, récit de voyage et action dans l’espace public. Des images de Géorgie réunies dans un journal sont offertes à Paris à des passants, à qui l’on demande de réagir par mail, pour dire ce qu’ils en pensent : une manière de nous rappeler que les images sont sans doute le meilleur embrayeur d’échange verbal, amical et social, dont nous disposons finalement.

Parmi les nouveaux venus et pour saluer son exposition à la Galerie Mamia Bretesché nous accueillons les énigmatiques vidéos de Thomas Zoritchak.

Ayant exposé ses peintures dans la même galerie le mois dernier, TK-21 LaRevue présente un ensemble de photographies, des superpositions d’images de Paris et d’Alicante, réalisées par l’artiste d’origine espagnole Luis Moragon. Elles sont accompagnées d’un texte de Jean-Louis Poitevin.

TK-21 LaRevue montre pour la première fois des photographies de Marion Kalter, une série d’autoportraits accompagnés d’un court texte écrit pour elle par Danièle Salenave.

Nouvelle venue, Julie Ramage présente une méditation au collodion loin des clichés habituels sur la disparition du monde paysan.

Avec le texte de Pascale Krief, curatrice de l’exposition Légère inquiétude qui se tient actuellement à la galerie White Project, TK-21 LaRevue souhaite saluer de jeunes artistes qui questionnent non sans humour et parfois violemment, les inévitables frottements qui existent entre art et société.

Profitant de la sortie de son livre « milie », Jean-Louis Poitevin s’est à nouveau intéressé au travail de la jeune photographe belge Mélanie Peduzzi et à sa manière radicale de tenir ensemble photographie et biographie, en échappant au piège du narcissisme.

Pol Lujan revient dans TK-21 LaRevue avec un ensemble d’images qu’il a montrées à l’atelier Oblik à Clichy, une promenade des plus inattendues dans un Paris fantomatique, mais vrai.

Louise Frydman, dont nous avons montré de remarquables images de Paris vu des toits, nous livre, cette fois, des images, écailles d’un impossible souvenir, faites dans un appartement vide, juste après que ceux qui l’habitèrent pendant des décennies l’ont quitté.

Hervé Bernard a su capter dans une courte vidéo, l’événement-exposition-performance de Corinne Fima à la galerie White Project, images que Céline Berchiche accompagne d’un texte sensible et drôle.

Nous poursuivons la présentation du travail de Gaétan Viaris et de son imaginaire statuaire avec un texte de Claire Gheerardyn.

Philippe Verrièles poursuit sa présentation originale de spectacles de danse. Il nous fait découvrir « Jeudi », une œuvre radicale de la chorégraphe Kataline Patkaï vue à travers l’œil implacable du photographe Laurent Philippe.

Yannick Vigouroux nous propose un travail photographique et textuel qui nous conduit du littoral argentique au littoral numérique normand, à travers vingt ans d’exploration du paradigme de la cabine de plage et du vernaculaire balnéaire.

Suzanne Crispino poursuit sa présentation d’artistes italiens avec ce mois-ci l’œuvre de Vito Pace.

Nous clôturons ce numéro 35 par la publication de la troisième partie du texte d’Alain Fleig, intitulée, Vers la fin d’une spécificité « Stratégie et tactiques de l’image »