LaRevue - Arts, cultures et sociétés


LaRevue, n° 34


Éditorial

La lutte est ouverte. Les protagonistes sont les mots et les images. L’enjeu n’est autre que la prise de contrôle des cerveaux par les appareils inventés par ces mêmes cerveaux pour satisfaire leurs doubles besoins essentiels, voir et savoir, comprendre et désirer, dire et montrer…

Ce que construisent les hommes s’effondre. La terre qui les accueille, patrie considérable, s’éloigne dans un infini qui n’est plus accessible que par la voie du cœur. Reste à savoir qui des images ou des mots, ou plutôt quels agencements inédits entre eux, seront susceptibles de faire tanguer ce cœur d’une manière qui ne soit pas mortellement insignifiante mais durablement dansante ?
 
 
 

Avec ce numéro 34, TK-21 LaRevue, renforce sa nouvelle rubrique, Voir & Écrire, consacrée à la présentation de livres de photographes, de livres sur la photographie, d’analyses d’images, d’expositions ou de spectacles dans leurs relations aux images.

Stéphane Le Mercier signe une chronique sur deux expositions qui se tiennent actuellement à Bâle, l’une consacrée à Marcel Broodthaers et l’autre au jeune artiste chinois Paul Chan. Plus encore qu’une recension d’exposition, ce texte est une clarification des enjeux pour la pensée dans la lutte qui se joue entre mots et image et sur la manière dont rarement mais alors efficacement, ce combat s’articule.

Jean-Louis Poitevin rend compte d’un livre de Dominique Mérigard, paru aux éditions Filigranes, Prémisses. Arpenteur du drame interne et intime de l’image, après un travail poussé sur les rescapés des Khmers rouges, il nous offre une méditation à partir de quinze ans de photographies de sa fille. Par ces images nous accédons aux limites du tremblement de l’intime.

Jean-Louis Poitevin poursuit sa méditation sur le paysage en tentant une lecture de On board, livre posthume du regretté Jérôme Brézillon, publié par les éditions Textuel. Appréhender les USA à partir de la fenêtre des trains, c’est accéder à une vision triple, celle de l’appareil, celle de la vitre du train, celle enfin de ce regard errant qui tente moins de faire des arrêts sur image que de plonger dans la mémoire involontaire de l’homme, celle qu’il porte en lui et dont la lointaine ligne d’horizon est la forme fluctuante mais tenace et le nom.

Nouveau venu, Philippe Verrièle, critique de danse, tente une articulation entre un spectacle de Catherine Diverrès, Penthésilées, et sa traduction par le photographe Laurent Pailier. L’enjeu ici est de tenter de mettre en avant la relation tendue entre corps et image.

Michel Melot, conservateur des bibliothèques et historien de l’art intervient sur des images de Gaetan Viaris. Le monde immobile des sculptures se trouve transformé en un monde bruissant de forces élastiques qui distendent et resserrent en tous sens une chair qu’il est impossible de figer.

Hervé Rabot nous invite une nouvelle fois à l’une de ses PETITES Tables. (Nappe)3 propose comme à l’accoutumée un texte inspiré et une image réalisée par l’auteur, pour un voyage dans les arcanes du corps, peau, poils et confiture mêlés.

Susanna Crispino, critique d’art et commissaire italienne, poursuit sa chronique Las italias en nous présentant le travail de Nello Teodori, architecte et peintre né en 1952. Son œuvre est, entre autres choses, une tentative de suivre le voyage de l’œuvre d’art de sa conception à son ingestion par la conscience du spectateur

Jean-Louis Poitevin visite une nouvelle fois des photographies de Karine Maussière. Elle a, en particulier autour de Sarajevo, porté son regard acéré sur de jeunes ruines. Elle en agence les images dans des diptyques ou des triptyques qui offrent sur notre rapport au visible un regard balancé de tangage.

TK-21 LaRevue poursuit son approche du travail de Antal Csaba, unique scénographe européen à réaliser pour le théâtre et l’opéra des animations en images 3D. Nous découvrons ici des images de son travail pour Livre des sables, opéra de Christian Lauba sur un livret de Daniel Mesguich dont la première a eu lieu au grand théâtre de Bordeaux, le mois passé.

Avec Vice versa-V, nous abordons le cinquième et dernier épisode de cette correspondance faite d’échanges épistolaires et photographiques entre Yannick Vigouroux et Sandra Fastré.

TK-21 LaRevue clôt son numéro 34 par la publication de la deuxième partie du long texte d’Alain Fleig Vers la fin d’une spécificité, intitulée Polémologie Iconique.